TABLEAU DES TRANSACTIONS | SUR LE MARCHÉ

MONTRÉAL - Malgré les appels répétés des partisans qui réclamaient du renfort, Marc Bergevin a donc maintenu la confiance affichée à l’endroit de son équipe en se gardant d’effectuer un coup d’éclat à la date limite des transactions.

 

Personne ne devrait être surpris.

 

Car c’est une stratégie qu’il reprend année après année depuis son embauche à Montréal alors qu’il préfère la période estivale à la frénésie du dernier droit de la période des transactions pour donner ses plus gros coups de barre.

 

Le DG du Canadien a aussi respecté une autre de ses philosophies. Celle selon laquelle un club de la LNH n’a jamais trop de défenseurs. Marc Bergevin a donc ajouté Erik Gustafsson à sa formation tout juste avant que le couperet ne tombe sur la période des transactions.

 

Âgé de 29 ans, le défenseur suédois s’amène en renfort avec Jon Merrill que le Canadien a acquis dimanche.

 

À quoi s’attendre de Gustafsson? Vrai qu’il a connu une saison de 17 buts et 60 points en 79 matchs disputés en 2018-2019 avec les Blackhawks de Chicago. Depuis, cette production a chuté : sept buts, 39 points en 93 matchs avec les Hawks, les Flames et les Flyers.

 

Erik Gustafsson était d’ailleurs dans les mauvaises grâces d’Alain Vigneault et de ses adjoints à Philadelphie puisqu’il a été écarté de la formation lors des six dernières parties.

 

De fait, Chuck Fletcher l’a pratiquement donné au Canadien puisque le directeur général des Flyers s’est contenté d’un choix de septième ronde en 2023 en guise de compensation, même s’il paiera la moitié du salaire de son ancien défenseur – contrat d’une saison d’une valeur de 3 millions $ – d’ici à la fin de la campagne.

 

On se rappellera que le Canadien a dû offrir un choix de 5e ronde en plus de sa sélection en deuxième ronde du prochain repêchage aux Sabres de Buffalo pour qu’ils conservent 50 % du contrat d’Eric Staal.

 

Alors : à quoi vraiment s’attendre de Gustafsson?

 

À un défenseur de profondeur que Dominique Ducharme pourrait « protéger » au sein d’un troisième duo et se tourner vers lui lors d’attaques massives pour profiter de ses aptitudes offensives.

 

Gustafsson se retrouve assurément derrière Jon Merrill au sein des effectifs actuels du Canadien. Des effectifs qui seront rehaussés d’ici peu avec le retour au jeu de Ben Chiarot.

 

Une fois Chiarot remis de la fracture à la main droite subie le 10 mars dernier, à Vancouver, Gustafsson, Merrill, Brett Kulak et Alexander Romanov se battront pour les deux places disponibles au sein du troisième duo d’arrières. Si aucune autre blessure ne vient brouiller les cartes bien sûr.

 

Après avoir acquis Eric Staal pour donner plus d’expérience à son attaque, Erik Gustafsson et surtout Jon Merrill viendront donc stabiliser une défensive chambranlante dès que leur quarantaine sera complétée.

 

Est-ce que ce sera assez pour terminer l’année en force et connaître du succès en séries éliminatoires?

 

La réponse viendra au fil des prochains matchs.

 

Mete à Ottawa

 

Le Canadien a toutefois perdu un défenseur lundi alors que Victor Mete, réclamé au ballottage par les Sénateurs, a pris la direction d’Ottawa.

 

Ce départ du jeune défenseur de 22 ans n’a pris personne par surprise au sein de l’état-major du Canadien. S’il était clair que Mete ne figurait plus dans les plans de l’équipe, il était plus clair encore qu’une formation rivale prendrait une chance sur lui. D’autant qu’il était disponible gratuitement.

 

Les Sénateurs ayant échangé Mike Rielly aux Bruins de Boston dimanche, le directeur général Pierre Dorion a donc profité de la présence de Mete au ballottage pour aussitôt remplir le vide créé sur le flanc gauche de sa brigade défensive.

 

À court terme, les Sénateurs perdent un brin au change. Mais comme les « Sens » sont encore loin d’une course sérieuse pour une place en séries, le temps permettra peut-être à Mete, qui est cinq ans plus jeune que Rielly, de trouver une manière de non seulement obtenir un poste régulier à Ottawa, mais de s’établir dans la LNH.

 

En 185 matchs dans l’uniforme du Canadien, Mete aura donc marqué quatre buts et ajouté 30 passes. Des statistiques un brin timides considérant la qualité de son coup de patin, de ses passes, de sa vision et de sa capacité à bien relancer les attaques. Inversement, le manque de puissance et de vigueur de ses tirs explique le fait qu’il ait touché le fond du filet trois fois seulement.

 

Bien que très souvent débordé en zone défensive et dominé dans les batailles à un contre un le long des bandes et devant le filet, Victor Mete a maintenu un différentiel de + 36 depuis le début de sa carrière. Une très bonne note à ajouter à son dossier.

 

Il sera intéressant de voir le genre d’impact que Mete aura avec sa nouvelle équipe. On en aura une bonne idée assez rapidement. Mete n’ayant pas à se soumettre à une quarantaine de sept jours et qu’il pourrait donc affronter son ancien club samedi prochain alors que les Sens seront les visiteurs au Centre Bell.

 

Les Leafs ajoutent Foligno et cie

 

Même si ses Maple Leafs sont bien campés au premier rang de la division Nord en plus d’être les favoris pour sortir du Canada et atteindre le carré d’as de la LNH, Kyle Dubas a adopté une stratégie différente à cette de Marc Bergevin. Il a ajouté de l’expérience et de la combativité à l’attaque et un brin d’assurance devant le filet.

 

Des cinq acquisitions effectuées par Dubas, Nick Foligno est celle qui retient le plus l’attention. À 33 ans, celui qui était capitaine des Blue Jackets devrait être survolté à l’idée de quitter un club qui piquait du nez pour rejoindre une équipe qui peut aspirer aux grands honneurs.

 

Déjà reconnu pour sa hargne et son leadership, Foligno apportera une dose supplémentaire d’énergie aux Leafs qui ont donné leur choix de première ronde en 2021 aux Jackets pour l’obtenir. Les sept buts marqués et 16 points récoltés en 42 matchs jusqu’ici confirment une baisse de production attribuable aux années qui passent. Mais qui sait? Si l’âge n’a pas étiolé son caractère, peut-être que le fait de se retrouver au sein d’une équipe aussi bien nantie à l’attaque lui permettra de retrouver un peu de la touche offensive qui le caractérisait dans ses belles années.

 

On verra. Mais Foligno demeure une belle prise pour les Leafs qui ont aussi mis la main sur des joueurs de soutien en Riley Nash, Antti Suomela et Ben Hutton.

 

Parlant de soutien, l’incertitude quant à l’état de santé de Frederik Andersen a poussé Kyle Dubas à faire l’acquisition de David Rittich des Flames de Calgary. En retour d’un choix de troisième ronde en 2022, les Leafs obtiennent une police d’assurance devant le filet.

 

Jack Campbell, qui vient d’établir un nouveau record de la LNH avec 11 gains consécutifs à partir du début d’une saison, remplace avec panache le numéro un des Leafs. Il sera d’ailleurs en quête d’une 12e victoire, lundi soir, face au Canadien.

 

Derrière Campbell (11-0-0, 1,88 but alloué par match, 93,4 % d’efficacité) les Leafs comptaient déjà sur Michael Hutchinson (4-2-1, 2,42 buts alloués par match, 91,9 % d’efficacité) et la recrue Veini Vehvilainen qui a effectué une courte présence en relève cette saison.

 

Rittich, âgé de 33 ans, qui a pris part à 15 matchs avec les Flames cette saison (4-7-1, 2,90 buts alloués par match, 90,4 % d’efficacité) permettra aux Leafs d’avoir plus d’options si Andersen doit prolonger sa convalescence et que la période de grâce que traverse Jack Campbell actuellement prend fin abruptement.

 

Des plans B, C ou D à Winnipeg et Edmonton

 

Ailleurs dans la division nord, les autres adversaires du Canadien ont été assez tranquilles.

 

Les Jets et les Oilers avaient vraiment besoin de renfort à la ligne bleue. Je suis convaincu que Kevin Cheveldayoff et Ken Holland ont dû passer à des plans B, C, voire D tant Jordie Benn – acquis des Canucks en retour d’un choix de 6e ronde en 2021 – et Dmitry Kulikov – acquis des Devils pour un choix de 4e ronde en 2022 – peineront à combler les brèches à Winnipeg et Edmonton.

 

Mais bon! Les Jets comptent sur une attaque redoutable et sur un des très bons gardiens du circuit en Connor Hellebuyck qui a d’ailleurs obtenu la première étoile de la dernière semaine dans la LNH. Quant aux Oilers, bien qu’ils soient moins bien nantis devant le filet que les Jets, ils ont Connor McDavid et Leon Draisaitl. Ce qui n’est pas rien !

 

À Calgary, les Flames ont résisté à amorcer un changement de la garde. Ils ont gardé leur noyau d’attaquants intact alors que Brad Treliving a simplement rendu service à Sam Bennett qui ne figurait plus dans les plans de son équipe.

 

Hall en renfort à Boston

 

Bien qu’ils comptent sur l’un des meilleurs trios de la LNH – Marchand-Bergeron-Pastrnak – les Bruins de Boston ne jouent que pour ,500 (11-11-4) depuis le 13 février.

 

Bien qu’insuffisant, ce rendement permet aux Bruins (48 points) de se maintenir au quatrième rang de la division Est. Ils profitent d’un coussin de quatre points devant les Flyers et les Rangers avec, en prime, deux matchs de plus à disputer que Philadelphie est Boston. Pour permettre à son équipe de non seulement consolider sa place en séries, mais aussi de se rapprocher des Capitals (58 points), des Islanders (58 points) et des Penguins (56 points), Don Sweeney a misé sur Taylor Hall.

 

Il faut dire que Lou Lamoriello a forcé la main de ses homologues de la division Est la semaine dernière avec les acquisitions de Kyle Palmieri et Travis Zajac. Ces deux attaquants apportent une dimension nouvelle aux Islanders qui ont ajouté de l’expérience à la ligne bleue avec Braydon Coburn hier.

 

Les Bruins n’ont pas été les seuls à réagir.

 

À Washington, les Capitals ont payé le gros prix pour mettre la main sur Anthony Mantha alors qu’à Pittsburgh, le nouveau directeur général Ron Hextall, est allé chercher un joueur qu’il connaît bien en Jeff Carter. Carter a encore de bonnes mains. Il restera à voir s’il peut toujours suivre le rythme des Crosby et Malkin.

 

Anthony Mantha a coûté cher aux Caps. Certains soutiennent même qu’il a coûté trop cher considérant qu’en plus de donner Jakub Vrana et Richard Panik, aux Wings, le directeur général Steve Yzerman a aussi obtenu un choix de première ronde l’été prochain et un choix de deuxième ronde en 2022.

 

C’est beaucoup! C’est même énorme quand on considère que les productions offensives de Mantha et de Vrana sont semblables depuis leur arrivée dans la LNH.

 

Mais attention! Mantha, à qui les Wings reprochaient depuis longtemps un manque de vigueur et de détermination, n’a jamais profité des coéquipiers aussi talentueux que ceux qu’il retrouvera avec les Caps. Il ne faudrait pas se surprendre que la production de Mantha monte en flèche et que celle de Vrana stagne ou baisse un peu après les changements d’environnements.

 

En plus, les Caps s’assurent d’une sécurité salariale jusqu’en 2024 alors que le gros attaquant québécois touchera un salaire de 5,7 millions $. Un salaire qui semblait trop élevé à Detroit, mais qui pourrait vite devenir une bonne affaire à Washington.

 

Les meilleurs coups!

 

Plusieurs clubs de premier plan ont profité des derniers jours pour solidifier leurs formations afin de maximiser leurs chances d’atteindre les grands honneurs.

 

Une seule équipe y arrivera. Et ce ne sera pas nécessairement une équipe qui a pleinement profité des derniers jours pour s’améliorer.

 

Mais Tampa Bay, à mes yeux, s’est beaucoup amélioré avec l’acquisition du défenseur québécois David Savard. Sans oublier que Nikita Kucherov s’occupera de renflouer l’attaque une fois en séries.

 

Les Panthers ont fait de bons coups avec le défenseur Brandon Montour qui aidera à combler la perte de l’excellent Aaron Ekblad. Sam Bennett pourrait aussi profiter d’un changement d’air pour prouver que les Flames ne l’ont très mal utilisé.

 

Ce qui est surprenant dans la division centrale, c’est que contrairement à leurs rivaux de Tampa et de Sunrise, les Hurricanes sont demeurés bien tranquilles. En fait, ils ont échangé Haydn Fleury, le frère de l’espoir du Canadien à la ligne bleue, Cale Fleury.

 

Il faut dire que les Canes sont solides à l’attaque, plus solides encore à la ligne bleue et qu’ils viennent de renouer avec leur gardien numéro un Petr Mrazek. Don Waddell et Rod Brind’Amour ont une très belle équipe sur la patinoire. Je les comprends de ne pas avoir voulu courir le risque de bousiller une combinaison gagnante.

 

Et qui sait, peut-être que ce sont eux qui auront finalement eu le plus raison.