Le golf professionnel n’a pas échappé aux bouleversements survenus à cause de la pandémie en 2020. Mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que l’exercice a obligé les responsables à envisager l’avenir d’une façon différente et force est d’admettre que ce sera probablement pour le mieux.

L’interruption au tout début du Championnat des joueurs en mars dernier a signifié au bout du compte l’annulation de 11 tournois et le report de deux championnats d’importance : l’Omnium britannique et le tournoi olympique du Tokyo.

On avait disputé 22 tournois jusqu’à l’interruption. Treize semaines ont été nécessaires pour mettre de nouvelles structures en place avant de recommencer à jouer. Et on a finalement complété la saison 14 tournois plus tard.

Après des milliers de tests, quelques cas positifs et des mesures pour s’assurer de la sécurité de tous, joueurs, cadets, officiels et personnel de soutien; on a réussi à passer au travers. Au point où le PGA Tour et ses actions ont été imités par la plupart des autres sports professionnels dans leurs efforts pour amorcer une reprise.

Les grands gagnants chez les pros ont été Dustin Johnson et Bryson De Chambeau. Le premier a été véritablement confirmé dans son rôle de joueur exceptionnel en gagnant le Tournoi des Maîtres disputé curieusement en novembre et le second le fut pour sa transformation physique radicale et le changement de mentalité qu’il a provoqué au sein de la profession en remportant l’Omnium américain avec une stratégie axée sur des coups de départ astronomiques.

La moyenne des coups de départ est de 296,4 verges sur le PGA Tour. De Chambeau mène à ce chapitre avec des frappes moyennes de plus de 335 verges. Certains de ces élans propulsent la balle à près de 400 verges sans pour autant minimiser une précision étonnante.

Aucun terrain ne devrait résister longtemps à des assauts répétés comme les siens. Reste à savoir quel impact aura le très puissant cogneur sur l’avenir du jeu et sur ceux qui voudront l’imiter en poursuivant cette tendance. La puissance brute sera-t-elle la seule arme requise pour avoir du succès au golf professionnel? On entend déjà les conservateurs exiger de mettre un frein à cette tendance. Auront-ils raison?

Peu probable que les manufacturiers se manifestent clairement dans ce dossier, eux qui ont enregistré des affaires d’or au cours de l’année 2020 malgré la pandémie.

Car il faut bien l’avouer, c’est le golf en général qui a bénéficié de ce brusque changement dans nos habitudes à cause de la pandémie. Le golf, dont la popularité avait lentement diminué depuis quelques années, était à la recherche d’un remède miracle. Étonnement, c’est un virus pernicieux qui a provoqué son regain de popularité. Curieux hasard.

Au Québec, la croissance de la reprise fut un peu plus lente puisque nous avons tardé à donner le coup d’envoi à la saison. Mais on a rapidement rattrapé le boom enregistré à l’échelle nationale. Les statistiques font état d’une hausse de près de 20%, sinon davantage dans certaines régions, comparativement à l’année précédente.

Chez nos voisins du sud, qui comptent pas mal plus de palmiers et de journées chaudes, la croissance a frôlé, voire dépassé, les 40%. C’est incontestablement la plus grande victoire du golf depuis l’entrée en scène de Tiger Woods.

L’année 2021 s’annonce très intéressante à plusieurs égards pour le golf professionnel. Le calendrier PGA Tour comptera pas moins de 50 tournois. Les tournois majeurs constitueront encore les moments clés auxquels s’ajouteront bien entendu le Championnat des joueurs, le tournoi olympique et les séries éliminatoires de la Coupe FedEx, sans oublier la Coupe Ryder disputée en territoire américain. En tenant compte de la série des Championnats du monde, les golfeurs élites auront un agenda bien rempli.

La pandémie n’a pas empêché, bien au contraire, les jeux de coulisses. Il sera très intéressant de voir où mènera la nouvelle entente PGA Tour/circuit européen. Une super ligue mondiale est peut-être beaucoup moins lointaine qu’on pourrait le penser.

Le circuit féminin de la LPGA a aussi gagné de précieux points en forçant la tenue de tournois impliquant bon nombre de joueuses internationales. Le commissaire Michael Whan a discrètement mené sa barque et présenté une saison 2020 intéressante. 166 jours d’interruption, plus de 7 200 tests pour la COVID-19, 14 tournois et quatre championnats majeurs.

Une année à ce point intéressante qu’on a indiqué qu’en 2021, sans avoir perdu un seul commanditaire - un véritable tour de force dans les circonstances - on présentera un calendrier de 34 tournois pour les joueuses qui se partageront des bourses qui pourraient atteindre 80 millions de dollars. 

Par ailleurs, si vous pensiez que le phénomène de la puissance était uniquement réservé aux golfeurs masculins, détrompez-vous. La meilleure à ce chapitre au sein de la LPGA est Bianca Pagdanganan avec des coups de départ en moyenne de 283 verges et elle est venue bien près de maintenir une moyenne de 300 verges dans certains tournois. Et elle n’a rien de la carrure de Bryson De Chambeau, bien au contraire.

Belle croissance de ce circuit après des années extrêmement difficiles. Il était grandement temps que ces athlètes méritent des bourses et des attentions à la hauteur de leur talent et de leur travail.

Plus près de chez nous, comment ne pas nous réjouir de l’annonce du retour de la Coupe des Présidents au club Royal Montréal en 2024. Le doyen des clubs de golf en Amérique mérite amplement cet honneur après l’immense succès remporté en 2007 et les efforts du comité de candidature qui ont mené à cette sélection.

D’autre part, les Canadiens ont eu le mérite de se signaler à plusieurs occasions au cours des derniers mois. De plus en plus présents sur les premières pages des classements, ils ne sont plus uniquement des figurants. À preuve, cette 14e position obtenue par Mackenzie Hugues au classement final de la dernière Coupe FedEx. Les candidats québécois, en vertu de leurs résultats dans les différents circuits de développement, peuvent espérer cogner à la porte du circuit Korn Ferry dans un avenir très rapproché.

Si Brooke Henderson a encore retenu l’attention chez les Canadiennes, figurant avantageusement au 6e rang du classement mondial, il y a une jeune Québécoise qui s’est aussi démarquée chez les amateurs remportant deux tournois importants aux USA. Brigitte Thibault a terminé l’année de belle façon gagnant le Championnat Dixie Amateur en décembre devant un tableau de rivales impressionnantes après avoir inscrit plus tôt dans l’année son nom sur le trophée du Western Amateur, l’un des plus prestigieux événement du golf féminin aux États-Unis.

On se souhaite un retour progressif à la normalité pour 2021. On ne l’aura pas volé.

Meilleurs voeux à tous. On se revoit prochainement pour une nouvelle saison sur les ondes de RDS.