Assoyez-vous, faut qu’on se parle. J’adore votre passion et votre intensité. Mais ne vous laissez pas aveugler, dans ce cas-ci assourdir serait plus approprié, par les hauts et les bas d’une saison de hockey. Je réponds ici à vos réactions à la suite de mon intervention en troisième période du match contre les Flyers. Une intervention où j’analysais le travail de Carey Price alors qu’il ne se trouvait qu’à quelques pieds de moi.

Si nos emplacements respectifs, alors qu’il venait de se faire retirer d’un deuxième match consécutif pour la première fois de sa carrière, n’étaient pas idéaux pour ce genre de discours, il n’en reste pas moins que cette situation ne m’empêchera jamais de faire mon travail et de toucher aux sujets chauds de l’heure. En fait, ma position avantageuse me permet de vous livrer informations, échanges et rétroactions privilégiées dans le feu de l’action. Et, à moins de favoriser l’hypocrisie ou d’être un partisan de ceux qui se cachent derrière un clavier et un pseudonyme pour critiquer autrui, impossible d’invoquer un manque de respect.

En matière, j’assume entièrement mes propos et je réitère ce que j’ai dit en réponse à la question d’un téléspectateur : « Pour rebondir, Price devra mettre les bouchées doubles pour repérer plus rapidement les rondelles. Retracer visuellement la trajectoire de celle-ci, même dans une circulation dense, permet à un gardien de la trempe de Price d’effectuer les arrêts sans que la rondelle ne passe « à travers » lui. La tête agit comme un gouvernail lors des déplacements, raison de plus pour suivre la rondelle des yeux en tout temps. »

Et, pour votre information, je lui dirais en anglais aussi et toujours sans me défiler. C’est sous-estimer un athlète du niveau de Carey de croire que ce n’est pas la vérité qu’il veut entendre. C’est aussi être déconnecté du monde du hockey de penser, ou d’entendre, que ces critiques sont virulentes. Je pointe du doigt un aspect technique qui se pratique à l’entraînement pas l’individu que je respecte au plus haut point. Ces entraînements qui sont rares lors d’un calendrier compressé, encore plus rare au beau milieu d’une semaine chargée; un défi supplémentaire. J’agirais avec plus de doigté si j’étais son entraîneur des gardiens, ce que fera Pierre Groulx indubitablement avec la vidéo en appui, mais je n’ai pas à gérer ses émotions comme je suis désormais analyste.

L’écoute est primordiale. Le message que nous livrons, soir après soir, est dans l’ensemble du reportage. Comme lorsque j’ai parlé de ses nouvelles jambières, ou de ses arrêts contre Voracek. Comme quand je l’insère dans mon top-5 des gardiens où il trône depuis le début de la saison. Pour faire ce discernement, il faut laisser ses émotions à la porte avant d’entrer. En tant qu’ancien gardien, du point de vue du potentiel, du gabarit, des habiletés et du talent brut je suis le premier à reconnaître la grande qualité de Price. Rebondir face à l’adversité fait aussi partie de ce qui façonne un athlète et je n’ai aucun doute qu’il le fera.

La vérité, la vraie? Une mauvaise passe, tous en connaissent. Vous, moi, Carey Price. Il doit reprendre son aplomb, mais l’ensemble de l’œuvre devra être plus cohésif. Les Canadiens doivent rapidement retrouver leur concentration, leur intensité et leur vitesse. Ils ne peuvent perdre autant de disputes pour la rondelle et espérer gagner de façon constante. Quelques performances décevantes sont souvent tout ce qu’il faut pour semer un tout petit doute dans la tête d’un groupe fier, même uni. Et c’est dans le doute que l’identité propre devient en péril. Ce groupe qui a trimé si dur pour transformer sa culture intrinsèque ne doit pas perdre cet avantage psychologique dont une équipe qui se connaît bénéficie. Surtout à l’approche des séries.

Pour ce qui est de vos réactions et de mon intervention? La seule fois où j’ai reçu autant de messages à la suite d'un commentaire : quand j’ai encensé Price! Alors je comprends votre passion sur le sujet. Ainsi, je vous promets rigueur sans préjudices, souci du détail, dans le fond et dans la forme, et de le faire en temps réel, avec vous, sans filet. Mais je ne peux vous promettre de toujours vous faire plaisir…