Le département des opérations hockey de la LNH a dévoilé mercredi le reste des joueurs qui prendront part au Match des étoiles le 28 janvier à San Jose. À ma grande surprise, Carey Price est le joueur élu pour représenter le Canadien en Californie. Price n’a pourtant toujours pas retrouvé la forme qu’il avait entre 2013 et 2017, lorsqu’il était considéré par plusieurs comme le meilleur gardien dans la ligue, récoltant les trophées Vézina, Hart, Jennings et Ted-Lindsay lors de la saison 2014-2015.

Au contraire, l’ancien 5e choix au total du repêchage de 2005 connaît encore une fois une saison difficile.

Sa présence au Match des étoiles a plus à voir avec sa réputation qu’avec sa performance. En fait, Price performe plus ou moins comme un gardien moyen dans la ligue. Son pourcentage d’arrêts de ,904 est sous la moyenne de la ligue (,908) et sa moyenne de buts alloués de 2,84 est légèrement sous la moyenne (2,86).

Même sa 8e place au chapitre des victoires ne représente pas bien sa performance, puisqu’il se situe également au 6e rang au chapitre des matchs joués.

Selon moi, le joueur qui mérite de représenter le Canadien à San Jose n’est pas Carey Price. Ce n’est pas non plus Max Domi, Jonathan Drouin, Brendan Gallagher ou Shea Weber. Non, le joueur qui aurait dû prendre la place de Price joue présentement sur la 2e paire défensive.

Jeff Petry a été un joueur clé lors de l’absence de Weber, prenant sa place sur la première unité défensive et sur la première vague d’avantage numérique. Il a apporté de la stabilité à un groupe de défenseurs en constant changement (seuls Petry, Jordie Benn et Mike Reilly ont joué plus de 30 matchs) avec de solides performances aux deux bouts de la glace.

Je crois donc qu’il est le joueur des Canadiens qui mérite le plus de faire parti du Match des étoiles. Oui, vous avez bien lu, j’ai bel et bien dit Jeff Petry et Match des étoiles dans la même phrase. C’est une déclaration audacieuse, mais j’y crois honnêtement. Pour vous prouvez que ce n’est pas purement pour créer de la controverse, commençons par analyser sa performance offensive cette saison.

Offensive

Présentement, Jeff Petry a inscrit 8 buts et récolté 29 points, ce qui le place à égalité au 7e et 9e rangs, respectivement, parmi les défenseurs de la ligue, mais regarder seulement les points peut être trompeur. Il faut regarder plus en profondeur pour voir à quel point Petry a un impact important sur les performances du CH.

Comme vous pouvez voir, Petry se situe constamment au moins dans le top-31 parmi les 150 défenseurs qui ont joué au moins 500 minutes. Le top-31, en théorie, représente une performance digne d’un défenseur numéro un (31 équipes, 31 défenseurs numéro un). Qu’il se situe si haut dans des catégories si importantes est un très bon signe de production future. Et si vous croyez qu’il a ralenti avec le retour de Weber, ce n’est pas le cas. L’ancien défenseur des Oilers d’Edmonton a 12 points en 16 matchs depuis le retour du capitaine, un de plus que Weber.

Défense

Il serait facile de croire que l’impressionnante performance offensive de Petry cette saison lui coûte à l’autre bout de la glace, mais il est tout aussi solide défensivement.

Son différentiel n’est pas très impressionnant (-2), mais cette statistique est désuète et ne devrait même plus faire partie de la fiche d’un joueur car elle ignore tellement de paramètres, comme la position et performance des autres joueurs sur la glace.

Le nombre total de jeux défensifs, qui inclut plusieurs façons de soutirer la rondelle à l’adversaire (les tirs et passes bloqués, les rondelles harponnées et les mises en échecs qui séparent joueur et rondelle) est une bien meilleure statistique pour déterminer l’impact défensif d’un joueur. Petry se situe tout près du top-10 et est confortablement dans la zone de défenseur numéro un encore une fois.

Le Match des étoiles est trop souvent un concours de popularité. Si ce n’étais pas le cas, comment expliquer que Brayden Point, 7e dans la ligue en points, sera en congé le 28 janvier, mais que son coéquipier Steven Stamkos sera présent, malgré le fait qu’il se situe au 28e rang des pointeurs?

Jeff Petry n’aura probablement jamais la reconnaissance que son jeu devrait lui mériter. Il n’a pas le style de jeu électrisant d’un Jonathan Drouin ni une réputation de star acquise plus tôt dans sa carrière comme Carey Price. Toutefois, les statistiques du joueur de 31 ans ne mentent pas. Jeff Petry est capable de performer comme un défenseur numéro un et - avec Weber de retour et meilleur que jamais - offre à Claude Julien la chance d’avoir un défenseur de premier plan sur les deux premières unités défensives. Un avantage bien plus concret qu’une apparition au concours de popularité annuel de la LNH.