Le Canadien connaît une saison tout simplement horrible, et horrible est un euphémisme. En dépit des difficultés du club, de belles histoires s’écrivent et celle d’Antti Niemi est digne de mention.

Au hockey, aucune position n’est plus ingrate que celle de gardien de but. Le cerbère est la dernière ligne de défense. Personne n’est là pour pallier à ses erreurs, mais inversement, sa mission est de réparer les pots cassés par ses coéquipiers. Un bon gardien donne une chance à son équipe de l’emporter à chacune de ses sorties et c’est exactement ce que fait Antti Niemi depuis qu’il s’est joint au Tricolore.

Au début de la campagne, Niemi n’était pourtant pas capable d’arrêter un ballon de plage, ce qui lui a valu d’être soumis au ballotage à deux reprises. Depuis qu’il est arrivé à Montréal, c’est le jour et la nuit pour le gardien finlandais. Sa moyenne de buts alloués est de 2,33 et son pourcentage d’arrêts 0,932.

Comment expliquer ce changement drastique de rendement?

Le rendement d'Antti NiemiLa clé des récents succès d’Antti Niemi est bien simple : il effectue les arrêts importants.

Le gardien moyen de la LNH affiche un pourcentage d’arrêts de 0,786 face aux tirs provenant du bas de l’enclave. Face à ces mêmes lancers, l’efficacité de Niemi se chiffre à 0,851. Pour ce qui est des tirs provenant du haut de l’enclave, le pourcentage d’arrêts du gardien moyen de la LNH est de 0,887 alors que celui de Niemi est de 0,955.

Les statistiques sont éloquentes au moment de quantifier le rendement du gardien finlandais face aux tirs les plus menaçants. Parmi tous les cerbères ayant disputé un minimum de 3 parties depuis la mi-novembre, aucun d’entre eux n’affiche un meilleur pourcentage d’arrêts que Niemi face aux lancers provenant de l’enclave. Par ailleurs, seul Pekka Rinne fait mieux que lui face aux tirs du bas de l’enclave, ce qui n’est pas peu dire considérant que Rinne est un sérieux prétendant au trophée Vézina.

Il ne faut pas partir en peur. Les meilleurs jours de Niemi appartiennent encore au passé et son jeu présente encore des lacunes importantes. Il accorde notamment trop de buts depuis la périphérie et trop de retours de lancers comparativement à la moyenne du circuit Bettman. Cela n’a cependant rien d’alarmant sachant que Niemi n’a jamais été un cerbère très fort techniquement, se fiant plutôt à ses réflexes pour briller.

C’est pourquoi la résurrection de Niemi est probablement attribuable en bonne partie au travail de Stéphane Waite. L’entraîneur des gardiens du Canadien n’a pas tenté de complètement revamper la technique de Niemi. Il semble plutôt avoir préféré travailler sur ce qui lui a permis d’occuper le poste de cerbère numéro un pendant de nombreuses campagnes et même de gagner la coupe Stanley.

Ce sont avant tout des réflexes aiguisés qui permettent aux gardiens d’arrêter les tirs provenant de l’enclave, comme le temps de réaction y est minimal. Rappelons qu’aucun gardien de la LNH ne présente une meilleure moyenne d’efficacité que Niemi face aux tirs de l’enclave depuis la mi-novembre. Sous les directives de Stéphane Waite, Niemi a assurément retrouvé ses repères.

Au début de la saison, tout laissait présager que Niemi était au bout du rouleau. Or, son passage dans la métropole devrait lui permettre de signer un nouveau contrat à la fin de la saison et de prolonger quelque peu sa carrière.

Il faudrait être dans le secret des dieux pour savoir de quel(s) procédé(s) Waite a usé pour obtenir un tel résultat. Peu importe, cette situation est des plus encourageantes. Si Waite a su résoudre l’énigme Niemi cette année, peut-être saura-t-il faire de même avec Price en vue de la saison prochaine?

Le Canadien vit et meurt via les performances de Carey Price. Cette année, il n’a pas été à la hauteur. S’il veut retrouver le droit chemin, le CH doit faire en sorte que Price joue de nouveau au niveau élite. Price n’a certainement pas perdu tout son talent du jour au lendemain et aucun homme ne semble être mieux placé que Stéphane Waite pour l’aider à rebondir, tel que ce fut le cas pour Niemi.