MONTRÉAL – Après une accession éphémère à la Ligue nationale la saison dernière, Jesse Ylönen profite de l’hécatombe qui a frappé le groupe d’attaquants du Canadien pour obtenir un essai prolongé avec le grand club. Et comme Laurent Dauphin, avec qui il partage la glace depuis quelques matchs, l’impression qu’il laisse jusqu’à présent est positive.

Ylönen, 22 ans, fait les choses à son rythme depuis qu’il a été sélectionné au 35e rang du repêchage de 2018. Il a disputé deux saisons et demie en Finlande avant de faire le saut définitivement en Amérique du Nord. Ses progrès ont depuis été mesurés par une courbe fluctuante, mais les signes encourageants ont été assez fréquents et prometteurs pour laisser croire que la patience pourrait éventuellement rapporter gros dans son cas.

 « Il n’a pas eu un gros début de saison pour nous, note l’entraîneur-chef du Rocket de Laval, Jean-François Houle. À un moment donné, il a marqué un but, puis un deuxième et un troisième, il a pris de la confiance. Tu le vois même avec le Canadien : quand il décide de faire des jeux, il a de bonnes habiletés. Il est capable de couper au centre et de prendre des bons lancers. Il faut qu’il continue à améliorer ses batailles à 1-contre-1, mais il démontre qu’il a les habiletés pour jouer dans la Ligue nationale. »

Ylönen attire d’abord l’attention par la vitesse de ses déplacements. Ses changements de direction rapides et son flair pour le bon déroulement du jeu l’aident à s’offrir en cible pour ses coéquipiers. Ceux qui jouent avec lui aimeraient maintenant le voir utiliser son tir davantage. Houle décrit d’ailleurs la dégaine du Finlandais comme « son meilleur atout ».

« Il a le potentiel pour jouer dans la Ligue nationale, tu le vois quand il embarque avec nous en pratique, dans les matchs. Il n’a peut-être pas montré son lancer encore comme il peut, mais il en a tout un », a dit Jonathan Drouin après la victoire du Canadien contre les Flyers de Philadelphie jeudi soir. Quelques jours plus tôt, le Québécois avait préparé le premier but d’Ylönen dans la LNH, réussi à l’aide d’un solide tir sur réception décoché de l’intérieur de la ligne bleue.

« Il est confiant avec la rondelle et évidemment, il a un tir puissant. Il doit s’en servir », suggère lui aussi Dauphin.

Ylönen a dirigé quatre tirs vers Tristan Jarry mardi à Pittsburgh. Mais dans les trois autres matchs qu’il a joués depuis son rappel, il n’en a cadré que deux.

« Je pense qu’avec nous, il l’utilisait assez, estime Houle au sujet du tir de l’ailier droit. Dans la Ligue nationale, tu as peut-être un peu moins de temps, il faut que tu te mettes en position pour pouvoir lancer. »

« Ça prend du temps des fois, mais je pense que ça va bien pour lui », observe Drouin.

Dauphin : la même identité

Au début de la saison du Rocket, au moment où Dauphin revendiquait quatre buts à ses cinq premiers matchs, Houle s’était dit ravi de la façon dont son meneur offensif attaquait le filet adverse.

« On l’a montré ce matin dans une de nos vidéos, nous avait-il confié le 27 octobre. Si Laurent continue à se retrouver dans l’enclave ou alentours du filet, il va en compter pas mal cette année. »

Les propos de Houle se sont avérés prophétiques. Dauphin avait 11 buts en 18 matchs quand il a finalement été convoqué par le Canadien. Jeudi, il a marqué son premier but dans la LNH en plus de cinq ans avec la même recette qui faisait son succès dans la Ligue américaine, soit en s’emparant d’un retour près du demi-cercle du gardien.

« J’ai regardé les matchs et j’aime beaucoup la manière dont il joue, affirme Houle. Il n’a pas changé son style de jeu et c’est ça qui est important. C’est un gars qui va au filet et qui ramasse ses points autour du filet, alors il n’y a pas de surprise là. Si tu veux compter des buts, c’est là qu’il faut que tu sois. Dauphin, il paie le prix pour se rendre là et présentement ça fonctionne pour lui. »

Dauphin a joué 158 matchs dans la Ligue américaine entre sa dernière opportunité avec les Coyotes de l’Arizona et celle que le Canadien lui offre présentement. Houle croit que son bon début de saison à Laval lui a fait réaliser qu’il n’avait pas nécessairement écoulé sa dernière chance.

« La seule discussion que j’ai eue avec Laurent, c’est en début d’année. Après l’avoir vu jouer une couple de matchs, je lui avais dit : ‘Eille, t’es capable de remonter dans la Ligue nationale!’. Il avait déjà joué à ce niveau. Il avait pris du recul un peu, mais on est très heureux de le voir où il est présentement. Il a l’éthique de travail, il veut rester en haut et il fait tout pour y arriver. »

Caufield : « Ça va finir par rentrer »

On a aperçu quelque chose qui traînait depuis trop longtemps au département des objets perdus après le match contre les Flyers : le sourire de Cole Caufield. Il y avait un bail que le jeune franc-tireur n’avait pas exposé son étincelante dentition comme il l’a fait après avoir généré huit tirs cadrés sur le gardien Carter Hart jeudi.

« Je me sens comme moi-même sur la glace et je pense que je joue bien, a commenté l’attaquant recrue. J’ai mes chances et à un moment donné, elles vont se retrouver au fond du but. C’est évident que c’est frustrant pour un marqueur comme moi, mais il faut juste que je continue à viser le filet au lieu de tenter de frapper un point super précis. Éventuellement, ça va se mettre à rentrer. »

« Il progresse bien. S’il continue à avoir huit lancers par match, ça va finir par rentrer, a approuvé Dominique Ducharme. Dans les deux derniers matchs, il a frappé des poteaux, les épaules des gardiens. Il faut qu’il continue dans la même direction. Tout le monde veut des résultats. Un gars comme Cole, il veut que ça rentre, mais il y a un processus et il est dans le bon chemin. Il fait les bonnes choses. »