Un moment d'égarement inédit. Sergio Garcia, l'un des meilleurs golfeurs au monde, a été exclu en fin de semaine de l'Omnium d'Arabie saoudite avant le dernier tour, une décision rarissime mais assez logique : l'Espagnol, frustré, s'est défoulé en labourant plusieurs verts, un crime de lèse-majesté.

Du jamais-vu. Encore plus de la part d'un joueur de cette classe. Qu'un golfeur dégoupille ponctuellement, libérant ainsi toute la frustration que seul ce sport peut engendrer, cela peut arriver dans ce monde pourtant si feutré. Un jet de club, un coup de pied dans un sac, quelques noms d'oiseaux... D'ordinaire cela ne dépasse pas ce genre de comportements.

Mais là, la colère de Garcia a mis du temps avant de tomber. Et surtout, elle a touché l'un des lieux les plus sacrés dans le golf: le green. Une sacrilège impensable pour les puristes du jeu, mais surtout totalement interdit. 

Samedi matin, après avoir pourtant passé le cut à ce tournoi d'Arabie saoudite, Sergio Garcia débute mal sa journée. Les roulés ne tombent pas sur le Royal Greens Golf Club, son élan lui joue des tours, la frustration monte graduellement.

Le vainqueur du Masters 2017 va alors monter en pression et se venger de façon totalement improbable en s'en prenant aux greens des six premiers trous. Difficile de savoir exactement comment il s'y est pris, les caméras n'ont visiblement pas été très alertes sur les gestes de l'Espagnol. Mais toujours est-il que plusieurs de ces tapis verts ont été scarifiés. La photo du vert du trou no 6 tweetée le lendemain par un journaliste illustre les stigmates de ce coup de nerf, une cicatrice a priori due à un coup de putter.

Ce sont les joueurs qui suivaient la partie de Garcia qui ont alerté les arbitres. Ces joueurs « ne savaient pas ce qui se passait », a raconté le directeur du tournoi David Williams à un journal écossais. « Ils voulaient savoir ce qui s'était passé sur les greens. Pour être honnête, ils étaient plutôt choqués ».

David Willams raconte être alors parti à la rencontre de Sergio Garcia sur le parcours: « Il était visiblement frustré et c'est assez inhabituel que ce genre de chose arrive. Certaines des marques étaient similaires à ce qu'on peut observer en Afrique du Sud lorsqu'une gazelle traverse un vert. Là cela aurait pu être un chameau ». Une vidéo circulant sur Twitter de l'Espagnol labourant de rage un bunker témoigne de son état de nerfs.

« Je lui ai dit qu'il pouvait être disqualifié. Il était dans sa partie mais il m'a écouté. On a échangé quelques plaisanteries et il a ensuite acquiescé et repris sa partie », selon David Williams.

L'Espagnol, 28e joueur mondial, connu pour son tempérament parfois bouillant sur le parcours, a finalement été disqualifié pour « mauvaise conduite » deux heures après la fin de sa partie. Une première sur le Tour Européen.

Incident clos

« L'incident est clos », a assuré le patron du Tour européen Keith Pelley au journal écossais, « Sergio s'est excusé auprès des joueurs et nous passons à autre chose ». Un temps envisagée, une éventuelle suspension temporaire du circuit ne semble donc plus à l'ordre du jour.

En tout cas, le joueur italien Renato Paratore, qui partageait la partie avec Sergio Garcia samedi matin ne lui en veut pas. « C'était un mauvais jour pour lui et je n'ai vu seulement qu'un trou où il a vraiment fait quelque chose de mal. (....) Je le connais vraiment bien et c'est un très bon gars. Cela peut arriver à n'importe qui ».

Il n'est pas le seul joueur par ailleurs à comprendre cette petite crise de nerfs.

« C'est un être humain qui a merdé. Il s'est excusé et il été disqualifié. Ce gars est une légende! Nous avons tous besoin de lui! », a par exemple réagi sur Twitter le golfeur français Mike Lorenzo-Vera.

Une légende avec une petite part d'ombre...