MONTRÉAL – « Honnêtement, quand il est arrivé, il y a quatre ans, il ne savait même pas comment s’aligner. Aujourd’hui, il est l'un des meilleurs joueurs de ligne défensive au Québec. »

 

Danny Maciocia, l’entraîneur des Carabins de l’Université de Montréal, parle ici de Félix Pelletier, un athlète qui a bûché pour s’imposer sur le terrain et pour arriver à composer avec la réalité académique universitaire.

 

Rendu à sa dernière année avec les Carabins, Pelletier savoure donc chaque moment et ça se poursuivra samedi lors de l’incontournable duel éliminatoire face au Rouge et Or de l’Université Laval.

 

« Mon passage avec les Carabins n’a  pas toujours été facile, ce fut comme une pente à gravir. Au début, je n’avais pas beaucoup de temps de jeu et j’ai eu plus de succès au fil du temps.

 

« En tant que personne et joueur, je me suis amélioré. J’ai été changé par cette expérience et je suis fier d’avoir joué pendant quatre ans ici. C’est quand même assez exigeant de jumeler les deux aspects », a confié Pelletier qui n’est pas du style à s’ouvrir facilement comme l’a ensuite confirmé Maciocia.

 

« Il est beaucoup plus réservé, un peu timide. Mais il a ce regard d’agressivité et il est tellement fort donc tu sais que tu devrais mieux garder tes distances », a noté Maciocia en faisant aussi référence à ses adversaires sur le terrain.  

 

« Parfois, on réussit à le faire rire et ça nous rend heureux », a ajouté l’entraîneur qui doit s’ajuster à de multiples personnalités.

 

Sans trop vouloir entrer dans les détails, Pelletier a admis que ce fut une adaptation d’œuvrer dans une équipe de cette envergure.

 

« Ça te sort un peu de ta zone de confort. J’ai appris à connaître une tonne de personnes, les équipes sont plus grosses. Il y a des joueurs viennent de partout, on apprend à connaître des gens de milieux différents. Tu en apprends sur toi, sur ton niveau de tolérance », a expliqué celui qui doit composer avec un TDAH.

 

Au plan scolaire, Pelletier a su s’ajuster graduellement en réduisant son nombre de cours par session.  

 

« Il y a le foot, mais l’école aussi. Ce n’est pas fait pour tout le monde, c’est difficile de gérer les deux en même temps correctement à 100%. Tu peux avoir, par moments, un petit échappement pour un ou pour l’autre, mais ce n’est pas facile de tout bien gérer à 100%. Je me suis habitué et ça exige de la discipline », a reconnu le numéro 53 des Bleus.

 

« On a eu zéro problème avec lui dans les deux dernières années. Il travaille bien, il réussit et il ne constitue pas du tout un problème académique. Le début a été un peu plus difficile, mais il s’est dédié à ses études », a vanté Maciocia.

 

Sur le terrain, Pelletier est rendu à l’aise au point qu’une carrière dans la Ligue canadienne de football est devenue son souhait.

 

« J’aimerais avoir une chance de jouer professionnel, mon scénario idéal serait de jouer trois ou quatre ans dans la LCF », a expliqué Pelletier qui est né à Québec d’un père originaire de la Côte d’Ivoire et d’une mère québécoise.

 

Son entraîneur considère que ça vaut la peine. À l’image de son parcours avec les Carabins, il pourrait franchir cette étape.

 

« Quand il embarque sur le terrain, c’est all business, il veut dominer et progresser. C’est une occasion qui pourrait se présenter pour lui. Physiquement, il est capable de dominer à 260 livres même contre des joueurs plus costauds que lui », a ciblé Maciocia.

 

Lorsque viendra le temps de « mettre une croix » sur le football comme il l’explique, son prochain objectif semble clair dans sa tête.

 

« Je vise une carrière comme policier, ce serait mon but après le football. C’est un métier physique avec beaucoup d’action et des défis. J’aimerais gravir les échelons comme accéder au groupe d’intervention tactique », a conclu l’athlète de 24 ans qui a prouvé qu’il pouvait atteindre ses rêves en me ménageant pas les efforts.

 

Un retour impressionnant de Kaya et Makonzo

 

D’une manière différente, le receveur Kevin Kaya et le maraudeur Ethan Makonzo ont également démontré leur persévérance. Tous les deux ont dû composer avec une saison 2018 qui a été bousillée par une blessure et ils ont rebondi en étant choisis sur l’équipe d’étoiles du Réseau du sport étudiant du Québec cette année.

 

Maciocia a constaté une belle évolution chez Kaya qui est doté de grandes qualités athlétiques.

 

Ethan Makonzo« Je savais qu’il avait le potentiel. C’était une question de rester en santé et de se donner au maximum. Voilà ce qu’il a fait. On voit maintenant un jeune beaucoup plus tranquille, bien entre les oreilles et on voit les résultats », a souligné l’entraîneur.

 

Le tour de force de Makonzo apparaît encore plus fascinant puisqu’il évolue à une nouvelle position cette année. L’ancien secondeur a hérité de ce poste après une compétition relevée et il a donné raison à ses entraîneurs.

 

« Je savais que ce ne serait pas facile. Mon entraîneur de position, Olivier (Fréchette Lemire) me disait qu’on serait plusieurs à se battre pour cette position. Je m’en attendais et je ne voulais pas que ce soit facile. Je voulais montrer que je pouvais jouer cette position », a indiqué le numéro 15.

 

Ça ne veut pas dire que le football s’apprend naturellement pour Makonzo. En fait, il a failli abandonner ce sport plus d’une fois après y avoir été initié par son grand ami d’enfance, Régis Cibasu, un ancien joueur étoile des Carabins.

 

« Au début, on n’aimait pas ça parce que c’était nouveau et on ne comprenait pas. Pendant un certain temps, on a arrêté et on a plus joué au soccer », a lancé Makonzo en parlant de lui et son petit frère Enock Makonzo qui évolue avec l’Université Coastal Carolina.

 

Kevin Kaya« Quand j’ai recommencé, je voulais devenir receveur comme Randy Moss, mais ça ne s’est vraiment pas bien passé, je n’étais pas très bon. Un entraîneur, M. Larouche a vu du potentiel en moi pour jouer en défense et je me suis retrouvé sur la ligne défensive sauf que ça ne s’est pas mieux passé. Finalement, j’ai essayé secondeur l’année suivante et ce fut le point de départ », a raconté l’ancien du CÉGEP du Vieux-Montréal.

 

Désormais, il ne veut plus quitter le terrain et il se voit dans la NFL ou la LCF. Son plan B serait de devenir agent d’athlètes ou d’artistes sans oublier son intérêt pour s’établir comme intervenant auprès des jeunes.