Une chance que Carey Price a remporté le titre de sportif canadien de l’année mardi sinon les partisans du Tricolore auraient vécu une bien triste soirée au Centre Bell mardi.

Auréolé du trophée Lou-Marsh remis pour la troisième fois seulement de l’histoire à un joueur du Canadien – Maurice Richard en 1957 et Guy Lafleur en 1977 l’ont précédé –, Price a effectué une apparition presque divine au cours de la première période. Pendant un temps d’arrêt, il est apparu à l’écran géant pendant que Michel Lacroix annonçait avec sa voix de gala l’honneur réservé au gardien du Tricolore.

Debout derrière le banc du Canadien, Price s’est amusé à attiser la passion des fans du Canadien qui l’ont ovationné tout en scandant des « Carey! Carey! Carey! » habituellement réservés pour célébrer les arrêts qu’il multiplie devant le filet. On sentait derrière ces « Carey! Carey! Carey! » un plaisir évident des fans qui saluaient leur gardien pour la première fois depuis qu’il est retombé au combat, le 25 novembre dernier, à New York, alors qu’il affrontait les Rangers.

Ces quelques secondes ont d’ailleurs été les plus réjouissantes de la soirée pour les fans du Canadien. Il faut dire que les moments de réjouissance offerts par le Tricolore à ses partisans ont été plutôt rares mardi soir au Centre Bell.

De fait, une chance que cette présentation s’est déroulée en première période. Car si Price était apparu après les trois buts des Sharks qui filaient alors vers une victoire trop facile à la mi-match, le plaisir ressenti au premier tiers aurait fait place à une forme d’impatience, voire de désespoir alors que Dustin Tokarski a failli à la tâche – il a d’ailleurs été remplacé par Mike Condon – dans le cadre d’une autre défaite du Canadien. Une cinquième à ses six dernières parties.

Eh oui! Le Canadien a perdu. Il s’est incliné 3-1 face à des Sharks de San Jose qui n’avaient pas gagné (0-5-1) à leurs six derniers matchs.

Eh oui! Dustin Tokarski n’a pas été fort. Pas assez en tout cas pour racheter les erreurs multipliées par ses coéquipiers devant lui et par l’incapacité de l’attaque du Tricolore de transformer les belles occasions de marquer qu’il a générées en but.

Tokarski a une part du blâme à porter. C’est clair. Mais d’autres joueurs sont bien plus coupables que lui. Et comment! À commencer par Andrei Markov et P.K. Subban.

Brillants à plusieurs occasions depuis le début de la saison ou à tout le moins très bons dans la très grande majorité des 31 premiers matchs du calendrier, Markov et Subban ont connu leur pire match de la saison mardi.

Au lieu de s’appuyer l’un sur l’autre pour minimiser le poids des erreurs qu’ils ont multipliées, voire de les racheter, Subban et Markov donnaient plutôt l’impression de tenter de les faire oublier avec d’autres pires encore.

Ça n’a pas aidé la cause du Canadien face aux Sharks. Que non! Et comme ce n’était pas Carey Price devant le filet, les revirements affreux multipliés par le meilleur duo de défenseurs du Tricolore et les occasions généreusement offertes ont donné trois buts. Trois buts qui ont amplement suffi pour recaler le Canadien vers la défaite après sa victoire pourtant énergisante et convaincante (3-1) de samedi contre Ottawa.

Markov et Subban n’ont pas été forts. Ce qui arrive de temps en temps dans le cadre d’une saison de 82 matchs. Je crois d’ailleurs qu’ils auraient été les premiers à reconnaître qu’ils ont même été affreux s’ils avaient affronté les questions des journalistes au lieu de demeurer loin – ou d’avoir suivi la directive de se tenir loin – du vestiaire après la partie.

« Ils n'ont même pas eu à travailler pour leurs buts »

Cela dit, je trouve que Michel Therrien y est allé un peu fort en prétendant que les Sharks n’ont pas même eu besoin de travailler pour marquer les buts qui les ont propulsés vers leur victoire.

Vrai que les erreurs de Subban et de Markov ont directement mené aux trois buts. Vrai que des erreurs de couvertures défensives et un brin ou deux de générosité de la part du Tokarski ont aussi contribué à ces buts qui ont coupé l’élan du Tricolore en première période. Qui ont miné la confiance déjà fragile de son attaque.

Mais il faut aussi offrir un brin ou deux de mérite aux Sharks qui ont poussé Subban et Markov, pour ne nommer que ceux-là, à l’erreur en les pressant avec un échec avant rapide et incisif. Il faut aussi leur donner le crédit d’avoir su maximiser les occasions de marquer qu’ils ont créées. Des occasions moins nombreuses que celles générées par le Canadien il est vrai – les Sharks ont cadré seulement 18 des 38 tirs qu’ils ont tentés, alors que le Canadien a cadré 27 de ses 68 tirs tentés –, mais des occasions de grande qualité.

Condon devant Tokarski

Dustin Tokarski aurait pu être meilleur. C’est un fait. On a revu le Tokarski miniature de l’an dernier. Déjà un brin petit par rapport aux gardiens d’aujourd’hui dans la LNH, l’adjoint de l’adjoint était tellement accroupi devant son but qu’il a passé plus de temps à nager sur la patinoire qu’à se dresser devant des adversaires qui ont su en profiter. L’entraîneur-chef du Canadien a d’ailleurs eu bien raison de le rappeler au banc après le troisième but au profit de Mike Condon qui a stoppé les six tirs qu’il a affrontés en près de 29 minutes de travail en relève.

Est-ce que Michel Therrien aurait dû effectuer ce changement de gardien avant le match plutôt que d’avoir à le faire dans une situation perdante en cours de rencontre? Ce serait bien trop facile de répondre oui à cette question après les faits.

Tokarski a été très bon dans la défaite à Detroit jeudi dernier dans le cadre de sa première vraie soirée de travail avec le Canadien cette année. Il a encore été solide samedi dans la victoire aux dépens des Sénateurs d’Ottawa.

Il méritait donc un autre départ. D’autant plus que Mike Condon, malgré tout ce qu’il a accompli de bien, de beau et d’inattendu en début de saison, avait affiché quelques petits signes de fatigue et accordé quelques buts douteux avant les deux premiers matchs amorcés par Tokarski. Mais Tokarski a lui-même clos le semblant de débat qui semblait vouloir s’installer à savoir qui de lui ou de Condon était le vrai numéro deux du Canadien.

La réponse est Condon.

Price se fait rassurant

Mais au-delà cette réponse qui n’est peut-être pas de nature à apaiser l’inquiétude qui gagne de plus en plus de partisans du Canadien en raison de la tenue incertaine des deux gardiens auxiliaires, une réponse beaucoup plus rassurante est sortie de la bouche de Carey Price qui a rencontré les journalistes avant d’être présenté à la foule au premier tiers.

ContentId(3.1165723):Canadiens : Carey Price remporte le trophée Lou-Marsh
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Carey devait parler uniquement du titre de sportif de l’année au Canada qui lui a été décerné par le biais d’un vote secret tenu par 30 journalistes d’un bout à l’autre du Canada mardi matin. Je vous invite d’ailleurs à lire le texte de mon collègue Éric Leblanc sur ce sujet.

Mais avant même d’être interpellé sur la question de son état de santé, Price s’est chargé lui-même de « chasser l’éléphant » qui prenait toute la place dans la salle d’entrevues du Canadien au Centre Bell.

« Je vais bien. Je me sens bien. Ma réadaptation suit son cours. L’échéancier est respecté et j’espère que je serai de retour le plus vite possible et dans la meilleure forme possible », a indiqué le gardien du Canadien.

Carey Price n’a pas confirmé que sa blessure au bas du corps était bel et bien une blessure au genou droit. Que ce soit au niveau du ménisque ou des ligaments. Il a toutefois rassuré tout le monde en assurant qu’une intervention chirurgicale n’était pas nécessaire.

On s’entendra tous pour dire que le Canadien sera bien mieux protégé le jour ou Carey Price confirmera qu’il est en mesure à reprendre sa place devant le filet.

Mais ce retour ne presse pas tant que ça. Oui le Canadien a perdu quelques matchs en raison de l’absence de son meilleur joueur au sein de la formation. Et vous savez quoi? Il en perdra sans doute d’autres alors que des défaites seront imputées à Condon et/ou Tokarski.

« Très honoré de recevoir le trophée Lou Marsh »

Mais ça ne presse pas tant que ça quand même.

Ce qui prime d’abord et avant tout, c’est que Carey Price soit complètement remis lorsqu’il reviendra au jeu. Je sais, je sais. Le directeur général du Canadien Marc Bergevin a assuré que Price était bel et bien remis lorsqu’il est revenu au jeu après sa première absence. Que ce retour au jeu – qu’il ait été prématuré ou non – n’a rien eu à voir avec la deuxième blessure survenue contre les Rangers.

Et c’est peut-être vrai.

Mais lors du prochain retour, il faudra être plus prudent et patient encore que lors du premier. Car ce n’est pas à la 3e semaine de janvier ou même la 2e de février que le Canadien aura besoin d’un Price au sommet de sa forme. C’est en avril, mai et juin prochain alors que les jambières et la pression seront très lourdes que le genou de Price devra tenir le coup.

Il me semble que c’est une raison suffisante d’afficher un heureux mélange de prudence et de patience...