Qu’arrive-t-il au Canadien de Montréal? Mis à part l’étonnante symétrie où le CH a échappé seulement 11 points lors de ses 26 premières parties tout en récoltant seulement 11 points lors des 26 rencontres suivantes, la situation est telle qu’il n’y a maintenant que bien peu d’espoir, s’il en reste encore, pour la présente saison.

La vidéo exclusive de RDS où Carey Price patine, diffusée plus tôt cette semaine, a semblé être le coup de grâce pour les partisans entretenant l’espoir que le meilleur joueur de l’organisation pourrait changer la donne, alors que Price était visiblement en douleur sur la patinoire. Depuis, l’état de Price a semblé s’améliorer, mais il demeure improbable que Price retourne au jeu pour plus que quelques parties, question de revenir à l’action avant l’été pour le bien de sa santé mentale.

Il reste maintenant 30 parties pour résoudre les problèmes du Canadien, il faut commencer par tenter d’identifier ce qui va de travers.

Les explications formulées vont d’un manque de talent dans l’organisation à un trop grand nombre de tirs décochés en périphérie, jusqu’à blâmer le personnel d’entraîneurs. Le Canadien décoche beaucoup plus de tirs en périphérie depuis le 2 décembre, mais à quel point cela fut-il un facteur important?

SportLogIQObservons d’où le Canadien décoche ses tirs depuis le 2 décembre, cela étant également valable pour ses adversaires, connaissant les taux de conversion de tentatives de tir en but pour chaque zone.

En jetant un regard rapide à la provenance des tirs, votre première pensée sera probablement qu'il n’y a pas une grande différence, et vous avez raison. Une plus grande proportion des tentatives de tir décochées contre le Canadien provient de l’enclave, mais la différence est de seulement 2,4 %, leurs adversaires décochant 32,8 % de leurs tentatives de tir depuis l’enclave et le Canadien décochant seulement 30,4 % de ses tentatives de tir depuis cette zone.

Ce n’est pas un bon résultat, mais le Canadien a été en mesure de générer plus de tentatives de tir au cours de cette période. Cela signifie que malgré la différence de pourcentage, le Canadien a généré 492 chances de marquer lors de cette période, tout en accordant 432 de ces chances. Malgré tout, il a tout de même obtenu 53,2 % des chances de marquer.

En effet, en utilisant les taux normaux de conversion de tentatives de tir en buts, depuis le 2 décembre, le Canadien devrait avoir dominé ses adversaires 69 à 58 sur la feuille de pointage, mais il a plutôt été dominé 85 à 48. C’est une différence négative de 48 buts. Cela signifie que le Canadien devrait normalement maintenir un taux de conversion de tentatives de tir en buts de 8,12 % et un pourcentage d’arrêts de 91,6 %, mais que leurs récentes performances sont de l’ordre d’un taux de conversion de 5,6 % et d’un pourcentage d’arrêts de 87,8 %.

Évidemment, ce qui arrive au Tricolore cette saison dépasse les données portant sur les lancers et leur provenance. Une part du problème est indéniablement imputable aux performances timides des gardiens. Mike Condon et Ben Scrivens n’ont pas été en mesure d’insuffler confiance à leur équipe, mais à la lumière des chances de marquer accordées, la couverture du Canadien en territoire défensif se situe sous la moyenne de la LNH. Bref, il est possible de pointer plusieurs problèmes.

Ce qui arrive présentement au Canadien va au-delà ce qu’il est possible de mesurer à l’aide de statistiques. Il y a plusieurs facettes du jeu où le CH connait des ennuis, mais dans aucune d’entre elles, il ne se classe parmi les pires formations de la ligue, sauf pour les points récoltés. La confiance du Tricolore a été ébranlée comme jamais dans l’histoire de l’organisation, c’est pourquoi la responsabilité passe des joueurs au personnel d’entraîneurs et à la direction.

Lorsque les 23 joueurs réguliers connaissent des difficultés, le problème n’est pas les joueurs. Ce que Marc Bergevin doit savoir, et il le sait probablement, c’est que sa formation a du bon. Il y a des faiblesses, c’est sûr, mais c’est une formation digne des séries éliminatoires, peu importe ce qui arrive présentement.

Marc Bergevin doit trouver les problèmes du Canadien et les régler. Il doit le faire avant la fin de la saison, même si cela signifie que leur choix au repêchage ne sera pas aussi bon.