L’avantage numérique du Canadien est en panne sèche. Encore une fois. Après avoir échoué lors de 25 opportunités consécutives en décembre, on dirait que Montréal tente de battre son propre record. Douze tentatives infructueuses plus tard, le Canadien détient maintenant le pire avantage numérique de la ligue à 12,6% d’efficacité.

 

Le dernier but de la formation montréalaise en pareille circonstance remonte au 29 janvier, lorsque Andrew Shaw a sauté sur un rebond pour battre Andrei Vasilevskiy, du Lightning, en première période. Mais qu’est-ce qui cloche chez les hommes de Claude Julien? Pour trouver ce qui ne tourne pas rond, j’isole tout d’abord trois aspects clés de l’avantage numérique : les entrées de zone, les passes, et les tirs.

 

Entrées de zone

 

Cette catégorie est probablement la plus surprenante. En regardant les matchs, je m’attendais à voir le Canadien parmi les pires pour entrer dans la zone adverse. À ce chapitre, le CH n’est pas extraordinaire, mais il est beaucoup plus près du top-10 que du 31e rang dans plusieurs statistiques.

 

Entrées de zone en avantage numérique

 

Avec notamment Jonathan Drouin, Max Domi et Jesperi Kotkaniemi, Claude Julien a plusieurs options de qualité pour manier la rondelle et entrer dans la zone adverse. L’oeil nu peut être trompeur et il semble que ce soit le cas ici. Il y a toujours place à amélioration, comme diminuer le nombre de hors-jeux, mais 0,2 hors-jeu par 2 minutes équivaut environ à un hors-jeu par 5 avantages numériques. Pas idéal, mais pas la fin du monde non plus.

 

Passes

 

C’est ici que les problèmes commencent à se manifester. Des passes rapides et précises sont un point commun de la plupart des meilleurs avantages numériques de la LNH, en particulier les passes vers l’enclave. Ce n’est pas une coïncidence que quatre des cinq équipes qui génèrent le plus de passes vers l’enclave à 5 contre 4 (Toronto, Tampa Bay, Boston et la Floride) sont également dans le top-10 des avantages numériques de la ligue. Minnesota est la seule exception et il se situe quand même au 13e rang. La performance du Canadien lors des quatre derniers matchs est, disons, moins impressionnante.

 

Passes en avantage numérique

 

Le nombre de passes tentées est respectable, mais la précision est une tout autre histoire. Les passes sont trop souvent des rondelles bondissantes ou simplement hors cible, ce qui mène au taux anormalement élevé de revirements en zone offensive. Les joueurs qui reçoivent la rondelle doivent régulièrement regarder leurs pieds pour trouver le disque, étirer leur bâton ou simplement quitter leur position pour aller récupérer une mauvaise passe, ce qui est une perte de temps précieux et ce qui offre plus d’opportunités aux défenseurs de récupérer une rondelle libre pour la dégager.

 

Tirs

 

Toutes ces passes hors cible ralentissent l’attaque et offrent plus de temps aux défenseurs pour se positionner dans les voies de tirs. Sans surprise, la qualité et la quantité de tirs du Canadien sont à la baisse et les résultats ne sont pas beaux à voir.

 

Tirs en avantage numérique

 

Les joueurs du Canadien n’ont même pas réussi à cadrer la moitié de leurs tirs en supériorité numérique lors des quatre derniers matchs, ce qu’ils sont pourtant capables de faire à 5 contre 5 (51.3% pour la saison). Ils génèrent à peine un tir par deux minutes d’avantage numérique. En comparaison, les Sénateurs sont présentement derniers cette saison avec 1,55 tir/2 minutes. En fait, 20 équipes obtiennent au moins un tir de l’enclave par deux minutes cette saison. Et plus on se rapproche du filet, plus leur performance est inepte.

 

Les hommes de Claude Julien sont présentement littéralement incapables de tirer du bas de l’enclave, et je veux bel et bien dire littéralement. Ils n’ont effectué aucun tir de cette portion de la glace en quatre matchs. Aucun rebond récupéré pour un tir, aucun tir dévié devant le filet, rien. Considérant que 48% des buts lors des deux dernières saisons ont été marqués du bas de l’enclave, c’est un problème auquel ils doivent remédier au plus vite.

 

Le Canadien est toujours en séries au moment d’écrire ces lignes, mais de justesse. Il a un seul point d’avance sur les Islanders pour la dernière place accessible dans l’Est, mais New York a trois matchs en main.

 

Si le Canadien espère éviter de jouer au golf en avril pour une deuxième saison de suite, Claude Julien doit remettre son avantage numérique sur les rails. Ses joueurs doivent trouver un moyen de créer des tirs plus dangereux et la meilleure façon d’y arriver commence avec des passes plus précises. S’ils arrivent à mieux exécuter leurs passes, les défenseurs n’auront pas d’autre choix que de compromettre leur position plus régulièrement, ce qui ouvre des voies de passes dans l’enclave et de meilleures chances de marquer.

 

Montréal possède déjà la 6e meilleure attaque à 5 contre 5. Si son  avantage numérique peut simplement sortir des bas-fonds de la ligue, le Canadien pourrait faire des vagues au cours des prochains mois.