Rayé de la formation lors des cinq des dernières rencontres après un début de saison décevant offensivement, il y a eu de nombreuses spéculations sur les raisons ayant mené l’entraîneur-chef Michel Therrien à agir ainsi à l'égard d'Alexander Semin. L’explication de Therrien fut que Semin n’était pas en mesure de suivre la cadence imposée par la vitesse du Canadien, mais à quel point est-il vrai d’affirmer cela?

Évidemment, Semin ne profite plus de la même vitesse qu’il avait étant plus jeune. Ainsi, par moments, il semble avoir ralenti sur la patinoire, mais cela ne semble pas l'empêcher de se trouver à proximité de la rondelle. D’ailleurs, de nombreux bons joueurs de hockey ayant perdu de leur rapidité ont été en mesure de compenser cela par leur sens du hockey. Il suffit de penser au défenseur Andrei Markov.

Cependant, il y a des raisons permettant de croire que Semin pourrait présenter une lacune dans une autre facette de son jeu : l'attaque lors d'une poussée offensive. En effet, les Canadiens ont marqué 12 buts en contre-attaque cette saison, se classant au deuxième rang de la ligue derrière les Sénateurs d’Ottawa, en plus de mener la LNH pour le nombre de passes offensives complétées en contre-attaque. Plus précisément, le CH aiment tirer profit de leur vitesse en transition pour générer des occasions de marquer, action à laquelle Semin a du mal à contribuer.

Alex Semin

Après 10 matchs, Semin n’a toujours pas complété une seule passe en territoire adverse lors d'une poussée offensive à égalité numérique, alors qu’il préfère ralentir l'action en zone adverse pour y entamer des jeux de passes. Autrement dit, il préfère déjouer les équipes adverses de cette façon plutôt que de profiter de la cohue générée lors des pousées offensives.

De plus, le jeu de Semin est plus qu'ordinaire lorsqu’il est temps de transporter lui-même la rondelle. À l’inverse, ses compagnons de trio Alex Galchenyuk et Lars Eller se classent respectivement premier et deuxième parmi les attaquants du Canadien pour les sorties de zone en possession de la rondelle, ainsi que cinquième et deuxième pour les entrées de zone en possession de la rondelle. Ces statistiques pourraient s’expliquer davantage par l’efficacité de Galchenyuk et Eller dans cette facette du jeu que par une éventuelle incapacité de Semin à transporter la rondelle.

Semin a également eu de la difficulté à générer des tirs depuis l’enclave, problème auquel le Tricolore voudra assurément remédier pour bénéficier pleinement de son puissant lancer. Pour une raison quelconque, Semin a semblé timide au moment d’entrer dans l’enclave en possession de la rondelle, préférant décocher des tirs de plus loin. Bien que cette stratégie puisse paraître frustrante pour les partisans observant Semin, elle a généré davantage de retours de lancer, qui sont ensuite devenus des occasions de marquer pour Eller et Galchenyuk. Cependant, ceux-ci n’ont pas été en mesure de capitaliser lors de ces occasions.

Quoiqu’il y ait débat à savoir si les faiblesses dans le jeu de Semin ont été assez importantes pour qu’il passe le tiers de ce début de saison sur la galerie de presse, par souci d’équité, il s’avère également nécessaire d’analyser les forces d’Alexander Semin.

Alors que Semin n’a pas été impressionnant en contre-attaque, il demeure que son jeu en territoire offensif a été exemplaire. Plus particulièrement, aucun joueur des Canadiens n’a été en mesure de rejoindre un de ses coéquipiers dans l’enclave davantage qu’Alexander Semin, celui-ci ayant aussi le plus haut taux de réussite de l’équipe pour ces passes.

Alex Semin

D’autre part, Semin reprend possession de la rondelle en zone offensive à 11,7 occasions pour chaque tranche de 20 minutes qu’il passe sur la glace à égalité numérique. À ce chapitre, il est seulement devancé par Brendan Gallagher. De plus, Semin peut se vanter d’avoir le plus haut taux de réussite pour les passes complétées en zone offensive parmi les tous attaquants du tricolore alors qu’il est aussi l’attaquant complétant le plus de passes en territoire adverse. Ajoutons que Semin a le deuxième plus haut taux de réussite pour les passes complétées, peu importe où il se trouve sur la glace, Brian Flynn étant le seul ayant fait mieux que l’attaquant russe.

De plus, lorsque Semin est dans la formation, le CH a eu davantage possession de la rondelle, cela se traduisant particulièrement dans le jeu d'Eller et de Galchenyuk. Plus précisément, en compagnie de Semin, ce trio a généré 56,5% des tirs décochés à égalité numérique, ce chiffre chutant à 47 % après le retrait de l’alignement de l'ailier russe.

En plaçant un joueur sur la galerie de presse, il y aura nécessairement des pours et des contres. Depuis le retrait de Semin de la formation, le Canadien semble avoir amélioré sa contre-attaque et sa vitesse d’exécution, mais il a également généré moins d’occasions de marquer et il a passé moins de temps en possession de la rondelle, ce qui est partiellement attribuable à une deuxième ligne plus faible. Il sera intéressant de voir la stratégie que préconisera Therrien à long terme, ou bien encore s'il adoptera un style de jeu totalement différent.