La vraie nature de Pierre, un court-métrage de la série 25 ans d’émotions vous sera présenté ce soir durant les entractes du match opposant le Canadien aux Blackhawks sur RDS et RDS Direct.

Pierre Gervais en a entendu des choses dans le vestiaire du Canadien. Des secrets, il en détient, mais ne comptez pas sur le gérant d’équipement pour les révéler un jour. Il les apportera dans sa tombe.

« Ça prend des années à se faire une réputation, à gagner la confiance, mais ça prend deux minutes à la défaire. Il faut que t’apprennes une chose dans ce métier-là : c’est chuuuuuut! Tu ne parles pas. T’écoutes, tu comprends, pis c’est tout », confie-t-il dans La vraie nature de Pierre, le plus récent court-métrage de la série de documentaires 25 ans d’émotions qui vous sera présenté ce soir durant les entractes du match opposant le Canadien aux Blackhawks de Chicago.

« J’ai des gens qui me demandent d’écrire un livre, qui sont après moi pour tous les souvenirs que j’ai. Mais moi, mon problème, c’est où je vais tracer la ligne? Je pourrais écrire un livre extraordinaire, un livre qui se vendrait ça n’aurait même pas de bon sens, mais je serais mieux de changer de pays. »

C’est ainsi qu’au fil de sa trentaine d’années au service du Canadien, Gervais a su gagner la confiance de tous. De la recrue qui débarque à peine à Montréal, jusqu’au directeur général.

« Marc [Bergevin], au début, il était un p’tit peu méfiant. Je le comprends et c’est correct. À force de parler à du monde et me voir aller, il a très bien compris. Aujourd’hui, une transaction, je le sais la veille, bien avant tout le monde, et rien ne sort jamais. »

Gervais est là pour faciliter la tâche de tous, rappelle-t-il. Qu’il s’agisse de respecter la loi du silence, d’affuter la lame d’un patin à la perfection, ou encore d’encourager un joueur qui en a besoin.

« Je me rappelle l’hiver passé, Carey Price ne connaissait pas une bonne séquence. Ça n’allait pas bien et on en avait perdu plusieurs en ligne. Ses affaires n’allaient pas bien. [...] Il était arrivé plus tôt qu’à l’habitude. J’étais tout seul dans le vestiaire avec lui. Ce matin-là, je sentais son état d’esprit : il regardait son équipement et se cherchait. »

Gervais intervient alors...

« Hey, Carey, le soleil s’est levé ce matin, non? »

« Yeah. »

« T’es en santé, ta femme est en santé, tes enfants sont en santé. Tu fais une pas pire paie. Life is good. On travaille fort le matin pis on se reprend. »

Des paroles que Price avait su apprécier, assure Gervais.

« Quand un joueur me dit : "Tu me rends la vie bien plus facile", ou qu’en fin de carrière, il t’écrit un p’tit mot, c’est l’fun », apprécie Gervais, tout en peinant à contenir ses émotions.

Joé Juneau, le seul

Joé Juneau n’a disputé que trois saisons dans l’uniforme du Canadien. Si ce séjour fut éphémère, il fut néanmoins marquant dans la vie professionnelle de Gervais.

« Joé, c’est le seul joueur avec lequel je suis resté en contact. Le seul, en 40 ans! »

« J’ai joué les trois dernières années de ma carrière avec le Canadien. Lors de la première saison, on a appris à se connaître. Ce n’était plus Pierre mon gérant d’équipement, c’était Pierre mon buddy », relate Juneau qui, chaque été, invite Gervais à passer du temps en sa compagnie en pleine nature.

« Pierre vient me rejoindre chez nous dans la région de Québec, on saute dans l’avion et trois quarts d’heures plus tard, on se retrouve ici », explique Juneau qui, avec Gervais à ses côtés, pilote son propre hydravion jusqu’à une terre reculée située à mi-chemin entre Québec et le Lac-Saint-Jean. 

« C’est un p’tit peu comme si le temps s’arrêtait », décrit Juneau.

Loin de l’effervescence du Centre Bell, Gervais se ressource alors et fait le plein d’énergie.

« Durant une saison de hockey, à part ma famille et mes enfants, ce qui me manque le plus, c’est ça », confie celui qui admet que la retraite approche.

« Il me reste deux ans de contrat. Je vais faire mes deux années et peut-être une ou deux de plus. Rendu à 60 ans, avec 35 ans de Canadien, je pense que je vais avoir fait ma part. Ça va être le temps de laisser les plus jeunes s’en occuper. Mais... j’ai encore du plaisir. »