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Faites votre bulletin des joueurs

 

Jim Montgomery a été poli quand il a convenu que son équipe regardait le Canadien patiner en première période. Il a été même très poli.

 

Car au surlendemain d’un revers gênant à Detroit, un revers de 4-2 contre des Red Wings qui n’affichaient qu’un gain depuis le début de la saison, les Stars auraient dû donner des signes qu’ils voulaient se reprendre. Qu’ils voulaient enfin signer une première victoire sur la route cette année.

 

Mais non!

 

Du capitaine Jamie Benn qui retrouvait son frère Jordie, à Alexander Radulov qui revenait au jeu après avoir raté quatre parties en raison d’une blessure à l’aine, en passant par Tyler Seguin qui menait pourtant son club avec 12 points en 11 matchs, les Stars n’ont rien fait de bon au premier tiers. Rien de rien.

 

Ils avaient la tête, le cœur, les jambes, les mains perdus quelque part sur la rue Crescent. L’image a fait rire l’entraîneur-chef des Stars qui, en bon montréalais d’origine et ancien joueur de la LNH, sait très bien à quel point les chics établissements de Montréal et surtout les jeunes femmes qui y travaillent ou les fréquentent comme clientes aident le Canadien à ramasser des points échappés autour du Centre Bell par des clubs un brin, et des fois deux, indisciplinés hors de la patinoire…

 

Abandonné devant son filet, Ben Bishop a tenu le fort avec brio repoussant les 10 tirs du Tricolore alors que Carey Price n’était mis à l’épreuve que deux bien petites fois. En plus de réaliser des arrêts importants et opportuns, Bishop a eu l’aide de ses poteaux à deux reprises.

 

Sans Bishop, ses arrêts et ses poteaux, le Canadien aurait facilement pris les devants au cours des 20 premières minutes. Et cette avance aurait été pleinement méritée considérant que le Canadien jouait beaucoup mieux que l’adversaire, qu’il travaillait plus fort, qu’il patinait plus vite et qu’il a poussé Radulov et Seguin à écoper des pénalités parce qu’ils peinaient à composer avec sa fougue qui l’a conduit vers les succès des dix premiers matchs.

 

Mais comme le Canadien n’a pas marqué, les Stars étaient, malgré eux, dans le coup en revenant sur la patinoire pour la période médiane.

 

Tir de pénalité

 

La pause n’a rien changé. Ou si peu.

 

Phillip Danault a offert une attaque massive que les Stars ont tout fait pour bousiller, car Artturi Lekhonen, après avoir profité d’un revirement, a obtenu une échappée au terme de laquelle il a été accroché au point de se faire offrir un tir de pénalité.

 

Le match s’est joué là!

 

Un des plus grands et gros gardiens de la LNH, Bishop s’est dressé devant sa cage. Lehkonen s’est avancé, mais plus il avançait moins il voyait de filet et il a finalement tiré sur le gardien des Stars qui n’a pas eu à bouger.

 

Après être restés insensibles aux prouesses de leur gardien en première, les joueurs des Stars se sont alors réveillés.

 

Ils ont marqué un premier but avant la fin de la pénalité de Danault et en ont ajouté un autre pas longtemps après le retour sur la glace de Nicolas Deslauriers qui a écopé une vilaine pénalité pour accrochage en zone neutre. Une autre vilaine pénalité au compte des membres – qui qu’ils soient – du quatrième trio.

 

Au lieu de profiter d’une avance comme ils le méritaient après une très bonne première période, le Canadien était soudainement en recul de deux buts.

 

Ça ne s’est pas amélioré ensuite.

 

Oh! Il y a bien eu ce but signé Brendan Gallagher qui s’est retrouvé dans le demi-cercle du gardien Bishop avant d’aller le percuter et de pousser la rondelle derrière lui, mais une pénalité aussitôt après écopée par Max Domi a freiné l’élan donné par Gallagher.

 

Ce qui a fait plus mal encore, c’est cette très mauvaise décision d’Artturi Lehkonen de sortir devant Carey Price avec Radek Faksa sur le dos qui lui a fait perdre la rondelle avant de la remettre à Devin Shore qui a redonné une avance de deux buts.

 

Belle anticipation de Bishop

 

J’ai voulu parler à Lehkonen après la rencontre. Il a refusé de venir répondre aux questions. Bon! Il était peut-être gêné par son mauvais match. Ou en furie. Ou un peu des deux.

 

Cela dit, je ne voulais pas lui parler de sa gaffe monumentale qui a coûté le troisième but, mais bien de son tir de pénalité qui a tout changé dans la rencontre. Je voulais savoir s’il avait été pris de court ou impressionné par la stature de Bishop qui ne devait pas lui offrir le moindre angle sur le tir de pénalité. En fait, je me demande même si Lekhonen voyait les cordages tant Bishop est gros.

 

On le saura peut-être une autre fois.

 

Quant au gardien des Stars, il a ainsi raconté sa manière d’affronter Lekhonen. «Je ne le connaissais pas alors je me suis limité à tenter de lire son jeu et d’anticiper ce qu’il voulait faire. Plus il approchait, plus j’étais convaincu qu’il tenterait de viser entre mes jambes et je me suis assuré de bien fermer l’angle», a raconté le grand responsable de la victoire des Stars.

 

«L’arrêt sur le tir de pénalité a certainement été un fait saillant du match, mais je te dirais qu’il a effectué cinq ou six arrêts comme celui-là qui ont fait tourner le match en notre faveur. Ben (Bishop) a été notre meilleur joueur ce soir. Il nous a conduits à la victoire», a d’ailleurs ajouté l’entraîneur-chef recrue.

 

Ben Bishop a donc encore eu du succès aux dépens du Canadien. Il faudra commencer à s’y faire. Car en 20 matchs face au Tricolore, Bishop revendique maintenant 12 victoires et il a récolté au moins un point 15 fois. C’est énorme. Sa moyenne de but alloué oscille autour de 1,75 par match et son efficacité flirte avec les 93,5 %.

 

«Je ne sais pas vraiment comment expliquer cette fiche. J’aime jouer contre le Canadien. J’ai toujours aimé jouer à Montréal. J’aime entendre les partisans chanter mon nom pour tenter de me déconcentrer. Ils sont impliqués. C’est plaisant», a convenu Bishop qui a toujours donné l’impression de faire pencher en sa faveur la fureur des fans du Tricolore.

 

Après une bonne première période, le Canadien s’est éteint ensuite. Ses trop nombreuses pénalités – les arbitres ont peut-être été sévères par moment, mais ce ne sont pas eux qui sont responsables de la défaite – ont miné ses chances.

 

Et il n’a pas été en mesure de résoudre l’énigme Bishop contre qui les hommes de Claude Julien ont obtenu 35 tirs – Jeff Petry et Jordie Benn sont les seuls à avoir été blanchis – en plus de frapper le poteau trois fois.

 

«J’ai fait dévier la rondelle avec mon bras sur le premier poteau. J’ai joué de chance sur le deuxième alors que la rondelle a dévié sur le pommeau de mon bâton. Quant au troisième, c’était un très bon tir de Drouin (Jonathan) et la rondelle a simplement frappé la barre horizontale», a commenté le gardien des Stars.

 

Vrai que c’est trois poteaux auraient pu donner des buts au Canadien. Mais comme les rondelles ont dévié vers l’extérieur et non l’intérieur du filet, il fallait trouver d’autres moyens de marquer. Mais comme c’est arrivé trop souvent l’an dernier, le Canadien a été incapable d’y arriver.

 

En bref

  • Audelà la déception reliée à cette troisième défaite seulement en temps réglementaire cette saison – une deuxième au Centre Bell – les partisans du Tricolore ont pu se réjouir avec quelques belles pièces de jeu de Jesperi Kotkaniemi. Le jeune Finlandais a effectué quelques feintes sensationnelles qui ont soulevé des oh! et des ah! dans les gradins et sur la galerie de presse. Mais il a terminé la soirée avec un différentiel de moins-2.
     
  • Principaux mercenaires envoyés pour écouler les pénalités, Phillip Danault (18 :13) et Joel Armia (18 :03) ont été les attaquants les plus utilisés chez le Canadien. Danault a une fois encore excellé aux mises en jeu (57 %) alors qu’Armia a cadré cinq des neuf tirs qu’il a tentés en plus d’asséner cinq mises en échec et de voler trois rondelles aux Stars. Plusieurs partisans se souviendront toutefois surtout d’une occasion bousillée à l’embouchure du filet alors qu’il a raté un tir sur réception.
     
  • Le Canadien a obtenu gain de cause à la suite d’une contestation logée par les Stars après le but de Brendan Gallagher. Vrai que Gallagher a bousculé le gardien des Stars. Mais comme l’avait initialement convenu les arbitres et cette version a été confirmée par les responsables de la salle de contrôle à Toronto, c’est le défenseur John Klingberg qui a poussé Gallagher sur Ben Bishop. Une décision en tous points, ou presque, semblable à celle rendue mercredi dernier, à Buffalo, alors que la reprise a permis de déterminer que Jeff Petry était responsable de l’obstruction à l’endroit d’Antti Niemi sur un but marqué par Jason Pominville.

Le Canadien a souligné les 1000 matchs de Jason Spezza au cours d’un temps d’arrêt au premier tiers. Les joueurs des deux équipes se sont levés à leur banc respectif et le vétéran joueur de centre a salué la foule en a semblé bien touché par la marque de reconnaissance. Il faut dire que le Canadien connaît bien Spezza. L’ancien capitaine des Sénateurs d’Ottawa a marqué 32 buts et récolté 69 points en 55 matchs contre Montréal. C’est la plus grosse production individuelle aux dépens du Tricolore chez les joueurs actifs de la LNH. Spezza a connu son match le plus productif en carrière – trois buts, six points – contre le Canadien le 9 février 2008 et il a marqué l’un de ses plus beaux buts en carrière le 27 octobre 2005 alors qu’il avait contourné Sheldon Souray avant de loger la rondelle dans la lucarne au-dessus de l’épaule de José Théodore, à l’aide d’un bon tir du revers…