La dernière fois qu’on a disputé l’Omnium des États-Unis au club de golf Shinnecock Hills en 2004, on a frôlé la catastrophe tant les conditions de jeu étaient ridicules. C’est d’ailleurs à partir de ce moment que les dirigeants de l’United States Golf Association ont « très légèrement » adouci leur façon de faire en voulant présenter le meilleur test de golf au monde.

On s’attend cette année à ce que le tournoi soit disputé dans des conditions difficiles et honnêtes. C’est à souhaiter pour l’USGA qui a multiplié les gaffes au cours des dernières années tant par des sélections de parcours douteuses que par des actions et des décisions honteuses à l’endroit des joueurs et joueuses qui ont participé aux omniums américains.

On retrouve une petite touche de Montréal au club Shinnecock Hills situé à Southampton dans Long Island. Le tracé original de 12 trous est l’œuvre de Willie Davis du Club Royal Montréal en 1891. Willie Dunn y a ajouté six trous en 1894. On y a disputé l’Omnium des États-Unis deux ans plus tard, mais le défi n’était pas de taille.

On a donc fait appel à Charles B. McDonald, un réputé architecte de parcours à l’époque, qui a transformé le parcours en utilisant notamment le parcours réservé exclusivement aux femmes qui avait été aménagé en 1893. Il faut reconnaître cependant que l’aspect du club de Shinnecock Hills tel qu’on le connaît aujourd’hui est le résultat du travail de William Flynn effectué en 1937. Il n’y a pas plus « links » aux États-Unis que ce terrain établi en bordure de mer et sur des dunes de sable.

Afin de le moderniser, on a rallongé le parcours de 449 verges comparativement à 2004. De nouveaux tertres de départ ont été aménagés sur 10 trous et tous les verts ont été refaits. Grâce à des photos aériennes datant de 1938, on a conservé le design de Flynn en respectant les angles et les lignes d’attaque des allées.

Le parcours mesurera 7445 verges et sera une normale 70. En 2004, la moyenne de largeur des allées était de 26,6 verges. La moyenne cette semaine sera de 41,6 verges.

La démarcation sera progressive depuis les allées vers l’extérieur. Les joueurs qui effectueront des coups erratiques seront immédiatement pénalisés par l’herbe longue au minimum de quatre pouces puis de la fétuque très haute qu’on a semé et transplanté en provenance du parcours à normale-3 voisin.

Les fosses de sable sont nombreuses sur ce parcours continuellement balayé par le vent en provenance de l’Atlantique. Certaines des fosses sont uniquement là pour des fins esthétiques. Par contre, la plupart sont stratégiquement placées dans des zones cibles entre 275 et 300 verges des tertres de départ. Les fosses sont aussi omniprésentes autour des verts.

Tiger de retour au U.S. Open

J’attire aussi votre attention sur le trou no 7 qui est en quelque sorte ce qu’il y a de plus pur et traditionnel dans l’aménagement d’une normale-3. Il s’agit de la réplique du trou no 15 du terrain de North Berwick en Écosse aménagé en 1869 et qui porte le nom de « Redan », une expression d’origine française empruntée à l’architecture de fortifications militaires. Les caractéristiques d’un vert de ce type sont les suivantes : il s’agit d’une normale-3 dont le vert est plus large que profond. La portion gauche du vert s’éloigne du tertre de départ. Le vert est incliné de l’avant vers l’arrière et de la portion avant droite vers la portion arrière gauche. L’entrée du vert à l’avant est ouverte pour tenter d’y rouler la balle, mais la portion gauche à l’avant du vert est toujours protégée par de profondes fosses de sable.

Un piège purement diabolique où en 2004 Phil Mickelson a délibérément envoyé son coup de départ dans la fosse de sable, puis effectué une sortie afin d’obtenir un petit roulé pour la normale. La vitesse du vert était anormalement élevée, tant et si bien qu’on a arrosé ce vert afin de le rendre plus praticable, ce qui a provoqué un tollé chez les joueurs qui estimaient que certains participants avaient été favorisés.

Afin d’éviter de telles situations, on a augmenté la hauteur du gazon aux abords de quatre verts, dont le septième, afin d’éviter ce genre de situation cette année.

Avec de telles conditions, qui favoriser?

La 118e édition du U.S. Open

Les longs cogneurs précis seront favorisés donc Dustin Johnson, Rory McIlroy et Justin Thomas. Ceux qui présentent un petit jeu de qualité autour des verts auront un avantage. À ce chapitre Phil Mickelson, Jason Day et Jordan Spieth auront un avantage. Les verts sont capricieux et mériteront une attention spéciale. Day est encore à considérer dans ce département.

Restent certains détails importants : la météo. On ne prévoit pas de pluie et le vent devrait être relativement calme. On devra aussi compter sur une foule bruyante comme c’est toujours le cas lors de tournois qui se déroulent dans la région de New York. Et comme c’est toujours le cas à cet omnium, il faudra être patient et surtout ne pas vouloir corriger une erreur en commettant une autre faute.

On se voit jeudi pour la 118e édition du deuxième majeur de la saison.