Lorsqu'on évoque à Guy Boucher son passage à McGill, un sourire s'affiche instantanément sur son visage. C'est qu'aux dires de l'actuel entraîneur-chef du Lightning, il y a passé les années les plus mémorables de sa vie.

Alors lorsqu'on lui demande s'il recommanderait à un joueur de hockey de passer par les Redmen - ou toute autre équipe du système universitaire canadien - avant de tenter sa chance au niveau professionnel, Boucher se montre fort persuasif.

« J'ai vécu des années de rêve à McGill. Quiconque voudrait s'inscrire ferait un bon choix », a déclaré celui a amassé 51 buts et 121 points avec les Redmen entre 1991 et 1995.

Le fait d'étudier et de mériter un diplôme universitaire avant d'entreprendre de jouer au niveau professionnel permet de libérer l'esprit de cette pression de performer à tout prix, selon Boucher. Celui qui dirige le Lightning depuis deux saisons se base d'ailleurs sur son expérience personnelle pour s'affirmer de la sorte, lui qui a obtenu un diplôme en histoire et une mineure en biologie environnementale avant de tenter sa chance en Europe. Il y a disputé la saison 1995-96 dans l'uniforme de la formation de Viry-Essonne, en France.

« Chaque expérience est valable dans la vie. Toutefois, c'est un ressentiment extraordinaire de savoir que si ça ne fonctionne pas au hockey, tu vas pouvoir retomber sur tes deux pieds assez rapidement. Je souhaite cette sécurité à tous les joueurs de hockey », a-t-il soutenu. « C'est merveilleux d'avoir une ouverture sur le monde, sur un autre univers que le hockey. Il n'y a rien de mieux pour gagner en confiance. »

Néanmoins, l'homme de 40 ans ne croit pas que le hockey devrait se doter du même système qu'aux États-Unis où l'université est en quelque sorte un passage obligé - dans la NCAA - pour un athlète avant d'atteindre les rangs professionnels.

« On ne pourrait pas obliger Sidney Crosby à aller se développer dans une ligue universitaire alors qu'on a constaté très rapidement qu'à 18 ans, il était déjà de calibre à jouer dans la LNH », ajoute Boucher. « Quand tu te fais offrir des millions de dollars, tu n'es pas pour les refuser. »

Cette pensée est également partagée par l'entraîneur-chef des Red Wings Mike Babcock, qui, comme Boucher, a appris les rudiments du métier à l'université McGill.

« Tu dois absolument saisir l'opportunité de réaliser ton rêve d'évoluer un jour dans la Ligue nationale si elle se présente. Dans le cas contraire, le chemin universitaire peut s'avérer une bonne avenue», a laissé entendre l'ancien capitaine et entraîneur-chef des Redmen au RDS.ca « Avec un diplôme en poche, un hockeyeur pourra tenter sa chance en Europe ou dans la Ligue de la Côte Est, sans avoir peur de mettre en péril son avenir », a-t-il ajouté.

Boucher et Babcock disent tous deux avoir apprécié leurs années à McGill pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, ils ont souligné avoir toujours ressenti une certaine fierté d'étudier dans une université qui est, en quelque sorte, considérée comme le Harvard du Canada. Deuxièmement, avec l'équipe de hockey des Redmen, ils ont développé des chimies extraordinaires avec des coéquipiers et avec les membres du personnel. Cela leur a donné l'opportunité de se retrouver dans un environnement où l'éthique de travail et l'intégrité sont à la base de la philosophie de l'institution.

« J'ai rencontré des individus de première qualité avec qui j'ai gardé contact », a confié Boucher, faisant entre autres allusion à Martin Raymond (un de ses adjoints à Tampa Bay), qui a été son coéquipier et son entraîneur à McGill. « Martin m'a coaché avec les Redmen, on y a coaché ensemble, il m'a suivi avec les Bulldogs et avec le Lightning. Ça fait 24 ans qu'on travaille ensemble. »

« La plupart de mes meilleurs amis proviennent de McGill. Je suis toujours content de revenir à Montréal et de me remémorer mes belles années passées ici », a quant à lui raconté Babcock. « Lorsque j'ai un match important à aborder, j'arbore ma cravate de McGill; elle me porte chance. »



La fameuse cravate rouge de l'Université McGill portée par Mike Babcock

Une ligue qui gagne à être connue

Guy Boucher estime que le niveau de jeu dans le Sport interuniversitaire canadien s'est beaucoup amélioré depuis quelques années et de plus en plus d'équipes de la Ligue nationale envoient des dépisteurs aux matchs afin d'y dénicher du talent.

« Je peux dire que le Lightning compte sur de tels dépisteurs. D'ailleurs, ils ont assisté à quelques matchs des Redmen cette saison. Je pense qu'avec le temps, on va s'apercevoir que c'est une ligue extraordinaire », a confié le jeune entraîneur-chef.

« Ça joue au hockey, ça joue fort. Il y a des joueurs issus de la LHJMQ qui ont de la difficulté à se tailler un poste dans cette ligue tellement l'intensité est forte à chaque rencontre. »

L'organisation de Tampa Bay a d'ailleurs à l'œil Marc-Olivier Vachon, qui a été le capitaine de Boucher du temps des Voltigeurs de Drummondville. Le jeune hockeyeur de 21 ans a participé au camp des recrues du Lightning en 2010 et il s'était très bien tiré d'affaire.

« Vachon est en plein le genre de joueur qui a pris de la maturité, de la masse musculaire et des attributs techniques depuis qu'il s'est joint au Redmen. Lorsqu'il aura mérité son diplôme, on lui fera certainement une offre. »