Il y avait un bon moment qu’on avait vu le grand Phil Mickelson joué du golf d’une telle qualité pendant quatre jours consécutifs. Non pas que quiconque doute du talent supérieur de ce solide cogneur, seulement, rien ne laissait présager qu’il allait s’éclater de la sorte sur le parcours TPC Scottsdale, car ses deux premières sorties en Californie n’avaient rien de bien convaincant.

Mickelson a d’abord annoncé ses couleurs dès la première ronde avec une spectaculaire ronde de 60 et n’a plus jamais regardé derrière par la suite même si le tenace Brandt Snedeker a pu l’inquiéter à quelques occasions lors des rondes de fin semaine. Ce dernier termine au 2e rang pour une deuxième semaine consécutive, après avoir bataillé comme un forcené avec Tiger Woods  à Torrey Pines lors du tournoi Farmers Insurance. Ces excellentes performances lui permettent toutefois de se hisser au 1er rang du classement de la coupe FedEx ainsi qu’au 1er rang chez les boursiers. De plus, Snedeker occupe dorénavant le 6e échelon du classement mondial. J’ai comme l’impression qu’il pourrait en surprendre plusieurs au cours des prochains mois et peut-être même batailler avec Tiger Woods et Rory McIlroy pour le titre de joueur numéro 1 au monde… une histoire à suivre.

Revenons à « Phil the thrill », qui a inscrit une 41e victoire en carrière et une 3e à ce tournoi. Son pointage de -28 égale la marque du tournoi et son total de 256 coups est le deuxième plus bas pointage jamais enregistré dans l’histoire de ce circuit. Mickelson a eu de bons mots pour son entraîneur Butch Harmon avec qui il a travaillé au terrain d’exercice mardi dernier. Harmon a modifié un petit détail dans le mouvement arrière de Mickelson et les résultats furent immédiats. Difficile de le contredire après la performance qu’il a offerte ces derniers jours. Mickelson utilise également un nouveau bois no 1 qui semble lui convenir à merveille. Ses coups de départ étaient longs et précis, lui permettant ainsi d’attaquer les normales 5 en deux et d’utiliser des fers relativement courts pour atteindre la majorité des normales 4 au 2e coup. Qui plus est, il avait le compas dans l’œil, car ses coups roulés tombaient de partout et son petit jeu n’avait rien à envier à quiconque. Lorsqu’on combine toutes ces données, on en arrive à 29 oiselets et un aigle contre seulement un boguey et un double. Cette victoire, sa première en 51 semaines, lui permet de grimper au 10e rang du classement mondial et de prendre la 3e position au classement de la Coupe FedEx. Mickelson remporte un tournoi sur ce circuit pour une 10e année consécutive. C’est d’ailleurs lui qui mène le bal dans cette catégorie.

De plus en plus de joueurs gauchers

Je ne sais trop si Phil Mickelson et Mike Weir ont eu leur mot à dire, reste néanmoins que les joueurs gauchers sont de plus en plus nombreux, qu’ils soient amateurs ou professionnels. On estime qu’environ 10 % des amateurs de golf américains s’élancent de la gauche alors qu’au Canada, le pourcentage grimpe à plus de 20 %. C’est au Québec que les gauchers sont en plus grand nombre, car selon les plus récentes statistiques, près du tiers des golfeurs s’élancent de la gauche. Comment expliquer ce phénomène? On a beau dire que le hockey a une certaine influence, on joue aussi au hockey dans le reste du pays. Honnêtement, je n’ai aucune explication valable à fournir… mystère et boule de gomme.

Je me souviens toutefois que c’était presque mal vu de jouer au golf de la gauche dans les années 70. J’étais junior à l’époque et plusieurs professionnels ont essayé de me transformer en joueur droitier, comme ils le faisaient si bien avec la plupart de leurs élèves. Il faut dire que dans ces années-là, les manufacturiers ne s’occupaient guère de cette minorité et que l’équipement de qualité pour les joueurs gauchers se faisait rare, voire quasi inexistant dans certaines régions. Trouver un bon driver gaucher, à cette époque, relevait presque du miracle. Je me rappelle très bien d’avoir visité plusieurs club shops de la Caroline du Sud et de la Georgie afin de dénicher des bâtons gauchers de qualité supérieure. Avec un peu de patience et beaucoup de persévérance, il nous arrivait de trouver ce que nous recherchions et de prendre ensuite le temps de rafraîchir nos trouvailles pour les rendre plus esthétiques et plus fonctionnelles.

En réalité, je n’ai jamais vraiment compris pourquoi on faisait tant d’histoire sur le fait d’être gaucher au golf alors que dans les autres sports, on ne soucie pas vraiment qu’un joueur soit droitier ou gaucher. C’est sans doute la rareté des joueurs professionnels qui s’élançaient de la gauche qui a retardé l’émergence des « southpaw », car le Néo-Zélandais Bob Charles a longtemps été le seul représentant des gauchers chez les professionnels à participer aux principaux tournois dans le monde, parvenant même à remporter l’Omnium britannique en 1963. C’est à partir de ce moment que les gens ont compris qu’on pouvait aussi jouer au golf comme gaucher et même gagner un titre majeur.

Prochain rendez-vous : Pro-Am AT&T à Pebble Beach

Phil Mickelson et Brandt Snedeker seront à nouveau en action cette semaine, car tous deux sont inscrits au tournoi de Pebble Beach. Vont-ils à nouveau s’affronter lors des rondes de fin de semaine? Peut-être bien, si on se fie à ce qu’on a vu à Scottsdale. Rappelons que Mickelson tentera d’y défendre son titre et que Snedeker est probablement le joueur le plus « hot » présentement. Ils devront toutefois se méfier de plusieurs joueurs de premier plan, incluant les Webb Simpson, Aaron Baddeley, Jason Day, Jim Furyk, Retief Goosen, Padraig Harrington, Dustin Johnson, Nick Watney et Lee Westwood. J’ai aussi hâte de revoir le jeune Scott Langley, car il a été très impressionnant lors de son premier tournoi  à Hawaii… comme par hasard, il s’élance de la gauche…

P.S. Vous pourrez suivre les 3e et 4e rondes sur les ondes de RDS lors du week-end.