Je pense que la frustration est le mot qui décrit au mieux l’état d’esprit actuel.

Ce n’est qu’une partie dans une saison, mais il demeure qu’après avoir remporté nos quatre premiers matchs, nous avons cru jusqu’à la fin que nous pouvions vaincre les Colts d’Indianapolis, mais ils ont au final eu le dernier mot 19-13.

Nous n’avons pas joué à la hauteur de tout le talent qu’il y a dans notre vestiaire, et ce, des deux côtés du ballon.

On entend souvent qu’un match de football est remporté dans les tranchées, tant sur le plan offensif que défensif, mais l’inverse est tout aussi vrai. Ce match du dimanche soir en est un bon exemple.

Nous avons eu de la difficulté à courir avec le ballon et notre quart, Patrick Mahomes, peinait à s’installer dans sa pochette alors que la pression arrivait rapidement. En tant que membre de la ligne à l’attaque, nous devons lui offrir plus de temps et faire en sorte qu’il soit frappé moins souvent.

Sur le plan défensif, on se devait d’arrêter le jeu au sol, mais nous n’y sommes pas parvenus comme le témoignent les 132 verges accumulées par Marlon Mack.

Le résultat s’explique ensuite par des erreurs comme un échappé, un manque d’opportunisme et les pénalités coûteuses. Allouer ou perdre au total 125 verges par l’entremise de pénalités, c’est inacceptable. Ces dernières ont d’ailleurs ennuyé notre première séquence à l’attaque et nous avons dû nous contenter d’un placement.

Tout le monde était gonflé à bloc pour un match présenté le dimanche soir, à la maison, devant nos partisans contre une équipe que nous avions affrontée en éliminatoires l’an passé. À ce moment, le plan de match avait tourné en notre faveur et tout allait rondement. Ce n’était pas le cas dimanche.

L'absence d'une menace au sol a découlé en pression

Nous avons eu de la difficulté à trouver notre rythme à l’attaque. Je ne me souviens pas le nombre de fois où nous avons eu besoin de dégager le ballon aussi souvent dans une rencontre.

Notre production n’était pas suffisamment considérable lors des premiers essais, si bien que le deuxième et troisième essai ont écopé. Nous avions alors de plus longues portions de terrain à franchir et la défense des Colts s’est ajustée en conséquence. Elle pouvait déployer toutes les formes de pression qu’elle ne pouvait pas faire sur un premier essai, car la menace d’un jeu au sol est présente.

Nous avons manqué de productivité lors de nos 14 courses effectuées au cours de la rencontre. Ce faisant, nous n’avions pas le choix d’opter pour des jeux de passes en deuxième et troisième essai. Dans ces circonstances, il devient difficile pour les joueurs de ligne de faire leur travail, car nos adversaires savent que la course ne sera pas un facteur et ils peuvent attaquer notre quart sans s’en préoccuper.

Les situations de passes évidentes ont permis aux Colts d’ajuster aussi leur déploiement défensif dès la ligne de mêlée. Habituellement, un joueur de ligne défensive va se placer sur mon épaule extérieure, mais alors que notre jeu au sol n’était pas une option, il se décalait davantage afin de se donner un meilleur angle vers le quart. Je dois alors effectuer plus de pas afin de rectifier le tir, mais je me retrouve aussi avec une plus grande portion de terrain à défendre comme la ligne offensive est étirée.

Il y a une dizaine de jeux sur bandes vidéo où on aperçoit un minimum de quatre verges entre les deux joueurs au centre de la ligne. C’est impensable devant une offensive qui peut se tourner vers le jeu au sol.

Nous n’avions pas ce luxe selon l’allure de la rencontre et alors que notre quart ne pouvait aller chercher les premiers essais avec ses jambes. Ces éléments ont permis aux Colts de se donner cette liberté d’étirer leur front défensif au maximum sans se soucier de la brèche au centre.

Par conséquent, les Colts ont déployé plusieurs formations dont la couverture était homme à homme dans la tertiaire. Il aurait fallu un peu plus de temps pour nos receveurs afin de se démarquer. On parle de fractions de seconde ici qui aurait pu faire une énorme différence. J’ai en tête une feinte de jeu au sol suivi d’une passe où Pat aurait été en mesure de rejoindre notre receveur qui s’était démarqué, mais la pression est arrivée trop rapidement. Un peu de temps supplémentaire et nous ajoutions six points au tableau.

Rebondir contre les Texans

C’était une bonne leçon. Nouvelle encourageante, ce retour à la réalité survient en début de saison. On oublie parfois à quel point il est difficile de gagner dans la NFL. De ne pas avoir été en mesure d’obtenir ce cinquième triomphe en autant de matchs cette saison nous a ramenés sur terre.

La ligne est très mince entre la victoire et la défaite dans cette ligue. On l’a bien vu contre les Lions de Detroit tout juste auparavant, alors que si nous n’avions pas obtenu les verges nécessaires sur un quatrième essai et 15, nous aurions alors vécu ce sentiment de frustration que nous avons ressenti à la suite du duel contre les Colts. Nous voulons être l’équipe efficace, disciplinée et qui fait encore plus attention aux détails.

Au final, c'est une ligue professionnelle il faut être critique envers notre travail. Il est vrai que nous avons commis un faux pas, mais nous savons sur quoi travailler et il faut corriger le tout.

Nous avons un autre match à domicile en fin de semaine, cette fois avec les Texans de Houston qui seront en ville. Il faut présenter le football qu’on est capable de produire alors que la foule sera de notre côté. C’est le mot d’ordre à partir de maintenant.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant

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