SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES, France - « On t'aime Tiger. » En plein retour vers les sommets, Tiger Woods a monopolisé l'attention mardi lors de ses premiers pas sur le Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines, trois jours avant le début de la Coupe Ryder.

Ils étaient plusieurs centaines, peut-être plus d'un millier à suivre la partie d'entraînement de la star américaine, débutée sous un grand ciel bleu, mais avec une température n'excédant pas neuf degrés.

Très applaudi à son arrivée au trou no 1, au-bas de la plus grande tribune de l'histoire de la Coupe Ryder, Woods a effectué sa première reconnaissance du parcours en compagnie de Phil Mickelson, Patrick Reed et Bryson DeChambeau, dans une atmosphère de ferveur et de dévotion mêlées. Celle qui entoure le miraculé de 42 ans, remonté au 13e rang mondial, depuis son succès dimanche au Tour Championship près d'Atlanta (Géorgie).

Des « On t'aime Tiger! » et « Tu es le meilleur! » résonnent de temps à autre.

Habitué à concentrer les regards, l'intéressé sourit timidement et remercie la foule en tapant, à son passage entre les cordes, dans les mains des fans, qui l'applaudissent au départ puis sur le green.

Woods plaisante à plusieurs reprises avec Mickelson, qu'il affrontera en combat singulier à Las Vegas le 23 novembre prochain, avec à la clé un chèque de neuf millions de dollars pour le vainqueur.

Oubliés les scandales d'infidélités multiples, les blessures récurrentes ou les problèmes d'addiction, la « Tiger-Mania » est à son comble.

« Il est le golf, comme Pelé pour le foot ou Jordan pour le basket, c'est un privilège de l'approcher », assure Georgio, un Italien qui a fait le déplacement avec trois autres amis depuis Bologne.

Tiger Woods a assuré que sa présence en France pour y disputer la coupe Ryder au sein de l'équipe américaine représentait « beaucoup » pour lui. « J'allais être là de toute façon en tant que vice-capitaine. Mais d'avoir gagné le droit d'être là en tant que joueur de l'équipe, d'avoir non seulement les vice-capitaines mais tous les joueurs qui me veulent avec eux... Cela représente beaucoup pour moi ».

Voici les principaux points issus de sa conférence de presse, mardi:

- Sur son impact médiatique :

« Elles sont bonnes? (Rires). Ok. Désolé j'étais un peu pris et je n'ai pas eu le temps de les regarder. Je n'ai pas eu le temps non plus de regarder les articles sur le net après ma victoire. Je dois déjà tenter de répondre au 150 textos que j'ai reçus. J'ai pu voir sur les chaînes françaises les gens qui couraient derrière moi (sur le 18e trou à Atlanta). Après la coupe Ryder ce sera une autre histoire, je prendrai le temps, et je m'y plongerai. »

- Sur son envie d'en découdre avec la jeune génération :

« (Il y a un an) j'étais à l'époque sur une pente descendante et eux sur une pente ascendante. Ils n'avaient jamais vraiment joué contre le vrai Tiger, je veux dire quand je jouais à mon meilleur niveau. Cela fait 5 ans que je n'avais pas gagné sur le circuit. Plein de jeunes joueurs sont arrivés à ce moment, Justin Thomas, Jordan (Spieth), maintenant Bryson (DeChambeau), Brooksy (Koepka). Donc tous ces gars n'avaient pas joué contre moi. Je pense que quand mon jeu est en place, j'ai toujours été difficile à battre. Ils s'en sont d'ailleurs amusé en disant +on veut jouer contre toi+. Et bien voilà. Je suis là. »

- Sur ses statistiques décevantes en coupe Ryder :

« Ce n'est certainement pas quelque chose qui me plaît (7 coupes Ryder, une seule victoire). Nous n'avons pas bien joué. En fait, je ne l'ai pas gagnée depuis 1999, et c'est quelque chose qu'heureusement nous pouvons changer. Les Etats-Unis n'ont pas gagné ici en Europe depuis 25 ans, et cela peut aussi changer ce week-end. »

Un succès en sept participations

Le premier milliardaire de l'histoire du golf, qui a été numéro un mondial durant 683 semaines au cours de sa carrière, transcende les nationalités.

« Ce week-end, il y aura trois équipes : l'équipe d'Europe, celle des États-Unis et l'équipe de Tiger! », affirme Nicole, une Américaine de Philadelphie, en quête d'autographes.

« Quand j'ai pris mes billets il y a huit mois, je priais pour qu'il soit là, sans trop y croire », explique, les yeux brillants, Serge, venu de Laval au Québec.

Laurianne, une collégienne d'Orléans qui a séché les cours « exceptionnellement » pour accompagner son père, n'en revient pas de voir son idole "d'aussi près".

« Je pourrais dire à mes enfants que j'ai vu jouer Tiger », s'exclame cette golfeuse en herbe.

« J'ai laissé la femme et les trois enfants à Toulouse et je ne regrette pas », abonde Philippe, cadre dans l'aéronautique.

Au delà du safari photo où chacun vient chercher son souvenir du « Tigre », tous rêvent qu'il confirme à partir de vendredi son retour au plus haut niveau. Pour enfin dompter une compétition qui ne lui a pas vraiment réussi jusque-là, avec seulement un succès en sept participations.

L'homme aux 14 Majeurs a obtenu sa dernière sélection en Coupe Ryder il y a six ans, soit quasiment le temps qu'il lui a fallu pour regagner un titre.

Sa présence « va donner un supplément d'enthousiasme » à ce qui est « le plus important tournoi de golf qui soit », a expliqué lundi son capitaine, Jim Furyk, tout en insistant sur la dimension collective de l'épreuve.

Mais le rusé capitaine américain n'est sans doute pas mécontent de constater que le public local ne devrait pas être très hostile envers au moins l'un de ses douze joueurs.