MONTRÉAL – Une dizaine de jours après son arrivée au camp d’entraînement des Islanders de New York, Samuel Bolduc a commencé à recevoir des messages de ses amis au Québec. Tous le félicitaient d’être parvenu, à peine un mois après son 20e anniversaire de naissance, à se tailler un poste au sein d’une équipe de la Ligue nationale.

Parce qu’il connaissait la vérité, cette vague d’amour a fait rire Bolduc bien plus qu’elle ne l’a ému. C’est que l’ancien défenseur de l’Armada de Blainville-Boisbriand et du Phoenix de Sherbrooke n’a jamais fait sa place au sein de la brigade défensive des Islanders. En fait, ce n’est probablement même pas passé proche.

« Il y a eu comme un malentendu », s’esclaffe le jeune homme en y repensant.

Au Québec, la confusion est principalement née d’un message publié sur Twitter par Andrew Gross, un journaliste du quotidien Newsday. Le 12 janvier, Gross a cité l’entraîneur-chef des Islanders Barry Trotz, selon qui Bolduc « en avait certainement fait assez pour rester avec le groupe principal ». À deux jours du premier match de la saison, plusieurs ont conclu que l’ancien de la LHJMQ commencerait la saison dans le même vestiaire que les Beauvillier, Pageau et Dobson.

Pourtant, le lendemain, il était cédé aux Sound Tigers de Bridgeport, le club-école des Islanders dans la Ligue américaine.

« Dans le fond, en venant au camp, je ne me faisais pas d’attente, clarifie le jeune homme. Je m’attendais à jouer avec les Sound Tigers cette année. Si j’avais pu rester avec [les Islanders], sur la taxi squad, ça aurait été un plus, mais avec l’organisation, ça a toujours été clair que je passerais toute l’année à Bridgeport et je suis bien correct avec ça. Je ne veux pas sauter les étapes et je pense que j’ai beaucoup à apprendre cette année. »

N’empêche, les louanges de Trotz permettent pour l’instant de placer Bolduc du bon côté du débat qui le concernait dans les mois précédant sa sélection au 57e rang du repêchage de 2019. À l’époque, des témoignages récoltés par le collègue Éric Leblanc avaient permis de comprendre que si certains recruteurs voyaient l’athlète de 6 pieds 4 pouces dans leur soupe, d’autres doutaient de son niveau d’engagement et craignaient que son potentiel athlétique ne soit qu’un écran de fumée.

« Dans un sens oui, répond Bolduc, pas le moindrement revanchard, quand on lui demande s’il a l’impression d’avoir répondu à ces critiques avec ses récentes performances. Mais tu sais, il y a beaucoup de monde qui parle. Tout ce que je peux faire, c’est les laisser parler et faire ce que je peux faire sur la glace. [...] Je pense que plus les années vont avancer, plus je vais prendre de la confiance et plus je vais être à l’aise sur la glace. »

Bolduc estime qu’il n’a pas nécessairement fait la meilleure première impression à son arrivée à Long Island, mais plus les jours passaient et plus son niveau d’exécution dans les entraînements s’élevait au niveau de celui des vétérans. Il nomme Johnny Boychuk, qui demeure dans l’entourage des Islanders après avoir dû mettre fin à sa carrière en raison d’une blessure à un œil, comme l’un de ses principaux mentors avec la première équipe.

« Il me parlait beaucoup des choses que je devais faire pour rester dans la LNH et connaître du succès avec les Islanders. »

Du pain sur la planche

En regardant autour de lui au camp des Islanders, Bolduc pouvait facilement comprendre qu’un éventuel renvoi dans la Ligue américaine n’aurait rien d’un désaveu à son égard. Adam Pelech, Ryan Pulock et Scott Mayfield, trois réguliers à la ligne bleue de l’équipe, ont chacun passé au moins deux saisons à Bridgeport avant de graduer dans la LNH. L’organisation a utilisé de bons choix au repêchage pour recruter chacun d’entre eux, mais les a ensuite laissés éclore à leur rythme.

« Ça démontre qu’ils sont bons pour le développement ici à Bridgeport, interprète la nouvelle recrue. Ça va être bon pour moi de passer quelques saisons ici. Quand mon tour viendra, je serai prêt à rester avec l’équipe. »

L’adaptation de Bolduc au niveau professionnel devrait être facilitée par la présence de six autres Québécois au camp des Sound Tigers. Mais sur la glace, la compétition sera féroce. Parce que les Railers de Worcester ne participeront pas à la saison 2020-2021 de la ECHL, neuf défenseurs seront à la disposition de l’entraîneur pour les 24 matchs prévus – 12 contre Providence et 12 contre Hartford - au calendrier cette année.

« Je pense que le coach a été pas mal clair. Il n’y aura personne qui aura de passe-droit, il va falloir se battre pour notre poste et c’est ben correct de même. Une petite compétition à l’interne, c’est bien correct. Il va prendre les gars qui le méritent le plus, qui travaillent le plus. C’est de même que ça va marcher cette année. »