AUGUSTA, États-Unis - Vingt ans après son « Tiger Slam », un Grand Chelem à cheval sur deux années, Tiger Woods, convalescent après son grave accident de voiture, ne sera pas jeudi au Tournoi des Maîtres d'Augusta, où tout a commencé pour sa prodigieuse carrière désormais en suspens.

De chez lui en Floride, entre deux séances de rééducation, après ses multiples fractures à la jambe et à la cheville droites, causées par sa sortie de route et ses tonneaux le 23 février sur une route près de Los Angeles, l'homme aux 15 sacres majeurs aura sûrement le coeur serré au moment où s'amorcera le tournoi.  

C'est la quatrième fois depuis 1995 que Woods manquera ce rendez-vous qui lui est si cher. De délicates opérations au dos l'avaient contraint de déclarer forfait en 2014, 2016 et 2017, sans que personne ne le crut capable d'un retour aussi retentissant que celui réussi en 2019.

Cette année-là, il s'adjugea à 43 ans son 5e Tournoi des Maîtres. Certainement le plus émouvant de tous, en témoigne l'étreinte avec ses enfants Charlie et Sam, sur ce même vert du trou no 18 où, 22 ans plus tôt, son père Earl le serra dans ses bras.

Ce 13 avril 1997 devint celui où pour la première fois un golfeur Afro-Américain, également Asiatique par sa mère thaïlandaise, a triomphé à l'Augusta National Golf Club, sis dans l'ancienne « ceinture de coton » de Géorgie et qui fit pendant très longtemps preuve de discrimination à l'encontre des Noirs.

Valeur symbolique

Que cet endroit ait été le théâtre de son premier exploit, lui conféra une grande valeur symbolique. Et devant 43 millions d'Américains rivés devant leur écrans de télévision – jamais le golf ne fit mieux en terme d'audiences –, le jeune phénomène ne manqua pas de le souligner après avoir enfilé la fameuse veste remise au vainqueur, suggérant: « le vert et le noir vont bien ensemble, n'est-ce pas? ».

Jeudi, Augusta rendra hommage à un autre golfeur noir, Lee Elder, qui le premier participa à l'épreuve et lancera l'édition 2021, aux côtés notamment du membre honoraire Jack Nicklaus, le mentor de Woods aux six Tournoi des Maîtres et aux 18 Grands Chelems.

« Lee était un pionnier. C'est lui qui a brisé la barrière de la couleur ici et qui a ouvert la voie pour que des joueurs comme moi puissent participer au tournoi. il l'a fait en 1975, je suis né en 75, et quand j'ai gagné en 97, il était au fond du vert », se rappelait Woods l'an passé.

Le « Tigre » ne sera pas là cette année pour assister à ce symbolique moment, sur ce parcours où vingt ans plus tôt il réalisa un autre immense exploit de ce sport. Après avoir triomphé à l'Omnium des États-Unis, puis à l'Omnium britannique et au Championnat PGA en 2000, il s'adjugeait une nouvelle fois le Tournoi des Maîtres dans la foulée en 2001. 

« Un retour à Augusta? »

Un « faux » Grand Chelem en somme, qui pour être « vrai » doit être réussi sur une même année calendaire, mais qui fut baptisé le « Tiger Slam ». 

« Je pense n'avoir jamais accompli quelque chose d'aussi grand », commenta-t-il alors.

Âgé de 25 ans, Woods concéda avoir été « un peu naïf » dans son appréciation de sa première victoire de 1997 et assura enfin « comprendre ». 

« Je sais mieux ce que représente un sacre majeur, alors en gagner quatre de suite, c'est juste difficile à croire. Il faut que votre jeu atteigne son apogée au bon moment, que la chance vous accompagne, que tout se passe bien. Et que cela se produise quatre fois de suite. Les dieux du golf étaient avec moi », exposa-t-il. 

D'une certaine façon, la chance l'a aussi accompagné, il y a un mois et demi, lors de son accident. Car il aurait pu y laisser la vie.

Sa rééducation va prendre du temps et le chemin d'un retour sur les greens sera long, sans garantie qu'il y parvienne. Mais Woods et ses 82 victoires sur le circuit PGA, record codétenu avec le légendaire Sam Snead, fera sans nul doute tout pour ajouter la plus belle qui soit, en jouant à nouveau l'an prochain à Augusta. 

Qui serait un peu plus la terre de ses plus grands exploits. 

Qui enfilera le veston vert cette année ?