Le match face aux Argonauts était très important pour les Alouettes, alors que Montréal, Toronto et Hamilton avaient une fiche identique (2-2) avant la rencontre. Les Argos ont dominé le match en première demie. Les Alouettes sont revenus de l'arrière par la suite, mais c'était trop peu, trop tard.

Je ne crois pas que le fait que Scott Milanovich revenait à Montréal avantageait Toronto plus que les Alouettes. Bien sûr, Milanovich était bien au fait des armes à l'attaque chez les Alouettes, mais l'entraîneur des Argos roule le même système offensif qu'il le faisait ici, ce qui aurait dû constituer un avantage pour la défense des Als.

J'ai l'impression qu'il faut plutôt regarder la présence de Chris Jones comme coordonateur de la défense chez les Argos. Jones est dans la LCF depuis plusieurs années. Il connaît très bien les systèmes offensifs. En bout de ligne, il faut donner crédit à la défense torontoise, malgré les quelque 300 verges accordées à Anthony Calvillo.

La blessure à Whitaker a changé les plans

Ce qui me désole dans cette rencontre, c'est le fait que Brandon Whitaker connaissait un gros match au premier quart, mais sa blessure a complètement changé la donne par la suite. Avant de quitter le match, Whitaker permettait aux Alouettes de diversifier l'attaque et Montréal ne se gênait pas pour courir avec le ballon, ce qu'ils font habituellement très bien contre Toronto. Il est revenu dans le match par la suite, mais ce n'était définitivement pas le même joueur. C'est dommage car on avait l'impression que l'attaque amenait quelque chose de différent en première portion, mais cette blessure a forcé la main à Calvillo, qui a finalement décoché pas moins de 42 passes.

Pour une rare fois, les Alouettes ont profité de bons retours de bottés, ce qui a permis à l'attaque d'avoir d'excellentes positions sur le terrain. Malheureusement, celle-ci n'a pu capitaliser. Les Argos comptent sur une défense agressive qui pratique beaucoup le système homme-à-homme. Les joueurs n'hésitent pas à placer leurs mains sur les receveurs de passes et donc, à les défier physiquement. Je ne suis pas du genre à critiquer le travail des arbitres, mais j'ai trouvé qu'ils en ont beaucoup permis sur certains jeux, notamment aux dépens de S.J. Green. En bout de ligne, c'est certain que le synchronisme des Alouettes en a souffert dans la zone payante.

Richardson doit prendre ce que la défense lui donne

Jamel Richardson connaît des ratés depuis le début de la saison et tout le monde se pose des questions à son sujet. Le receveur de passes a déclaré la semaine dernière qu'il ne fallait pas s'énerver avec ça; qu'il ne s'inquiétait pas de son rendement autant que le font les médias. J'ai l'impression que Richardson essaie d'en faire un peu trop actuellement. On a vu un exemple frappant durant le match : il a capté un ballon et a ensuite couru une dizaine de verges. En bout de ligne, ce fut un jeu de 20 verges, ce qui constitue un très bon gain. Normalement, c'est le genre de jeu qui rend un gars heureux. Ce ne fut pas le cas. On voyait que Richardson était fâché en se relevant, comme s'il avait voulu se rendre plus loin encore. Je ne veux pas faire la morale à Jamel. C'est un excellent joueur de football, mais à un certain moment, il faut que tu prennes ce que la défense te donne. Si tu n'as pu te rendre plus loin, ce n'est pas grave, retourne dans le caucus et recommence.

Au football, tu ne peux pas toujours viser le coup de circuit. Tu dois prendre les courts gains comme les moyens gains, et quelques fois, le gros touché va venir. Mais tu ne peux pas espérer faire un touché à chaque jeu. J'ai l'impression que Richardson s'en met beaucoup sur les épaules pour essayer de rattraper le temps perdu depuis le début de la saison. Dans ces situations-là, un joueur va se retrouver dans un cercle vicieux. Peut-être doit-il oublier sa saison de 2000 verges après ce lent départ, mais rien ne lui empêche de connaître une très bonne saison; il a le talent pour rebondir.

Préparation contre réaction

Personnellement, j'ai toujours pensé qu'il existe deux types d'entraîneurs : ceux qui préparent bien pendant la semaine et ceux qui réagissent bien durant les matchs. Les entraîneurs qui sont capables de combiner les deux sont habituellement de grands coaches. Jeff Reinebold, le coordonnateur défensif des Alouettes, semble avoir de la difficulté à préparer son équipe pendant la semaine. Par contre, on voit que c'est un gars qui est capable de s'ajuster lors des matchs. On l'a vu lors des deuxièmes demies des dernières rencontres. Contre Toronto, la défense a accordé 20 points en première demie, mais seulement 3 en deuxième. Ce fut la même chose contre Hamilton : 32 points accordés en première demie, contre 7 en deuxième.

Il faut cependant dire qu'il y a encore plusieurs éléments à améliorer. On voit encore trop de receveurs libres, trop de trous dans la tertiaire. J'ai de la misère à pointer du doigt les joueurs. Je trouve qu'il y a énormément de talent en défense chez les Alouettes, mais je ne suis pas certain qu'ils sont placés dans une situation optimale. Je ne veux pas non plus blâmer uniquement la défense montréalaise, car elle a dû faire face à de très bonnes attaques depuis le début de la saison.

Reinebold doit simplifier les choses

Je ne crois pas être en mesure de dire exactement ce qui ne fonctionne pas avec la défense, mais mon impression, c'est que certains ajustements ne sont pas clairs, le coaching n'est pas clair et le système n'est peut-être pas compris par tout le monde. Reinebold veut que beaucoup de joueurs soient hybrides, mais ça ne fonctionne pas. En bout de ligne, il manque de constance et je pense qu'il faut regarder ce qui se passe sur le plan du coaching. Au début de la saison, j'ai dit que le système défensif était peut-être trop compliqué et, de toute évidence, c'est encore le cas. On voit encore trop de jeux où la couverture est déficiente. Qu'on garde les choses simples. En défense, tu n'as pas besoin d'avoir 50 jeux dans ton cahier. Ayons quelques jeux seulement et assurons-nous que les ajustements soient faits. N'oublions pas une chose : la défense est là pour réagir à ce que l'attaque lui donne. Si le porteur de ballon sort du champ arrière, on doit savoir qui le prend. Même chose si le quart-arrière sort de la pochette ou si un receveur y va d'un tracé croisé. C'est un paquet d'ajustements qui doivent être clairs pour tout le monde.

Voilà un gros problème à la défense : on a de la difficulté à s'ajuster lorsque l'attaque adverse nous donne différents « looks ». Simplifions le cahier de jeux et soyons clairs dès le début de la semaine; les joueurs vont ensuite être en mesure de pratiquer les jeux avant le match. Bref, tu ne peux pas constamment changer ta stratégie au fur et à mesure que la semaine progresse et je sais qu'actuellement, c'est le cas chez les Alouettes. En défense, ça prend des règles strictes. Il ne faut pas trop penser, il faut réagir.

Se remettre sur les rails à Winnipeg

Le prochain match face aux Bombers constitue une bonne occasion de se replacer chez les Alouettes. La défense devra tenter de mélanger Alex Brink. Encore une fois, ça ne veut pas dire d'avoir 50 jeux. Par exemple, c'est de mettre de la pression sur un jeu et de reculer en zone sur le jeu suivant. Il faut le confondre. Il faut le presser dans ses gestes. On l'a vu la semaine dernière contre Edmonton; Brink a lancé des interceptions. Bien sûr, si on arrive à le frapper au maximum, ce sera un avantage, mais le succès commence par un bon mélange de jeux simples.

Propos recueillis par Samuel Thibault