MONTRÉAL – Année après année, l’histoire de Maurice Simba devient de plus en plus fascinante et sa journée d’évaluation devant cinq recruteurs de la NFL est venue confirmer le tout.

 

Arrivé au Québec en 2012, Simba ne connaissait absolument rien au football américain et il rêvait du basketball pour devenir le prochain Dikembe Mutombo. Mais, comme il le dit lui-même, il était aussi en forme « qu’une poche de patates ».

 

L’athlète originaire de la République démocratique du Congo a parcouru bien du chemin quant à ses connaissances du football et son évolution physique progresse dans la bonne direction.

 

Son immense attrait relié à son profil de 6 pi 7 po et 343 livres a convaincu cinq équipes de la NFL (les 49ers, les Bears, les Packers, les Jets et les Browns) de se déplacer pour cette audition importante pour la suite de sa carrière.

 

Considérant que son expérience au football est minime et qu’il y a bien encore du raffinement à effectuer au niveau de sa charpente, personne ne s’attendait à ce que Simba « casse la baraque » comme Laurent Duvernay-Tardif était parvenu à faire au printemps 2014.

 

Tout de même, Simba devait envoyer un message prometteur aux dirigeants des organisations sportives et il croit avoir été en mesure d'y parvenir.

 

« Personnellement, je pense que c’était très satisfaisant. J’ai donné mon 100% et pour moi, c’est le plus important. Je peux dire que j’ai donné tout ce que j’avais. J’espère que les dépisteurs vont le remarquer et j’ai hâte de voir ce qui va se passer au prochain niveau », a-t-il lancé alors qu’il reprenait encore son souffle.

 

« C’est sûr que j’aurais aimé courir un 4.4 (au test du 40 verges), mais ce n’est pas réaliste quand tu pèses 343 livres », a ajouté Simba en riant.

 

Maurice SimbaPour le portrait général de ses résultats, c’est surtout pour l’épreuve du bench press que Simba s’est démarqué avec 25 répétitions. Il aurait fait belle figure contre bien des joueurs de ligne offensive présents à la dernière édition du Combine de la NFL.

 

Outre cette marque, son meilleur chrono sur 40 verges a été de 5,99 secondes. Il a complété l’exercice des trois cônes en 9,32 secondes et 5,76 pour les déplacements latéraux. Son saut vertical a été de 19 pouces et son saut en longueur sans élan a mesuré six pieds et onze pouces.

 

Ces résultats démontrent surtout une chose aux yeux des recruteurs selon ce qu’a raconté Sasha Ghavami, l’agent de Simba.

 

« Je pense que c’était une bonne journée dans l’ensemble. Maurice a commencé fort avec les tests de puissance, il s’est vraiment amélioré pour ça et il a excellé. Les tests de mobilité, c’est un travail continuel. On doit améliorer la flexibilité et la souplesse au niveau du bas de son corps. Ça va l’aider beaucoup à mieux bouger. C’est un gros bonhomme et ça ne fait pas longtemps qu’il joue au football. Il a appris vraiment sur le tas. C’est un work in progress continuel et on voit du progrès », a expliqué Ghavami.

 

Les commentaires constructifs ou négatifs des recruteurs n’allaient surtout pas ébranler Simba et sa personnalité attachante.

 

« Je pense que j’ai encore beaucoup de choses à améliorer. C’est ma philosophie, je ne veux pas que les recruteurs me disent à quel point je suis bon, je veux qu’ils me disent ce que je dois améliorer. J’aime beaucoup recevoir des critiques. Un dépisteur m’a dit tantôt après un exercice de plier davantage mes genoux. Je l’ai fait pour l’exercice suivant et il m’a félicité. J’aime tout le temps prendre plus de critiques négatives, ça me sert de motivation », a soutenu Simba qui a été félicité par plusieurs amis, entraîneurs et anciens entraîneurs après son évaluation.

 

À la lumière de cette journée, Simba et son entourage auront une meilleure idée de l’effet de ces tests. La question demeure toujours de déterminer s’ils ont permis d’augmenter la valeur du joueur.  

 

Maurice Simba« J’espère que oui, mais on n’est pas dans la tête des recruteurs », a réagi le colosse.

 

« Il y avait encore plusieurs questions à son sujet. Après cette journée, on aura un portrait plus clair. Il a bien paru au NFLPA Collegiate Bowl (en Californie) où les équipes ont la chance de le voir en personne », a ajouté Ghavami, qui lui concède bien des pouces et bien des livres, à propos de l'intérêt des équipes. 

 

Une journée spéciale pour ses entraîneurs

 

Parmi ses entraîneurs qui sont venus l’encourager, il y avait notamment celui qui lui a donné sa toute première chance, Paul-Eddy Saint-Vilien, avec les Nomades du CÉGEP Montmorency.  

 

« Il a toujours eu les aptitudes, il ne le savait juste pas. Avec son physique de 6 pieds 8 pouces, ce qui est impressionnant, c’est comment il est capable de se pencher et de bouger. Je le regardais faire ses tests et j’avais envie de crier ‘Reste plus bas, j’avais envie de le coacher’. Il n’a pas de malice de joueur, chaque chose est une nouvelle expérience pour lui, chaque répétition lui permet de s’améliorer. Il a toujours eu les pieds, les hanches et les mains pour pouvoir jouer à ce niveau. Il ne savait juste pas comment utiliser son corps. Avec le temps, il a travaillé là-dessus et voici ce qui lui arrive maintenant », a confié Saint-Vilien qui œuvre maintenant comme coordonnateur défensif des Ravens de l’Université Carleton.

 

Depuis l’an dernier, Brad Collinson a pris les rênes des Stingers et il ne peut que penser à la capacité de croissance de Simba.  

 

« Il est encore vraiment loin de son potentiel, c’est pour ça aussi qu’il y a tout cet intérêt envers lui », a convenu Collinson. Outre sa taille, d’autres éléments ont attiré les recruteurs à ce premier Pro Day d’un joueur des Stingers.

 

« Un recruteur me disait que la longueur de ses bras se classe dans l’élite. Sa grandeur, ça ne pousse pas dans les arbres. Sa semaine au NFLPA Bowl a également aidé son cas, il était capitaine et l’un des partants, ça démontre du leadership », a conclu Collinson.