Au plus fort de la course aux séries, victimes de trois revers à leurs trois derniers matchs, il était clair que les Devils maximiseraient leurs chances de victoire en amorçant le match avec force. Et surtout, en l’amorçant à l’heure.

C’était clair pour vous, c’était clair pour moi, c’était clair pour Claude Julien qui l’a d’ailleurs rappelé à ses joueurs avant la partie.

De toute évidence, ce n’était pas aussi clair pour les joueurs du Canadien qui ont disputé un match à l’image de leur saison. Après avoir attendu d’être éliminés pour connaître leur meilleure séquence de la saison avec sept matchs consécutifs avec au moins un point (3-0-4), les joueurs du Tricolore ont attendu de tirer de l’arrière 6-1 avant de se mettre à jouer.

Le Canadien a finalement perdu 6-4. Une consolation? Pas vraiment!

Je ne m’attendais pas à une victoire aux dépens des Devils. Je ne m’attends plus à des victoires du Canadien pour la simple raison que les résultats du match de mardi, de celui qu’il disputera jeudi contre les Panthers, samedi contre le Lightning ou des 14 qui suivront pour clore la saison régulière ne m’intéressent pas vraiment. Ils m’intéressent beaucoup moins que la façon dont les joueurs se comportent et se comporteront.

Je veux bien croire que le Canadien est décimé par les blessures. Et c’est vrai. Je veux bien croire aussi, parce que c’est vrai, que huit joueurs dans l’uniforme bleu-blanc-rouge au New Jersey hier ont joué avec le Rocket à Laval plus ou moins longtemps cette année.

Puis après?

Ça devrait représenter une raison de plus de profiter de l’occasion offerte par le grand club de se donner à fond. D’offrir de l’effort, de la fierté, de la conviction. D’offrir quelque chose.

Au Prudential Center mardi soir, le Canadien n’a rien offert en première période. Rien de rien. « Du premier au dernier joueur, nous n’avons pas été bons en première période et le dommage était fait », a d’ailleurs souligné Claude Julien.

Les vétérans n’ont pas été assez bons. Les jeunes n’ont pas été meilleurs. Et j’ajouterais même que l’entraîneur-chef a manqué l’occasion de contester le premier but marqué aux dépens de son équipe. Pas question ici de prétendre qu’une révision vidéo aurait définitivement renversé la décision initiale, mais comme il y a eu contact avec Charlie Lindgren quelques secondes avant qu’il soit déjoué par la rondelle déviée dans l’enclave, il me semble qu’une demande de révision était de mise.

Mais bon. Elle n’est pas venue. Et non ce n’est pas à cause de cette décision – ou non décision – que le Canadien a perdu. C’est pour l’ensemble de l’œuvre.

Et c’est parce que ce premier but a été suivi d’un deuxième, d’un troisième et d’un quatrième avant la fin du premier tiers – les Devils ont aussi dominé les tirs 17-5 au premier tiers – que le match de mardi n’a pas permis d’effectuer des évaluations sérieuses de quelques joueurs.

Et c’est dommage.

Mes observations sur cette 30^e défaite en temps réglementaire du Canadien en 66 matchs cette saison (25-30-11), une 20^e en temps réglementaire en 33 parties sur la route cette saison (9-20-3). Oui! Le Canadien n’a que neuf gains sur la route jusqu’ici cette saison.

• Première soirée difficile de Juulsen
• Valiev : une première impression ratée
• Lindgren est demeuré dans l’action
• De la Rose capable d’être bon avec la rondelle

Chiffre du match : 24 – Brendan Gallagher se fiche bien du trio au sein duquel il est inséré. Il s’assure de prendre les moyens pour maximiser ses performances. Sans connaître un grand match, Gallagher a pris les moyens pour inscrire un 24^e but cette saison. Il a non seulement ajouté à son avance au premier rang des buteurs du Tricolore – Max Pacioretty est toujours deuxième avec 17 –, mais a égalé sans meilleure récolte en carrière.

Première soirée difficile de Juulsen

Comme plusieurs d’entre vous, j’ai été impressionné par les premiers matchs de Noah Juulsen avec le grand club. J’ai été impressionné par la façon dont il joue et surtout par la confiance qu’il affiche lorsqu’il décide de se porter à l’attaque, ou de tenter un jeu en défensive.

J’ai été aussi beaucoup impressionné par le fait qu’il savait rapidement oublier et ses remettre des erreurs commises dans le feu de l’action. Une qualité qui fait défaut avec plusieurs vétérans défenseurs du Canadien, dont Jeff Petry, Karl Alzner et Jordie Benn.

Se remettre rapidement d’une mauvaise passe ici, d’une vilaine décision là, d’une couverture ratée là-bas c’est bien. Se remettre d’un mauvais match c’est mieux encore. Mais c’est plus difficile. On saura jeudi si Juulsen a cette capacité. Cette qualité.

Car mardi au New Jersey, Juulsen n’a pas été bon. Pas bon du tout. Si on l’a vu sortir Karl Alzner de situations difficiles au fil des premiers matchs qu’ils ont disputés ensemble, c’est Alzner qui est souvent venu à la rescousse de Juulsen en première période.

Juulsen a pris de mauvaises décisions, comme celle de glisser devant un adversaire – Brian Boyle – qui n’était pas le moindrement dangereux où il était dans le coin à la gauche de Lindgren. En se sortant bêtement du jeu avec cette glissade, Juulsen est arrivée en retard pour disputer une bataille à un contre un devant le filet. Résultat : il a vite perdu cette bataille qui l’opposait à Blake Coleman qui a ensuite sauté sur une rondelle libre devant Lindgren pour marquer le deuxième but des Devils sous le nez du jeune défenseur du Canadien.

Juulsen était sur la glace pour trois des six buts des Devils, dont un a été enfilé en avantage numérique. Il était sur la glace pour le but de son coéquipier Gallagher. Comme quoi, il n’a pas fait que du mauvais.

Cette mauvaise partie est normale. Elle fait partie du processus d’apprentissage. Et comme je l’écrivais plus haut, il sera maintenant intéressant de voir comme Juulsen réagira jeudi alors qu’il croisera un autre club affamé, un club qui ne lui offrira pas la vie aussi facile que les Islanders l’ont fait la semaine dernière…

Valiev : une première impression ratée

Il est hors de question de conclure que Rinat Valiev ne pourra jamais aider le Canadien en se basant uniquement sur sa performance de mardi face aux Devils.

Ce serait injuste.

Mais il est clair que le défenseur acquis des Maple Leafs dans le cadre de la transaction qui a envoyé Tomas Plekanec à Toronto n’a pas été en mesure de faire une bonne première impression.

Observation préliminaire, Valiev, contrairement à Noah Juulsen, Victor Mete et Mike Reilly que le Canadien a acquis à la date limite des transactions, n’affiche pas la même vitesse sur ses patins et la même vitesse d’exécution une fois avec la rondelle.

Peut-être, sans doute même et on ne le lui reprochera pas, étourdi par cette première partie dans la LNH, Valiev a plusieurs fois donné l’impression d’être dépassé par les événements. D’être un brin étourdi. Il a quand même décoché cinq tirs en direction du filet défendu par Keith Kinkaid. Mais bon, une seule de ces cinq rondelles s’est rendue au gardien des Devils.

Pour Valiev comme pour les autres jeunes espoirs, le temps est à l’évaluation. Donc à la patience. Mais ses premiers coups de patin inspirent moins de confiance que ceux des Mete, Juulsen et Reilly lorsqu’ils sont débarqués avec le grand club...

Lindgren est demeuré dans l’action

Lorsque Charlie Lindgren a été victime d’un quatrième but 12 petites secondes avant la fin du premier tiers, je me suis dit : on verra enfin Zachary Fucale devant le filet du Canadien.

Eh non! Il faudra attendre cette première présence du gardien repêché par le Canadien en 2013 encore un peu. Peut-être même encore longtemps, car aussitôt rappelé du club-école pour pallier l’absence d’Antti Niemi qui a déclaré forfait hier en raison d’une blessure au bas du corps, Fucale a été renvoyé à Laval dès la partie terminée.

Dans ses commentaires d’après-match, Claude Julien a indiqué n’avoir jamais songé à retirer Lindgren à la fin du premier tiers. «Oui il a été victime de quatre buts, mais il faut prendre en considération le fait que le club ne jouait pas bien devant lui. Il a accordé six buts, mais on ne peut pas vraiment parler de mauvais buts. En plus, il fait partie lui aussi du groupe de jeunes que nous évaluons. En le gardant devant le filet, on voulait aussi voir comment il se comporterait dans une situation comme celle que nous affrontions», a plaidé l’entraîneur-chef du Canadien.

Je comprends et accepte les explications de Claude Julien.

Mais la décision de ne pas faire appel à Fucale me pousse à croire que le gardien québécois n’aura jamais l’occasion d’effectuer ne serait-ce qu’un seul arrêt dans l’uniforme du Canadien à moins que Niemi, et Lindgren ne se blessent d’ici la fin de la saison et que Carey Price ne soit pas en mesure de rejouer avant le moins d’octobre. Et encore...

C’était la première fois en 11 départs cette saison avec le Canadien que Charlie Lindgren accordait six buts dans un même match. Il a limité ses adversaires à deux buts ou moins dans sept de ses 11 sorties – 9 buts au total et deux jeux blancs, qui lui ont permis de maintenir un dossier de 3-2-2 – mais a été victime de 24 buts dans les quatre parties au cours desquelles il a accordé plus de trois buts (fiche de 1-3).

De la Rose capable d’être bon avec la rondelle

Tous les joueurs qui n’ont pas atteint ou été en mesure de demeurer dans la LNH en raison de leur taille ou d’une lacune au chapitre de leur coup de patin doivent jalouser Jacob de la Rose sans bon sens.

Gardé avec le grand-club parce qu’il est bon (supposément) sans la rondelle, parce qu’il a un bon physique et parce qu’il patine bien, de la Rose s’est bien plus souvent assuré de gaspiller ces qualités par un manque d’effort et de conviction désarmant, voire alarmant, plutôt que de les mettre en valeur.

Limité à un but à ses 38 premiers matchs, de la Rose en a marqué deux au New Jersey. Éclosion? Coup de chance? Mirage?

Allez savoir. Ce qui est clair, c’est que de la Rose a prouvé hier qu’il est en mesure d’être bon avec la rondelle de temps en temps. Il revendique deux buts et quatre points à ses quatre derniers matchs. On ne rit plus.

En fait on peut rire. On peut même s’enrager un peu, car au nombre de chances que ce joueur qui a tout pour réussir a gaspillées depuis son arrivée à Montréal, il est permis de se demander pourquoi avoir attendu si longtemps pour contribuer un petit brin à l’attaque. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour offrir un petit brin d’effort et donner au moins un tout petit peu l’impression d’être intéressé à prendre part au match qu’il dispute.

Peut-il vraiment assumer un rôle de centre de quatrième trio dans la LNH? C’est ce que les 16 derniers matchs de la saison devraient nous permettre de savoir.

Du moins je l’espère...