Il n'y a pas nécessairement beaucoup de choses à changer chez le Canadien pour replacer la situation. Je dirais qu'il faut que tous les joueurs mettent leurs bottes de travail, qu'ils s'impliquent plus et qu'ils prennent leurs responsabilités.

Depuis une quinzaine de matchs, on dirait que le Canadien a perdu l'identité qui caractérisait le club en début de saison.

Cette identité était une transition défense-attaque rapide, de la vitesse des attaquants en zone neutre et de l'échec avant pour provoquer l'adversaire dans sa zone pour obtenir des chances de marquer.

Depuis un certain temps, c'est le contraire qui se produit. Maintenant, c'est le Canadien qui subit cet échec avant. C'est le Canadien qui est embourbé dans son territoire et qui concède des chances de marquer. En contrepartie, quand le Tricolore passe à l'attaque, on ne sent pas que le club se donne de vraies chances de compter.

Quand Marc Bergevin a remplacé Claude Julien par Dominique Ducharme, le Canadien montrait un dossier de 9-5-4 et était au quatrième rang de la section Nord. Aujourd'hui, je me demande si on n'a pas paniqué trop vite et quelles sont les vraies raisons du congédiement de Julien ?

Après dix matchs sous la férule de Claude Julien, le Canadien avait une belle fiche et certains parlaient même de coupe Stanley. Dès que le club a traversé une mauvaise séquence, ce qui est tout à fait normal dans une saison, on a congédié l'entraîneur. De toute évidence, il y a quelque chose qui nous échappe dans le congédiement de Julien.

Bergevin disait que l'on avait besoin d'une nouvelle voix et je ne veux rien enlever à Ducharme, mais il faut admettre qu'il n'avait pas d'expérience dans la LNH. Soudainement, il se retrouvait à la barre d'un club qui avait des objectifs élevés.

Cette équipe ne donne pas ce que l'on attend d'elle. La direction pensait avoir un club équilibré, mais on voit plus cet équilibre. En installant Ducharme avec l'étiquette « par intérim », c'est comme si on lui mettait un couteau sous la gorge. Il se retrouve dans la fosse aux lions avec la mission de non seulement faire les séries, mais de faire un bout de chemin.

Ce que je n'aime pas de Ducharme, c'est qu'il récompense encore ceux qui ne lui donnent pas satisfaction en matière de travail, d'intensité et d'implication. Certains joueurs n'apportent rien à forces égales et ne font guère mieux lors des attaques massives.

Ducharme est toujours en audition. Advenant le cas où le Canadien était exclu des séries, je pense qu'il perdrait son emploi tout comme son patron. Même chose, je pense, si le Canadien se fait sortir en quatre dès le départ.

Dans le cas contraire, si le Canadien atteint le carré d'as en séries, Ducharme et Bergevin seront sans doute récompensés avec de nouveaux contrats. Mais force est d'admettre que ce n'est pas ce qui semble s'annoncer. Bergevin est en poste depuis neuf ans et l'équipe piétine toujours.

Heureusement, le Canadien a connu un bon début de saison et il est en bonne position pour s'assurer d'une place en séries. Je serais très déçu si cette équipe les ratait, mais si le Canadien entre dans les séries et joue de la même façon, ça risque de ne pas être plus intéressant.

Gallagher n'a pas le talent de Drouin, mais ...

Quand un club va bien, on oublie certaines performances individuelles, mais quand la formation va mal, les regards sont tournés vers ceux qui ont le talent et qui peuvent aider.

Je suis de ceux qui pensent que Jonathan Drouin a du talent, qu'il est rapide, qu'il a un bon lancer et qu'il peut prendre de bonnes décisions. Il est du lot des joueurs qui devraient aider le Canadien. Ses deux buts sont toutefois insuffisants même si l'on commence à parler de lui comme un passeur. Mais un passeur, ça compte des buts aussi.

Ce n'est pas normal de n'avoir que deux buts parce qu'il joue régulièrement en avantage numérique. Lundi, il a été utilisé pendant 14 minutes, mais régulièrement son temps d'utilisation atteignait les 16 ou 17 minutes. Ses entraîneurs lui ont fait confiance.

À mes yeux, le plus gros de ses problèmes se situe au niveau de son implication. Il ne va pas devant le filet comme Brendan Gallagher le fait. Si l'on compare les deux joueurs, Gallagher n'a pas le talent ou la vision de Drouin, mais son implication est nettement supérieure. Au nombre de fois où l'on a vu Gallagher se relever après un but, ça démontre qu'il avait le nez dans la circulation et qu'il avait payé le prix.

Je sais que ce type d'implication n'est pas nécessairement dans l'ADN de Drouin, mais je crois qu'il pourrait aller plus souvent dans la circulation lourde même si ce n'est pas aussi intense que son coéquipier.

Gallagher est important à l'équipe, mais s'il faut que le Canadien s'écroule en raison de son absence, ça veut dire qu'il y a un grand problème dans ce vestiaire.

Il est un rouage important et se donne entièrement à cette équipe. Mais au-delà de Gallagher, il y a Tyler Toffoli, Josh Anderson, Phillip Danault, Tomas Tatar et compagnie. On pourrait en nommer plusieurs autres qui pourraient prendre une partie de l'intensité du numéro 11.

Évitons les excuses

Il ne faut pas se servir de l'absence de Gallagher comme une excuse. On a dit la même chose quand Carey Price a été absent. On se disait que les choses  se replaceraient quand il reviendrait au jeu et pourtant, le Canadien a été blanchi à son retour contre Ottawa. Cessons de chercher des excuses.

Avant la blessure à Ben Chiarot, on disait que lui et Shea Weber formaient un des duos les plus lents de la LNH et pendant son absence, on parlait de lui comme si c'était le meilleur défenseur de la brigade. Chiarot est revenu au jeu et l'on n'a pas plus de résultats.

On dirait que l'équipe a perdu son âme et son ADN qui était de miser sur des trios équilibrés.

Price sera absent quelques jours en raison d'une commotion cérébrale. Moi, j'ai confiance en Jake Allen qui n'a pas obtenu l'appui de ses coéquipiers en attaque. Quand ton club  marque peu de buts, la marge de manoeuvre est mince pour un gardien. Il a très bien fait lundi contre Edmonton. Je n’ai rien à lui reprocher parce qu'il garde son équipe dans le match. Je pense que l'on peut avoir confiance en lui.

*propos recueillis par Robert Latendresse