MONTRÉAL - De très loin le meilleur joueur de son camp depuis le début des séries, Carey Price garde à flot les espoirs des rares partisans qui croisent encore aux chances du Canadien de renverser le cours de la série et d’éliminer des Maple Leafs qui sont plus forts que le Tricolore à bien des points de vue.

 

Price a rendu de fiers services à son équipe en stoppant 91 des 98 tirs qu’il a affrontés au fil des trois premiers matchs. Trente arrêts et des poussières par parties, c’est beaucoup d’arrêts. Plus impressionnante que le nombre d’arrêts, c’est la quantité d’arrêts, difficiles, très difficiles et de vols – je pense entre autres ici au plongeon réalisé aux dépens de Jason Spezza en première période lundi – que Price a dû multiplier pour gagner la première partie et éviter que les défaites encaissées lors des deuxième et troisième affrontements soient bien plus désolantes qu’elles ne l’ont été.

 

Price a aussi rendu de fiers services à ses défenseurs en multipliant ses interventions autour de son filet pour s’emparer de rondelles libres avant de les distribuer. L’un des meilleurs de la LNH dans cette facette du jeu, Carey Price a complété plus de premières passes de qualité de la majorité de ses défenseurs. Ce qui, on en conviendra tous du moins je l’espère, illustre de manière évidente les grandes lacunes de la brigade défensive dans cette facette du jeu.

 

Au-delà tous ces loyaux, bons et essentiels services rendus par Carey Price depuis le début de la série contre Toronto, c’est devant les journalistes, après le revers de 2-1 encaissé lundi soir, au Centre Bell, que le gardien a donné son plus grand coup afin d’aider la cause de son club et de ses coéquipiers.

 

Alors qu’un peu tout le monde a perdu confiance en cette attaque qui n’a marqué que quatre buts en trois matchs contre des Maple Leafs qui sont loin d’être reconnus pour l’étanchéité de leur défensive, Carey Price a appuyé sans réserve ses coéquipiers.

 

« J’affronte leurs tirs lors des entraînements, je sais qu’ils sont bons et capables de marquer des buts. Ils font du bon travail contre nous de l’autre côté, mais je sais que ça va venir », que le gardien a lancé.

 

Certains diront que Price n’avait pas le choix de donner un tel vote de confiance à son équipe. Ce qui n’est pas faux. Mais Price aurait pu être beaucoup plus timide dans ses encouragements qu’il ne l’a été. Il aurait pu souligner qu’il serait temps que l’attaque massive et l’attaque tout court fassent leur part pour aider la cause de l’équipe. Que tous ses défenseurs qui en arrachent déjà pas mal autour de lui se reprennent à l’autre bout de la patinoire où ils n’ont pas encore récolté le moindre point. Il faut dire que le Canadien n’ayant marqué que quatre buts, ça n’aide pas les Petry, Weber et compagnie à récolter une passe ici ou là.

 

Profiter de l’effet Caufield

 

Carey Price a fait ce qu’il avait à faire depuis le début de la série pour aider son club à gagner. C’est au reste du club maintenant de mettre l’épaule à la roue.

 

Parce que les états de santé des Artturi Lehkonen, Jake Evans et Eric Staal représentent encore des points d’interrogation, Dominique Ducharme a refusé de s’avancer sur la nature des changements qu’il entend apporter à sa formation.

 

Une chose saute aux yeux : Cole Caufield doit non seulement être de retour pour un deuxième match de suite, mais il sera important de lui donner plus d’occasions encore d’aider la cause du Canadien à l’attaque.

Le petit Américain a été, et de loin, le joueur le plus menaçant du Canadien lundi. Tout le monde se souvient de son tir qui a frappé la barre horizontale en début de rencontre. Mais au-delà cette occasion en or qui aurait pu propulser le Canadien en avant 1-0, Caufield a encore démontré sa grande capacité à parcourir la zone ennemie pour trouver le meilleur endroit à s’installer afin d’y recevoir une passe et de décocher un bon tir.

 

On pouvait craindre que la verte recrue soit incapable de reproduire en séries ce qu’elle a fait lors des 10 matchs disputés en fin de saison. Mais à chacune de ses 19 présences effectuées lundi soir, Caufield a démontré qu’il pouvait non seulement y arriver, mais qu’il pouvait le faire avec régularité.

 

Et tant qu’à lui faire une place au sein de la formation, il serait peut-être bon que Dominique Ducharme mousse également son utilisation : que ce soit en attaque massive ; que ce soit en fin de match si jamais le Canadien a besoin d’un but pour pousser le match en prolongation ; que ce soit même à cinq contre cinq.

 

Car pour le moment, l’effet Caufield a plus de mordant que l’effet Gallagher qui se fait attendre. Gallagher travaille. Il fonce. Il tire, mais il ne produit pas. Ses tirs sont imprécis. Il semble vite à bout de souffle. Ce qui est normal cela dit considérant la durée de son absence en fin de saison.

 

Pour le moment, l’effet Caufield a plus de mordant que l’effet Toffoli qui se fait attendre lui aussi. Ajoutez d’ailleurs mon nom à la liste de ceux et celles qui le croient ralenti par une blessure.

 

Pour le moment, l’effet Caufield a plus de mordant que l’effet Anderson qui, aussi puissant lors du premier match de la série à Toronto jeudi dernier, s’est estompé au cours des deux derniers matchs.

 

Pour le moment, l’effet Caufield a plus de mordant que l’effet Weber dont le retour au jeu n’a pas non plus donné les résultats attendus. Surtout en attaque. Que Weber soit toujours handicapé par une blessure au poignet gauche semble évident. Ça expliquerait pourquoi il a tenté une passe en fin de match lundi vers Phillip Danault qui n’était pas vraiment bien placé au lieu de décocher un plomb en direction du but.

 

Pour le moment, l’effet Caufield a beaucoup plus de mordant que l’effet Tomas Tatar qui est vraiment effacé depuis le début de la série. Son plus grand fait saillant aura été la «petite crisette» piquée après avoir été informé qu’il serait rayé de la formation lundi soir. Un retrait qui était pleinement mérité. Cette crisette, Tatar aurait pu la transformer en motivation lorsqu’il a appris qu’il serait finalement de la rencontre. Elle aurait pu lui permettre de prouver que l’état-major avait tort de croire qu’il valait mieux jouer sans lui qu’avec lui. Mais non ! Il n’a pas été beaucoup meilleur qu’il ne l’avait été lors des deux premiers matchs, à moins bien sûr que vous vous laissiez hypnotiser par la mention d’aide obtenue sur le but de Nick Suzuki.

 

Pour le moment, l’effet Caufield a plus de mordant que l’effet Danault qui est loin d’être aussi positif qu’il ne l’a été en saison régulière face aux meilleurs joueurs des autres équipes.

 

Danault a les mains pleines devant Auston Matthews et Mitchell Marner. Personne ne peut s’attendre à ce qu’il soit en mesure de museler ces deux bêtes offensives bien qu’il ait été en mesure de le faire contre McDavid et Draisaitl en saison régulière. Mais Danault doit s’aider et aider la cause de ses compagnons de trio en gagnant des mises en jeu. Ce qu’il a fait lors du premier match (15 en 27). Ce qu’il n’a toutefois pas fait lors des deux derniers alors qu’il a été haché finement (6 en 21) samedi et a été dominé (10 en 24) encore lundi. Pis encore, Danault a perdu des mises en jeu cruciales en zone défensive, des mises en jeu perdues qui ont ensuite conduit à des buts des Maple Leafs.

 

Et comme les Leafs n’ont pas besoin de marquer beaucoup de buts pour éclipser le Canadien, il serait plus qu’important d’éviter de leur faciliter le travail en perdant des mises en jeu à gauche ou à droite de Carey Price.

 

Espérer le meilleur... anticiper le pire

 

Carey Price a aidé son équipe de bien des façons au cours des trois premiers matchs. Et bien qu’il devra sans doute être la première étoile de la rencontre dans le cadre d’une éventuelle victoire du Canadien, il est crucial que ses coéquipiers viennent l’aider à leur tour en marquant plus qu’un ou deux buts par rencontre.

 

Non, Caufield n'a pas été sous-utilisé

Et il faudra plus que Cole Caufield et Nick Suzuki – avec une mention honorable à Jesperi Kotkaniemi qui a disputé un bon match lundi – pour y arriver. Il est temps pour les autres attaquants de se mettre en marche.

 

Bien que j’étais en accord avec l’idée de garder Alexander Romanov hors de la formation parce que le jeune défenseur jouait très mal dans le dernier tiers de la saison, il est peut-être maintenant nécessaire de le réintégrer.

 

Oui Romanov est partout et nulle part sur la patinoire. Oui il multiplie les vilaines décisions. Mais si Jon Merrill assurait une grande stabilité défensive et que son expérience était un atout pour le bien du Canadien, il serait facile d’accepter le retrait de Romanov et la perte sèche que son absence entraîne au chapitre de la vitesse des défenseurs et de la qualité des relances.

 

Mais Merrill est loin d’impressionner. Très loi. Dans ces circonstances, un apport d’énergie de Romanov pourrait aider. En tout cas, il ne pourrait rien donner de bien pire…

 

Cela dit, le Canadien étant ce qu’il est, est-ce qu’on se retrouvera tous sur le derrière si le Canadien s’offre trois ou quatre buts ce soir aux dépens des Leafs et que soudainement Carey Price perd soudainement tous ses moyens le temps d’une partie?

 

Le Canadien étant imprévisible au cube, on peut s’attendre à n’importe quoi. Au meilleur. Au pire. Certains soirs, on peut même s’attendre à un mélange des deux.

 

J’avais pris le Canadien gagnant en six contre les Leafs. C’est encore possible, bien que ce soit peu probable. Cela dit, il faudra que ça commence par une victoire ce soir, car si le Canadien perd ce soir, pas sûr qu’il y aura 2500 partisans au Centre Bell samedi. En fait, ils y seront peut-être, mais ce ne sera pas pour voir le Canadien y affronter les Leafs.

 

Il faudrait être très malintentionné pour blâmer Price
Les partisans doivent prendre leur gaz égal