BROSSARD - Sans que Rene Bourque ne soit aperçu dans les parages, le Canadien a repris l’entraînement lundi au lendemain d’une journée de congé.

Au terme de la séance, le verdict est tombé alors que le gros attaquant n'a pas été réclamé par les autres équipes de la LNH et il doit se rapporter aux Bulldogs de Hamilton. Ainsi, le Canadien a procédé au rappel de Drayson Bowman après 17h pour qu'il s’amène en renfort. Bowman avait été rappelé dans les derniers jours sans être utilisé. 

« C'est une question de résultats »

Cédé au ballottage dimanche, Bourque a épuisé la patience des dirigeants de l’organisation, mais l’entraîneur Michel Therrien a précisé qu’il n’écartait pas la possibilité de le ramener dans l’entourage de l’équipe.

« On croit qu’on lui a donné les occasions de se faire valoir, mais il avait de la difficulté à jouer au niveau désiré. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de l’envoyer à Hamilton pour qu’il essaie de retrouver son aplomb. On ne ferme aucune porte, mais il doit jouer à la hauteur de son talent », a déclaré Therrien.

Malgré tous ses attributs, l'imposant Albertain s’est contenté d’une récolte de 39 points (21 buts et 18 aides) et d’un différentiel de -27 en 141 matchs réguliers avec Montréal. Il s’était acheté du temps lors des dernières séries éliminatoires avec sa production inattendue de 11 points en 17 rencontres. Heureusement qu’un choix de deuxième ronde – menant à la sélection du gardien Zachary Fucale - avait été ajouté dans cette transaction impliquant Michael Cammalleri.

Le pilote montréalais a mentionné que c’était avant tout son manque de résultat qui avait motivé ce geste.

« Ce n’est pas une question de confiance, c’est une question de résultat comme c’est toujours le cas. On doit donner des opportunités à des joueurs et quand on voit que ça ne fonctionne pas, on a pris la décision de le placer au ballottage pour l’envoyer dans la Ligue américaine », a-t-il précisé.

Questionné à savoir s’il souhaitait revoir un jour l’ailier au sein de sa troupe, Therrien a répondu de façon intéressante.

« Je veux revoir le Rene Bourque que j’ai vu durant les séries, c’est ce qu’on espérait tous revoir malgré sa saison régulière qui avait été moyenne », a insisté le coach.

En dépit des nombreuses déceptions encaissées par l’organisation depuis son acquisition pendant le règne de Pierre Gauthier, Therrien et ses acolytes croient encore qu’il détient la clé du succès dans la LNH.

« On pense tous qu’il a le potentiel avec son patin et son physique. Mais le potentiel, ce n’est qu’une partie de l’équation. Il y a plusieurs autres facteurs qui entrent en ligne de compte. Il doit aller à Hamilton avec la bonne attitude et tout part de là. Il doit s’assurer d’être l’un des meilleurs joueurs là-bas », a jugé Therrien en insistant sur le message.

Tandis que Bourque était laissé de côté une dernière fois samedi face au Wild du Minnesota, le Canadien s’est approprié une victoire de 4 à 1 et le trio formé par Lars Eller, Brandon Prust et Jiri Sekac a retenu l’attention.

Pas évident de sacrifier un vétéran

En quelque sorte, Sekac a conforté les dirigeants du CH dans leur décision d’écarter Bourque de leur formation. Ce constat confirme que la réalité du sport professionnel se manifeste très souvent.

Bourque avait épuisé ses options

« (Le hockey professionnel) C’est une roue, il y a toujours des jeunes qui cognent aux portes, car ils sont prêts à prendre des places. Mais tu dois être juste et donner des opportunités, on croit que ce fut le cas avec Rene et d’autres joueurs se développent bien dans l’organisation. On ne ferme pas les portes dans son cas s’il retrouve son intensité et sa passion et qu’il ressemble au joueur que nous avons vu dans les séries, c’est un athlète qui peut aider une équipe ou nous aider.

« On vivait d’espoir après ses dernières séries, mais on n’a pas vu ça », a poursuivi Therrien.

Depuis le début de la campagne, plusieurs observateurs et amateurs avaient critiqué la patience du Canadien envers Bourque et l’entraîneur a donné une réponse qui explique en partie ce traitement.

« Ce n’est jamais facile pour un entraîneur de tasser un vétéran, mais il vient un temps où il faut prendre des décisions en fonction des performances. Aucun entraîneur n’aime agir ainsi, on veut que les vétérans envoient le bon message et obtiennent des résultats », a relevé Therrien.

Athlète énigmatique, Bourque a souvent donné l’impression qu’il ne se souciait pas tellement du sort de son équipe et qu’il n’avait aucune difficulté à dormir malgré ses ennuis sur la patinoire. Therrien n’a pas voulu embarquer dans ce débat, mais il a rappelé ceci.

« N’importe quel joueur doit offrir de la constance et être responsable sur la patinoire. À partir de là, tu peux bâtir, mais on n’a pas toujours obtenu ça de Rene », a-t-il déploré.

Une dure réalité pour les joueurs

Même s’il n’était pas un modèle de constance sur patins et qu’il ne produisait pas à la hauteur de son talent, Bourque était apprécié de la plupart de ses coéquipiers. En tant que compagnon de trio, Lars Eller se retrouvait dans une situation particulière puisqu’il a connu du succès sans Bourque samedi soir.

ContentId(3.1102752):Ce sera difficile pour Bourque
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« C’est triste et difficile de voir un partenaire de trio et un ami partir. Ce n’est pas amusant, mais c’est une ligue très compétitive et il y a toujours un autre joueur prêt à te remplacer. C’est sans doute éprouvant pour lui, mais j’espère qu’il trouvera une nouvelle équipe et qu’il pourra rebondir », a mentionné Eller qui ne voulait pas commenter les propos de Bourque selon lesquels le fait de jouer avec des Européens affectait parfois son style de jeu plus direct.

En se fiant sur son expérience personnelle, Eller rappelait à quel point le côté mental du sport exerce une importance capitale sur le rendement des athlètes.

« Je l’ai déjà dit, c’est un sport tellement exigeant au niveau psychologique. Il y a quelques mois, nous avons tous vu à quel point il peut être bon quand il fonctionne à plein régime. C’est le cas pour tous les joueurs étant donné que l’aspect mental est déterminant. Je ne sais pas comment il se sentait et ce qui ne fonctionnait pas dans son cas, mais cet aspect est si important », a noté le Danois.

Un peu plus loin dans le vestiaire, Brandon Prust se désolait pour son ami tout en comprenant la réalité du métier.

« Évidemment, c’est une situation éprouvante. On jouait ensemble depuis un bout et c’est l’un de mes meilleurs amis. On n’aime jamais voir quelqu’un se retrouver dans une telle situation, mais c’est une question d’affaires », a admis Prust en balayant du revers de la main les accusations selon lesquelles Bourque n’avait pas assez à cœur le bien de l’équipe.

« J’ai joué avec lui depuis longtemps et il tient à gagner et bien jouer, mais il n’obtenait pas la production désirée au niveau des points. Rene est un homme passionné même s’il n’est pas du style à s’exprimer à voix haute. Ça ne veut pas dire qu’il ne voulait pas gagner et qu’il n’était pas passionné », a-t-il dit.

Combatif comme nul autre, Brendan Gallagher n’était pas en mesure d’expliquer pourquoi Bourque n’arrivait pas à s’illustrer avec constance.

« Je ne sais pas, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. En bout de ligne, il n’était pas aussi constant qu’il le souhaitait et quand tu n’es pas récompensé après plusieurs tentatives, ça finit par te jouer dans la tête », a reconnu Gallagher en assurant qu’il était apprécié de tous.

Combinaisons à l’entraînement :

Pacioretty-Desharnais-Parenteau

Galchenyuk-Plekanec-Gallagher

Prust-Eller-Sekac

Moen-Malhotra-Weise

Markov-Subban

Emelin-Weaver

Beaulieu-Gilbert

Tinordi

 

L'Antichambre sera présentée ce lundi (10 novembre) à 21 h 30 sur RDS2.