Les deux défaites de cette semaine vont-elles miner le moral des partisans du Canadien? Ce serait bien injuste envers leur équipe préférée ! Car la fiche de 6-3-1 en 10 matchs depuis le début de cette courte saison représente jusqu’ici un très beau cadeau qui leur est offert. Soyons honnêtes : qui aurait parié sur un tel rendement ?

Plusieurs de mes collègues de RDS ont déjà passé l’équipe au peigne fin sur nos différentes plateformes et j’endosse les conclusions qui semblent émerger après ce premier segment du calendrier. Les points positifs sont nombreux et il y a matière à confiance tant sur le plan collectif qu’individuel. Certes, on sera tous d’accord pour dire que le trio Desharnais-Pacioretty-Cole doit en donner un peu plus et que l’indiscipline représente un problème urgent à régler, mais il faut aussi admettre que, globalement, l’équipe nous offre du très bon hockey, match après match. Le Canadien aurait très bien pu afficher un rendement de 8-2-0 à ce jour, n’eut été de quelques défaillances ponctuelles contre Boston et Buffalo. Il aurait peut-être fallu un peu plus de structure, de mordant et de « volonté d’en finir »!

J’ai toujours cru dur comme fer, du reste, qu’au-delà du talent brut, dans quelque sport que ce soit, il faut « apprendre » ou « réapprendre à gagner » avant d’y arriver avec régularité et le Canadien n’échappe pas à cette réalité. Cela ne se fait pas du jour au lendemain et il faut être patient. Pour les très jeunes athlètes, surtout, il y a ces complexes notions techniques et tous ces raffinements inhérents à chaque sport d’élite qui doivent être assimilés complètement, au point de devenir éventuellement de simples gestes de routine. Pour atteindre cette étape, il n’y a pas de miracle, même pour les surdoués. Il faut mettre en pratique ce que l’on apprend, en acceptant les erreurs d’exécution ou de jugement et en s’assurant de ne plus les répéter. Bien sûr, les plus talentueux le feront beaucoup plus rapidement, les plus éveillés reconnaîtront les pièges plus facilement, mais il faut quand même passer à travers le processus.

Puis, il y a la confiance. Loin d’être une notion abstraite, elle est à la base même du succès sportif. Or, on ne peut « enseigner » comment avoir confiance. Pour les plus jeunes, cela doit s’installer naturellement, à mesure que l’on passe avec succès les étapes décrites précédemment. Pour les plus vieux, il s’agit de retrouver cet état d’esprit positif, cette sérénité que l’on en vient à perdre à mesure que les revers s’accumulent et là aussi, il faut du temps pour renverser la mauvaise tendance. Il faut aussi croire en ceux qui dirigent, qui enseignent, qui conseillent.

De la somme de ces deux notions, découlera forcément le succès, voire même « l’opportunisme ». Les définitions littérales de ce dernier terme, comme celles que l’on accepte généralement dans le sport, vont dans le même sens. Il s’agit de cette faculté d’adaptation à différentes situations et de la transformation éventuelle à son propre profit. Combien de fois avons-nous entendu parler, dans l’histoire du hockey et du sport en général, de grands revirements, de rebondissements spectaculaires, voire même de « fantômes » qui sortent des murs pour transformer en triomphe les causes en apparence perdues ? Sur une grande échelle, le Canadien des années 1970 illustre parfaitement ce concept. Sur une plus petite échelle, on n’a qu’à revivre le match de mercredi qui est allé du côté des Bruins, même si le Tricolore a mieux joué.

L’édition 2013 du Canadien repose sur des bases solides, c’est clair. On a qu’à prononcer les noms de Price, Markov et Plekanec pour le constater. Cette équipe est aussi promise à un très bel avenir. Suffit de prononcer les noms de Galchenyuk, Gallagher et Subban pour s’en convaincre. Cette équipe bien dirigée connaîtra de biens meilleurs moments que ceux de la saison dernière, c’est certain. Mais elle connaîtra des ratées, à l’occasion, comme ce fut le cas cette semaine. Ainsi est fait le tortueux chemin qui mène éventuellement vers la victoire !