Je n’ai d’autre choix que de commencer cette chronique en revenant sur le spectacle épique que les Eagles de Philadelphie et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre nous ont offert lors du Super Bowl. On ne pouvait demander mieux pour clore la saison dans la NFL.

L’an dernier on avait eu droit à tout un spectacle entre les Patriots et les Falcons d’Atlanta alors qu’on avait assisté à une remontée historique dans un match haut en couleur. On ne pensait pas qu’il serait possible d’égaler ce niveau d’émotions cette année. Même si ce n’était pas le même genre de rencontre, force est d’avoué que l’affrontement a été tout aussi excitant grâce au festival offensif. Les 1151 verges générées à l’attaque par les deux équipes représentent non seulement un record du Super Bowl, mais également pour tous les matchs dans l’histoire de la NFL.

Ainsi réparties, les deux équipes ont amassé 874 verges par la voie des aires et 277 verges au sol. Les unités offensives ont enregistré 54 premiers jeux et un total de 74 points. C’est tout simplement fou! De plus, trois receveurs ont combiné leur travail pour près de 400 verges et les deux quarts en ont mis plein la vue avec trois passes de touché chacun. C’est inédit! C’est comme si aucune défense ne s’était présentée pour cette rencontre ce qui a fait que la saison s’est conclue avec des feux d’artifice gracieuseté des deux unités offensives.

Les longs jeux ont été monnaie courante dans cette rencontre. Les Eagles ont eu trois courses de plus de 20 verges et deux passes de plus de 25 verges. En contrepartie, les Patriots n’ont eu qu’une course qui a parcouru plus de 20 verges, mais Tom Brady a lancé six passes qui ont parcouru plus de 25 verges. On peut donc dire que des jeux explosifs, il y en a eu. C’était un match très excitant et c’est certain que si vous étiez un partisan des Patriots, vous êtes déçus du résultat, mais dans tous les cas, il est impossible de critiquer le spectacle qui nous a été offert.

Nick Foles mérite son titre

Nick Foles méritait pleinement son titre de joueur par excellence de ce 52e Super Bowl. Alors que tous les projecteurs étaient braqués sur lui, il a été en mesure de livrer la performance de sa vie. Il y a deux semaines contre les Vikings du Minnesota, il a connu un match sensationnel. On s’est alors dit que c’était impossible qu’il puisse répéter ce genre d’exploits au Super Bowl. Ce qu’on avait oublié, c’est qu’il avait réalisé le tout contre l’une des meilleures défenses à travers la ligue, celle des Vikings. Il est vrai que celle des Patriots s’était replacée en fin de saison, mais elle a aussi été chambranlante par moments. Cette unité défensive demeurait tout de même moins solide que celle du Minnesota. Et justement, dans un stade fermé à Minneapolis, on a senti que Foles était très confortable et il a livré la marchandise avec panache.

On pensait que ce match allait être remporté par le front défensif des Eagles et que Foles avait seulement besoin de contrôler l’allure de la partie sans commettre de revirement majeur. Au final, Philadelphie a eu besoin que Foles aille gagner ce match pour offrir un premier titre du Super Bowl dans l’histoire de l’organisation. Le tout s'est tourné en festival offensif et il a eu le meilleur en menant son attaque à 41 points. Son calme, sa présence dans la pochette, sa précision m’ont grandement impressionné et tous ces éléments étaient au rendez-vous.

Quelle est la suite pour celui qui occupait le poste de no 2 en début de saison. Foles est encore sous contrat pour un an avec les Eagles et c’est un dossier qu’il sera plaisant de suivre. À mon avis, il va demeurer avec l’équipe alors que rien n’oblige Philly à s’en départir comme il est toujours sous contrat, et l’état de santé de Carson Wentz fait en sorte que Foles pourrait encore être appelé à voir de l’action pour la troupe de Doug Pederson. Le quart est présentement en réhabilitation après s’être déchiré des ligaments de son genou gauche et il n’est pas encore possible de savoir s’il sera fin prêt pour le début de la saison. Avec la performance qu’il vient de connaître, Foles vient de gagner des points afin de rester encore quelques années dans la NFL. Cette vitrine lui a certainement permis d’attirer l’attention de plusieurs équipes qui sont à la recherche d’un quart. Si des joueurs sont parvenus à soutirer de gros contrat après une seule bonne prestation, il faut s’attendre à ce qu’un joueur comme Foles, avec son parcours en éliminatoire et son titre de joueur par excellence lors du match ultime, puisse décrocher une offre intéressante.

Brady n'a rien à se reprocher

Si on regarde son vis-à-vis, Tom Brady a connu un résultat cruel compte tenu de ce qu’il a livré comme performance. Il aurait pu en quelque sorte cristalliser sa légende avec un sixième triomphe au Super Bowl. Un sixième titre lui aurait permis d'encore plus distancer ses poursuivants comme meilleur joueur dans l'histoire de la ligue, mais aussi donner d'autres munitions lorsque certains veulent tenter de le comparer avec d’autres grandes vedettes de leur sport respectif, comme Michael Jordan. Tom Brady

Il a tout fait pour remporter le match. Il a lancé pour 505 verges de gain et trois passes de touché. Il a réussi le tout malgré la perte tôt dans la rencontre de l’une de ses meilleures cibles en Brandin Cooks. Toutefois, son absence n’a pas paru, car Brady a continué à tailler en pièces la tertiaire des Eagles. Malheureusement pour lui, il y a un jeu qui est venu tout contrecarrer et c’est l’échappée provoquée par Brandon Graham en fin de quatrième quart.

Même s’il avait toutes les raisons d’être frustré, le quart des Pats s’est présenté en conférence de presse et n’a pointé personne du doigt. Tout le monde s’entendait pourtant pour dire que c’est la défense qui n’a pas fait le travail. Il n’a rien dit qui aurait pu laisser croire qu’il jetait le blâme sur ses coéquipiers. Il a mentionné qu’ils auraient dû inscrire plus de points ce qui est une preuve de grande classe. J’ai apprécié ce comportement de sa part dans la défaite. Dans un revers où c’est évident que l’unité défensive a plus que sa part de blâme à prendre, Brady n’a jamais soulevé le point et il a félicité les Eagles pour leur conquête. C’est ce genre d'attitude que tu veux voir de la part de ton quart numéro un et de ton leader.

La ligne à l'attaque des Pats a cassé

Il faut aussi dire que si Tom Brady a pu offrir une telle prestation, c'est grâce au travail colossal de ses joueurs de ligne. On s’attendait à une forte confrontation avec la ligne défensive des Eagles et ils ont bien relevé le défi. La ligne à l’attaque des Pats n’a qu’une tache à son dossier et c’est l’échappée en toute fin de rencontre.

C’est le jeu qui a tout changé. Les deux attaques s’en donnaient à cœur joie sur le terrain et les unités défensives en avaient plein les bras. Aucune des deux unités ne pouvait empêcher l’adversaire d’inscrire des points et cet élément a influencé le plan de match des entraîneurs. C’est d’ailleurs pourquoi on a vu Pederson décider de tenter sa chance sur des quatrièmes essais et ses décisions ont été payantes.

À la lumière de ce qui se passait dans le match, on se disait que ce qui allait faire tourner le vent en la faveur d’une formation, c’était un jeu défensif. L’une des deux unités allait se lever pour prendre l’ascendant. C’est ce qui s’est produit, alors que Graham a repoussé son bloqueur avec la charge du taureau pour atteindre Brady et lui faire perdre le ballon. Quand le ballon tombe au sol, on ne sait jamais qui peut le récupérer, alors que les deux équipes ont pratiquement autant de chances d’en prendre possession. Heureusement pour les Eagles, Derek Barnett a hérité du ballon pour le revirement.

Les Eagles ont réalisé ce jeu tellement souvent au cours de la saison que je m’attendais à voir beaucoup plus de pression être appliquée sur le quart des Patriots lors de ce match. Ils n’ont pas été en mesure de le faire en raison du travail de la ligne à l’attaque des Pats. Je mentionnais dans ma précédente chronique que la profondeur de la ligne défensive des Eagles allait peut-être jouer dans la balance et c'est possiblement ce qui s'est produit. Contrairement à l'an dernier du côté des Falcons, la ligne défensive des Eagles avait encore de l'énergie en fin de match. Ils ont finalement été en mesure de faire casser la ligne à l'attaque des Patriots, alors que celle-ci n'avait pas bronché durant toute la rencontre.

Ils ont fait le gros jeu au moment opportun et c’est celui-là que l’on va voir en boucle et non les nombreuses belles passes de Brady, lorsqu’on va revoir des points marquants de ce Super Bowl.

Une décision controversée de Belichick

Je ne peux passer sous silence en terminant la décision de Bill Belichick de clouer au banc Malcolm Butler. L’entraîneur-chef a mentionné que c’était une décision qui s’expliquait uniquement sur le plan football et c’est ce qui offrait la meilleure chance aux Pats de l’emporter. Le demi de coin n’a pour le moment pas donné plus de détails sur la situation.

ContentId(3.1262827):Forum du 5 à 7 : retour sur le Super Bowl LII ( NFL)
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Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que Butler serait arrivé un peu après ses coéquipiers à Minneapolis. Est-ce que la décision de Belichick a un rapport avec ce retard? On ne peut que spéculer. Ce qui était avancé, c’est qu’il s’agissait de raisons personnelles ce qui se peut très bien aussi. Parfois des joueurs veulent être auprès des membres de leur famille lors de moments particuliers, mais on ne sait pas ici de quoi il en retourne.

Par contre, et ce sur quoi je m’interroge, c’est que la situation devait être assez grave pour qu’il ne joue pas, mais pas suffisamment pour l’empêcher d’enfiler l’uniforme. Je vois difficilement ce qui peut justifier une telle décision. Dans un match où Nick Foles faisait ce qu’il voulait et que le remplaçant de Butler, Eric Rowe était malmené, les Patriots auraient eu besoin de leur demi de coin vétéran au lieu de le voir sur les lignes de côté.

Je ne dis pas que sa présence en défense aurait donné la victoire aux Patriots, mais perds au moins avec tes meilleurs éléments. Surtout que l’unité défensive a été malmenée tout au long de la rencontre. J’ai hâte de voir ce que sera le fin mot de l’histoire, mais j’ose croire que c’était suffisamment grave pour que Belichick décide de prendre une telle décision lors du match le plus important de l’année.

L’entraîneur a décidé de défendre l’intégrité, les valeurs et les principes de l’organisation, mais ça lui aura peut-être coûté un Super Bowl.

Propos recueillis par Maxime Tousignant