BROSSARD – Alexandre Alain risque de passer pour une drôle de « bibitte » cette saison dans l’entourage du Rocket de Laval. Pas certain qu’au milieu du mois de novembre, au retour d’un troisième match en trois jours sur la route, il trouvera bien des coéquipiers pour l’aider à réviser ses notes d’anatomie ou terminer un devoir de biologie.   

Parce que non, le joueur-étudiant par excellence au hockey junior canadien la saison dernière n’a pas l’intention de s’asseoir sur les dollars que lui ont octroyés le Canadien en le mettant sous contrat en mai dernier et de se laisser endormir par son rêve de jouer un jour dans la Ligue nationale.

Le hockey sera la priorité d’Alain cet hiver. « Il faut que je donne un coup parce que j’ai vraiment une belle opportunité », comprend-t-il à l’aube de son passage chez les professionnels. Mais le sport ne sera pas la seule carte dans son jeu. Il ne l’a jamais été.

Détenteur d’un diplôme d’études collégiales en sciences de la santé, le jeune homme de 21 ans entend suivre des cours à distance cet hiver. « Juste pour m’occuper », dit-il, comme si sa nouvelle vie ne s’annonçait pas déjà assez bien remplie. Cette problématique de dépendance aux jeux vidéo qui semble gagner le monde du hockey junior et professionnel? Voilà un jeune dont Joël Bouchard ne devrait pas avoir à s’inquiéter.

« Pour moi, concilier le sport et les études, ça n’a jamais été un problème. Je pense même que ça m’a toujours aidé, réfléchissait tout haut Alain lors de sa participation au camp des recrues du Canadien. J’ai toujours dit que j’ai adopté des habitudes de travail que j’ai pu amener au hockey. »

Alain ne peut évidemment pas se permettre de s’investir à temps plein dans la poursuite d’un baccalauréat. Son plan est de prendre quelques cours reliés à la médecine, son domaine de prédilection, question d’avoir une tâche allégée le jour où son après-carrière prendra toute la place.

« Mes parents m’ont toujours influencé à travailler fort à l’école. Dans le midget AAA, au secondaire, j’avais de bons résultats. Ensuite quand je suis rentré au cégep, mon but était vraiment de rentrer en santé par la suite et je savais que j’avais besoin d’avoir des bonnes notes. Dans le junior majeur, je voulais étudier comme un étudiant normal, je ne voulais pas que le hockey nuise au reste. Je pense que c’est ce que j’ai réussi à faire. En ce moment, c’est sûr que je mets ça un peu plus sur la glace, en voulant dire que je mets ça un peu plus au ralenti. Je me concentre plus sur le hockey, mais c’est sûr que je vais prendre des cours juste pour mon intérêt personnel et pour m’avancer un peu. »

À la « Confrontation des recrues » qui avait lieu en fin de semaine dernière à Laval, Alain a eu un premier aperçu de ce qui l’attend cette saison. Plusieurs des joueurs qu’il a affrontés parmi les espoirs des Sénateurs d’Ottawa et des Maple Leafs de Toronto avaient un peu d’expérience dans la Ligue américaine ou dans différents circuits professionnels en Europe. D’autres étaient d’anciens choix de première ronde qui sont beaucoup plus près de la LNH qu’il peut lui-même l’être. Et l’ancien des Olympiques de Gatineau et de l’Armada de Blainville-Boisbriand a paru dans son élément.

« Passer pro, c’est une grosse étape. Les gars sont plus vieux et plus matures physiquement. Mais je pense que j’ai grossi aussi et je suis rendu à 21 ans. À 17 ans, j’aurais peut-être été intimidé, mais là je suis prêt, je suis mature physiquement. Je suis en confiance. Mentalement aussi, je suis prêt. Je pense que je suis prêt à accéder à ce niveau-là. »

Entre muses et montagnes

Natif de Québec, Alain a passé l’été dans sa ville natale avec le même groupe d’entraîneurs et de partenaires dont il s’était entouré pendant ses années junior. Parmi ses compagnons de labeur estival, il compte Jonathan Marchessault et Yanni Gourde, deux joueurs qui n’ont bénéficié d’aucuns privilèges pour atteindre le plus haut niveau et y briller.

Marchessault a passé quatre saisons complètes dans la Ligue américaine avant de percer dans la LNH, à l’âge de 24 ans. Gourde a quant à lui vécu son éclosion à 26 ans après cinq ans d’apprentissage dans les circuits mineurs.

« C’est motivant de s’entraîner avec ces gars-là, qui ont eu du succès et qui ne l’ont pas eu facile non plus. Ils ont commencé dans les mineures, dans la East Coast. C’est le fun de les voir "performer" et moi ça me pousse à faire la même chose. »

Autre preuve de son caractère distinct dans un domaine où tout le monde semble parfois sortir du même moule, Alain a aussi consacré une partie de la belle saison au voyage et à la randonnée pédestre. Avec sa copine et des amis, il s’est notamment rendu à Hawaii et en Alberta pour s’aérer l’esprit en altitude.

Le golf et le bateau sur le lac? Sans façon, merci.   

« Je trippe vraiment plein air, hiking. La fin de semaine, souvent, on essaye de faire le plus de montagnes possibles. Mes parents ont toujours fait du camping, j’ai toujours été un gars comme ça aussi. Ça fait du bien, ça permet de déconnecter de la pression de la ville. Je me suis entouré de personnes qui aiment ça aussi donc l’été, j’essaie vraiment d’en profiter au max. »

« Oui j’essaie de patiner beaucoup, précise Alain. Mais en dehors de ça, j’essaie de vraiment décrocher du hockey, de passer à autre chose, de parler d’autre chose aussi. Ça me fait du bien et après, je peux arriver au camp prêt mentalement pour la nouvelle année. »