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MONTRÉAL - Après avoir joué de façon désespérée pour surprendre et battre les Maple Leafs de Toronto, lundi, le Canadien a joué du hockey désespérant mercredi soir contre les Flames.

 

Il bien sûr a perdu.

 

Perdre comme le Canadien l’a fait mercredi ça arrive à tous les clubs dans une saison. Même les meilleurs n’y échappent pas. Tenez : champion en titre de la coupe Stanley, le Lightning s’est fait planter 7-2 par Nashville mardi. Aussi gênant soit-il, ce revers n’a pas soulevé de vent de panique à Tampa.

 

Pourquoi alors s’arracher les cheveux parce que le Canadien s’est fait battre 4-1 mercredi soir?

 

Parce qu’il vient de perdre pour la cinquième fois en sept matchs. Parce que c’est en temps réglementaire qu’il a encaissé ces cinq revers. Et parce que contrairement au Lightning, le Canadien n’est pas assuré d’une place en séries.

 

En fait, il ne l’est plus.

 

Il y a dix jours, le Canadien profitait d’une avance de huit points devant les Flames. En prime, il avait cinq matchs en mains sur ses rivaux de Calgary. Je suis de ceux, et nous étions nombreux, qui croyaient dur comme fer que le Canadien avait plus de chance de rattraper les Oilers ou les Jets que de se faire rattraper et dépasser par les Flames.

 

Ce matin, cette avance a fondu à quatre points. Et ce ne sont plus cinq, mais bien trois matchs que le Canadien a en mains.

 

Bon! Avec 16 matchs à disputer d’ici la fin du calendrier, cette avance de quatre points et les trois parties de plus à disputer, la place du Canadien en séries devrait quand même être assurée... ou presque.

 

Mais parce que quatre des 16 derniers matchs seront disputés contre les Flames, que les Flames ont gagné quatre des cinq duels entre les deux clubs jusqu’ici cette saison, que les Flames semblent sortis de leur léthargie alors que celle du Canadien se prolonge, ce serait une très bonne idée de les battre un moment donné.

 

Mais pour gagner vendredi, alors que les deux clubs se croiseront à nouveau au Centre Bell, pour gagner contre les Flames encore la semaine prochaine cette fois à Calgary, pour gagner plus souvent qu’il perdra d’ici la fin de la saison afin de reprendre son option sur la dernière place donnant accès aux séries, le Canadien serait mieux de jouer plus souvent de façon désespérée que de façon désespérante.

 

Mettons!

 

Deuxièmes dans toutes les batailles

 

Le Canadien a perdu mercredi parce qu’il a terminé deuxième dans la très grande majorité des batailles à un contre un : les batailles pour les rondelles libres; les batailles pour gagner ou défendre une position; les batailles aux cercles des mises en jeu.

 

« On a eu ce qu’on méritait », a d’ailleurs candidement reconnu l’entraîneur-chef Dominique Ducharme après la défaite de son équipe.

 

Le plus désolant dans toutes ces batailles perdues, c’est que le Canadien était bien reposé alors que les Flames avaient joué mardi à Toronto et qu’ils sont rentrés à Montréal en début de nuit mercredi. Le 11 mars dernier, dans des circonstances similaires, les joueurs du Canadien n’avaient offert aucune opposition aux Flames en raison de la fatigue associée à leur match de la veille, à Vancouver, face aux Canucks.

 

Revenons aux mises en jeu : perdre un « faceoff », ce n’est pas la fin du monde. Mieux vaut partir avec la rondelle qu’avoir à courir après l’adversaire pour la récupérer. C’est clair. Mais tant que tu ne perds pas les mises en jeu importantes, celles disputées à la gauche ou à la droite de son gardien, tu peux t’en tirer.

 

Mercredi soir, les Flames ont gagné 78 % (18 des 23) des mises en jeu disputées en territoire du Canadien. Ou si vous préférez, le Canadien a eu un taux de réussite de 22 % seulement (5 sur 23) autour de Jake Allen.

 

C’est d’ailleurs après trois mises en jeu consécutives gagnées en territoire du Canadien que Noah Hanifin a ouvert la marque avec un tir de la ligne bleue.

 

Le Canadien a pourtant gagné 59 % (13 sur 22) des mises en jeu disputées en zone des Flames et ça ne l’a pas aidé à marquer; pourquoi?

 

Voilà où les batailles à un contre un entrent en ligne de compte. Quand les centres des Flames ont perdu des mises en jeu dans leur zone, leurs coéquipiers se sont démenés pour vite aller récupérer les rondelles de manière à empêcher le Canadien de s’installer.

 

Et ça, le Canadien ne l’a pas fait.

 

C’est pour cette raison que les Flames ont passé le plus clair de la première période et une bonne portion des 60 minutes du match chez le Tricolore. Avec les résultats qu’on connaît.

 

On peut blâmer Jesperi Kotkaniemi pour les sept mises en jeu perdues sur les dix qu’il a disputées. Ou Nick Suzuki (6 en 15). Mais si leurs ailiers restent les deux pieds dans le sable une fois la rondelle déposée au lieu de venir se battre pour reprendre le contrôle de la rondelle, les petits gars seront toujours mal pris.

 

Et leur gardien aussi.

 

Price dès vendredi?

 

Parlant de gardien, est-ce que Jake Allen aurait pu stopper le tir de Noah Hanifin? Est-ce qu’il aurait pu arrêter celui de Mark Giordano en début de deuxième? Un autre tir de la ligne bleue. Est-ce qu’il aurait pu s’imposer devant Josh Leivo pour ainsi racheter le revirement coûteux dont le capitaine Shea Weber s’est rendu coupable sur le but qui a redonné une avance de deux buts aux Flames en troisième (3-1) avant qu’ils ne scellent l’issue du match avec un but dans un filet désert?

 

Peut-être oui.

 

Mais Jake Allen n’est pas responsable du revers. Il a effectué assez d’arrêts sur les 30 effectués pour donner une chance raisonnable de gagner à ses coéquipiers. S’ils ne l’ont pas fait, ce n’est pas la faute du gardien.

 

À défaut d’avoir obtenu l’appui de ses coéquipiers qui ont marqué 1,3 but lors des 11 revers (6-7-4) qu’il a encaissés jusqu’ici cette saison, Jake Allen pourrait recevoir de l’aide de Carey Price dès vendredi.

 

Immédiatement après la défaite, le Canadien a cédé au Rocket le jeune gardien Cayden Primeau et aussi le défenseur Otto Leskinen. Ce qui laisse entendre que Price et Ben Chiarot pourraient réintégrer la formation dès vendredi.

 

Mais que ce soit Price ou Allen devant le filet, le Canadien devra jouer beaucoup mieux qu’il ne l’a fait mercredi s’il veut aider la cause de son gardien et mousser ses chances de victoires.

 

Une moitié d’équipe tout au plus

 

En plus de mieux jouer vendredi, ce ne serait pas une vilaine idée pour le Canadien de pouvoir compter sur l’équipe en entier. Ce qui n’était pas le cas mercredi. Car des 20 joueurs en uniforme, la moitié tout au plus a disputé un bon match de hockey.

 

Phillip Danault et ses ailiers Tomas Tatar et Paul Byron ont bien travaillé. Au-delà le fait qu’il se soit fait hacher finement aux cercles des mises en jeu Jesperi Kotkaniemi a bien joué. À la ligne bleue, Brett Kulak s’est démené. Et cette remarque n’est pas juste reliée au fait qu’il a mis fin à une disette de 95 matchs en marquant le seul but de Canadien. J’ai aussi beaucoup aimé la fougue déployée par Alexander Romanov.

 

À part ça? 

 

Josh Anderson a été impliqué. S’il avait marqué en début de rencontre au lieu de frapper le poteau, le cours du match aurait peut-être été différent. De fait, si le Canadien n’avait pas touché le poteau deux fois pendant que les Flames marquaient deux fois, on aurait sans doute eu un match bien différent.

 

Mais voilà! De la façon dont les deux équipes ont joué mercredi, il est tout à fait normal que les Dieux du hockey aient décidé de favoriser les Flames et non le Canadien.

 

Car au-delà les quelques noms plus haut mentionnés, les autres n’ont pas été assez bons, ou carrément mauvais.

 

Jonathan Drouin a récolté une passe sur le but de Kulak. Sa 21e cette saison. Mais dans l’ensemble, il est encore une seconde en retard au lieu d’être au centre de l’action. Tyler Toffoli n’a rien fait de bon. Je n’ai pas aimé l’implication ou le manque d’implication de Nick Suzuki. Les « vieux » Corey Perry et Eric Staal ont été bien discrets. Trop même. Parlant de vieux, Shea Weber faisait son âge encore mercredi. Même Jeff Petry en a arraché.

 

Ça en dit long...

 

J’ai aimé que Dominique Ducharme chambarde ses trios en cours de match. Mais il devra bientôt passer à un autre niveau de gestion. Il commence à être sérieusement temps de couper de la corde au lieu d’en donner à certains joueurs. On a vu Jonathan Drouin au sein du quatrième trio mercredi. Il était temps.

 

Comme il serait peut-être temps de changer les effectifs en attaque massive. Blanchi en deux occasions mercredi, le Canadien n’a qu’un but en 13 occasions à ses six derniers matchs; trois buts en 24 occasions (12,5 %) à ses 10 dernières parties.

 

Shea Weber n’en arrache pas seulement en défense. Il n’est pas l’ombre de lui-même à l’attaque non plus. Que ce soit à forces égales ou en supériorité numérique.

 

Est-ce qu’un congé serait salutaire au capitaine? La question mérite d’être posée.

 

Entre les lignes

 

-      Après un passage à vide de neuf défaites en temps réglementaire en 11 matchs (2-9-0), les Flames viennent de signer trois gains consécutifs. « Nous avons à l’œil depuis longtemps les cinq matchs en 11 jours contre Montréal. On sait que ces parties peuvent nous aider à revenir dans la course. La victoire en prolongation (mardi soir) à Toronto a servi de tremplin au match de ce soir. Nous avons bien joué. Nous avons été actifs. Nous avons contrôlé le jeu. C’est comme ça qu’on devra jouer encore vendredi pour maximiser les matchs que nous avons contre le Canadien », a indiqué Noah Hanifin après la victoire des siens...

 

-      Darryl Sutter assure que les récents matchs annulés contre les Canucks ont grandement aidé la cause de son équipe. « On a finalement eu du temps pour pratiquer. Les matchs se succèdent tellement rapidement qu’on ne peut s’entraîner adéquatement. La pause nous a permis de le faire. Nos gars ne sont pas désespérés depuis le début de la séquence de victoires : ils sont simplement concentrés sur les choses qui doivent être faites pour gagner. On ne perdait pas en raison d’un manque de confiance. On perdait en raison du fait qu’on ne suivait pas le rythme dicté par les autres équipes. Depuis trois matchs, nous donnons le rythme... »

 

-      Jacob Markstrom n’a pas de raisons particulières à offrir pour expliquer ses quatre victoires aux dépens du Canadien cette saison. «J ’aime jouer ici en raison de l’ambiance. Sans partisans, ce n’est toutefois pas la même chose. J’ai traversé une vilaine léthargie récemment et je suis content de m’en sortir », a convenu le gardien suédois. Lors des trois victoires consécutives qu’il vient de signer, Jacob Markstrom a accordé trois buts en 80 tirs (96,3 %). Lors des six revers de suite encaissés tout juste avant sa poussée victorieuse, Markstrom a été déjoué 19 fois en 130 tirs (85,4 %)...

 

-      Milan Lucic disputait le 1001e match de sa carrière mercredi. Il occupe le 2e rang à ce chapitre chez tous les joueurs de la cuvée 2006. Phil Kessel est premier avec 1110. Jordan Staal a atteint le plateau des 1000 matchs lundi contre Detroit et Nicklas Backstrom l’atteindra jeudi soir alors que les Caps recevront les Sabres...

 

-      L’un des quatre joueurs actifs à afficher au moins 1000 matchs et au moins 1000 minutes de pénalité – Joe Thornton, Zdeno Chara et Corey Perry sont les autres – Milan Lucic a livré 78 combats au cours de sa carrière...

 

-      En plus de s’imposer physiquement, Milan Lucic s’est établi comme un attaquant de puissance. En 2010-2011, l’année de la dernière coupe Stanley des Bruins, Lucic a d’ailleurs marqué 30 buts et récolté 62 points en saison régulière...

 

-      Milan Lucic s’est hissé parmi les meilleurs pointeurs de la cuvée 2006. Il occupe les rangs suivants :

 

-      8e avec 213 buts, Phil Kessel est 1er avec 386...

 

-      7e avec 325 passes, Nicklas Backstrom est 1er avec 714...

 

-      7e avec 538 points, Nicklas Backstrom est 1er avec 971...

 

-      4e avec un différentiel de plus-81, Brad Marchand est 1er à plus-236...

 

-      2e avec 1166 minutes de pénalité, Derek Dorsset est 1er avec 1314...

 

-      Milan Lucic a été choisi en 2e ronde (50e sélection) par les Bruins qui avaient aussi repêché Phil Kessel en première ronde (5e sélection) et Brad Marchand en troisième ronde (71e sélection). Ces trois joueurs totalisent 2900 matchs dans la LNH...

 

-      Le Canadien a eu la main beaucoup moins heureuse en 2006 avec David Fisher, Ben Maxwell, repêché tout juste avant Lucic, Mathieu Carle, Ryan White, Pavel Valetenko et Cameron Cepek. White, Carle et Maxwell sont les seuls à avoir atteint la LNH. Ils ont disputé un total de 363 matchs, dont 313 sont associés à White...

 

-      Parlant du Canadien, Milan Lucic a maintenu un dossier de 15 buts et 31 points en 55 matchs disputés en carrière contre le Canadien. Il a ajouté 10 points en 24 matchs éliminatoires...