Alors que l'on plaide depuis le début de la saison que les Browns de Cleveland forment une équipe qui doit s'appuyer sur son attaque au sol afin de connaître du succès, Baker Mayfield nous prouve par ses performances des dernières semaines qu'il y a plus d'une façon pour les Browns d'arriver à leurs fins offensivement.

Depuis un mois, force est de constater que Mayfield a pris le contrôle de cette attaque de façon aussi impressionnante que surprenante. J'ai eu le plaisir d'être à la description de la rencontre de dimanche soir entre les Browns et les Giants de New York, et nous avions aussi présenté le duel absolument enlevant entre Cleveland et les Ravens de Baltimore la semaine précédente. Une chose ressort : Mayfield est entré dans une zone de confort assez exceptionnelle. On parlait de lui comme d'un complément au travail de Nick Chubb et Kareem Hunt. Il faudra peut-être revoir notre qualificatif à son endroit!

Il est vrai que la protection qui lui est offerte est excellente, et ça l'aide énormément. C'est d'ailleurs le cas pour n'importe quel quart de la NFL. Lorsqu'il est bien protégé, il pourra mieux exprimer son talent. Dans le cas de Mayfield, c'est encore plus évident par contre. Lorsqu'on le met sous pression, c'est autrement plus difficile. Depuis quelques semaines, on sélectionne chez les Browns des jeux qui lui permettent de se déplacer dans la pochette et de se sauver des chasseurs de quarts pour compléter des passes en mouvement. 

La dernière fois que les Browns ont cumulé 10 victoires dans une saison, c'était en 2007, et malgré cela, ils n'avaient pas accédé au calendrier d'après-saison dans une AFC Nord extrêmement puissante. Il faut donc remonter à 2002 pour recenser leur dernière participation aux éliminatoires. Avec deux matchs à jouer. Disons que leurs fans ont patienté assez longtemps!

On sait l'équipe de Kevin Stefanski capable de dominer avec la course et solide défensivement, mais lorsque l'on ajoute la dynamique d'un Baker Mayfield en pleine possession de ses moyens, ça devient un club autrement plus dangereux pouvant rivaliser avec les meilleures formations de la NFL.

Jets : les joueurs soulagés, des fans déchirés

Au rayon des surprises revenues en 2020 dans le circuit Goodell, celle des Jets de New York qui l'emportent au domicile des Rams de Los Angeles sera difficile à battre. D'accord, les Rams ont connu une année en montagnes russes jusqu'à maintenant, mais on parle quand même d'un groupe qui a complètement dominé les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, en plus de vaincre les Buccaneers de Tampa Bay et les Seahawks de Seattle plus tôt dans la saison. C'est une défaite gênante pour Los Angeles contre un club aussi faible.

Je préfère toutefois me concentrer sur ce que ça signifie pour les Jets, qui ont dû savourer cette première victoire de 2020. Pour les joueurs, ça fait réellement du bien. Tu ne veux pas être associé à ce fameux groupe non enviable des clubs ayant affiché un dossier de 0-16. Il y a en seulement cinq dans la NFL depuis 1945; il faut être vraiment mauvais pour ne gagner aucun match dans une saison. Heureusement pour eux, ils se sont débarrassés à leur 14e match de cette étiquette de laquelle ils se rapprochaient de plus en plus.

Maintenant, le discours n'est pas exactement le même chez les partisans de l'équipe new-yorkaise, et il serait difficile de les blâmer. Est-ce que c'était la meilleure chose qui pouvait arriver de gagner ce match? Les joueurs pensent à gagner et vont tout faire pour y arriver. Mais les fans ont enduré tellement d'insuccès ces dernières années qu'ils auraient pris volontiers une défaite supplémentaire ou deux afin de s'assurer de mettre la main sur un des plus beaux espoirs à la position de quart-arrière depuis deux décennies, soit Trevor Lawrence. La question se pose, sachant que Lawrence peut transformer le visage d'une organisation : est-ce une victoire à saveur de défaite?

Pour l'instant, les Jaguars de Jacksonville se retrouvent à posséder le 1er choix au total et la chance de réclamer Lawrence. Un des débats qui feront rage est de savoir laquelle des deux organisations est dans les meilleures dispositions pour accueillir le prodige. Ma réponse honnête est qu'il n'y a pas d'option qui soit meilleure que l'autre. On parle de deux formations qui sont dysfonctionnelles et dont l'état-major accumulent les mauvaises décisions. On a engagé les mauvaises personnes et on en paie le prix présentement. De part et d'autre, le grand ménage s'en vient - c'est déjà commencé chez les Jags.

Souhaitons à Lawrence que l'organisation qui aura le privilège de le repêcher saura embaucher des ressources compétentes pour établir une structure qui lui permettra de se développer à la mesure de son immense potentiel.

Délicate décision en vue pour les Eagles

Carson Wentz aurait mentionné au cours de la dernière fin de semaine qu'il n'a aucun intérêt à être quart réserviste pour les Eagles de Philadelphie. Il n'a pris personne par surprise. Après tout, quand tu as connu un début de carrière aussi remarquable, qu'on t'a déjà considéré comme un candidat au titre de MVP du circuit, que tu as paraphé une entente aussi lucrative que celle qu'on lui a consentie, et que tu te fais remplacer pour ton jeu médiocre, la pilule est sûrement très difficile à avaler.

La réalité, toutefois, est que Jalen Hurts joue beaucoup mieux que son coéquipier. Doug Pederson a peut-être réussi à ajuster son livre de jeux aux forces de Hurts de manière à ce que l'attaque se donne plus de rythme qu'à n'importe quel moment cette saison avec Wentz. Pour l'instant, il n'y a pas de casse-tête; Hurts donne une meilleure chance aux Eagles de gagner. Mais dans l'entre-saison, ce sera tout un dilemme du côté de Philly, surtout si le jeune quart connaît deux autres bons départs pour terminer le calendrier.

ContentId(3.1379192):NFL : les Chiefs demeurent l'équipe à battre après leur victoire face aux Saints
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Wentz est sans contredit un quart brisé à ce point-ci. Mais il demeure un quart qui en a suffisamment montré dans sa carrière pour qu'une autre formation de la NFL puisse se montrer intéressée à prendre une chance. C'est bien sûr très risqué, mais la récompense potentielle est alléchante. Je regarde les Colts d'Indianapolis et je me dis qu'ils pourraient être une équipe candidate à faire l'ajout de Wentz avant la saison 2021. Après tout, Philip Rivers n'est sous contrat que pour une saison. C'est aussi Frank Reich qui est aux commandes à Indy, celui-là même qui était le coordonnateur à l'attaque des Eagles lorsque Wentz a fait son entrée remarquée dans la ligue. Les Colts peuvent faire partie de la discussion.

Mon petit doigt me dit que les Eagles vont se montrer très réticents à tasser Jalen Hurts de l'équation après ce qu'il a montré comme habiletés à ses deux premiers départs derrière le centre. S'il démontre qu'il peut le faire avec constance, il sera le quart des Eagles pour les années à venir. Quant à Wentz, il y a une importante gymnastique financière en vue. S'ils le retranchent après la saison 2020, ils conserveront une somme astronomique avoisant les 60 M$ sur la masse salariale. Ça ne semble pas une option envisageable; il leur faut une équipe prête à prendre le risque, quitte à accepter de prendre une partie de son monstrueux contrat.

Les Bills champions dans l'AFC Est

Ce n'est pas un titre qui arrive de nulle part, car on le voyait venir par la qualité de leurs performances, mais c'est maintenant chose faite depuis samedi : les Bills sont champions de division pour la première fois depuis 1995. 

Le point d'interrogation majeur avant le début de la saison était de savoir si le niveau de jeu de Josh Allen allait permettre aux Bills de monter au classement.
Eh bien on peut dire qu'il a surpassé toutes les attentes fondées envers lui. L'équipe tourne autour de lui. Contre les Broncos de Denver, le jeu au sol a été efficace avec 182 verges au total. Mais on se dit que les Bills pourraient gagner uniquement en passant le ballon tant Allen est bon, surtout depuis qu'il a fait fi d'un petit passage à vide en milieu de saison. On voit un quart en pleine confiance, qui maîtrise le livre de jeux à perfection, et qui réussit des passes d'un niveau de difficulté digne des plus grands de la ligue. À mon avis, Allen s'est invité parmi les cinq meilleurs quarts de la NFL.

Avec une attaque terrestre qui le supporte bien et une unité défensive qui a pris son élan dans le dernier mois, tous les éléments sont en place pour que les Bills représentent la plus grande menace pour les Chiefs de Kansas City le mois prochain dans l'association Américaine.

Bref, le changement de garde s'est vraiment confirmé dans l'AFC Est. Les Bills sont premiers, les Dolphins de Miami sont deuxièmes, tandis que les Patriots termineront au mieux avec une fiche de 8-8. C'est plaisant de voir une nouvelle équipe de lever debout, avec une base de partisans loyale (la Bills Mafia) qui peut se permettre de rêver. Tu veux entrer en éliminatoires en ayant joué du bon football au mois de décembre, et à ce chapitre, les Bills n'ont rien à envier à qui que ce soit présentement.

Souvenirs douloureux pour les partisans d'Atlanta

Oh, qu'elle ne devait pas être drôle pour les partisans des Falcons d'Atlanta, pour qui l'expérience du Super Bowl de 2016 est redevenue bien réelle dimanche après-midi, avec un autre retour signé Tom Brady aux dépens de leur équipe. Au Super Bowl, c'était un déficit de 28-3 qui été comblé en 2e demie. Cette fois, le retard à rattraper était de 24-7 après que Brady et les Buccaneers de Tampa Bay aient été blanchis en 1re moitié de match.

Les Bucs ont trouvé l'étincelle qu'il leur fallait tôt au 3e quart. Dans leur cinq possessions offensives en 2e demie, ils ont inscrit quatre touchés et un botté de placement pour une production de 31 points. Ils sont soudainement devenus inarrêtables, et une grande partie de cette réussite est attribuable au bras du no 12, et pas à coup de petites passes. Brady a exploité les zones profondes avec une efficacité qu'on n'a pas de lui si souvent en 2020. Au total, il a amassé 320 verges par la voie des airs dans la dernière demi-heure de jeu, ce qui représente un sommet dans la NFL cette année dans une 2e mi-temps.

Malgré ses 42 ans, Brady n'est plus qu'à deux touchés par le passe de fracasser le record de concession des Bucs dans une seule saison. Les quelques contre-performances nous laissent sur notre appétit avec Brady, mais c'est un constat plutôt généralisé chez les Bucs. On ne sait jamais à quoi s'attendre réellement de cette équipe. C'est pourquoi rien de me surprendra une fois rendu en janvier. Une exclusion hâtive ne m'étonnerait pas plus qu'un long parcours éliminatoire pour Tampa. Pour connaître du succès, il faudra apprendre à bien commencer les matchs, parce que ce sera autrement plus difficile de remonter la pente contre les meilleurs clubs de la ligue.

* propos recueillis par Maxime Desroches