Apprenez tout de suite son nom, car il risque de vous impressionner. Comme plusieurs d’entre vous, j’ai été surpris de voir Cole Caufield toujours dans les gradins quand le choix des Canadiens est arrivé. Il représente une occasion que le CH ne pouvait manquer. Son immense talent – et j’y reviendrai tout à l’heure – ne doit pas cacher son incroyable volonté de réussir. Sa petite taille, que certains experts considèrent être un défaut, est plutôt devenue un moteur incroyable pour ce jeune homme qui a toujours dû prouver son adresse et son brio. Dans son cas, c’est presque devenu un art.

Il possède une force de caractère inouïe. Il croit en lui et en ses possibilités et ce sera toujours une force qu’il devra exploiter. En psychologie, on parle souvent de l’importance d’avoir confiance en ses moyens. Or, Cole possède cette confiance qui lui a permis de se démarquer partout où il est passé, car c’est un marqueur né. Il a compté 126 buts en 123 parties dans le cadre du programme américain des moins de 18 ans. Il est sûr de lui et de ses habiletés ce qui pourrait même parfois passer pour de l’arrogance. Il en a d’ailleurs donné un aperçu quand il a dit que Jack Hugues, choisi au premier rang, n’aurait pas eu toutes ces passes si ce n’avait été de lui. Or, cette confiance il en aura besoin pour continuer à prouver ce qu’il vaut.

Si vous avez la chance de regarder quelques-uns de ses buts, vous remarquerez qu’il s’installe dans la zone de mise au jeu à la droite du gardien adverse qui devient son endroit de prédilection pour ses tirs foudroyants qui trouvent si souvent le fond du filet. Voilà sa plus grande qualité : il sait comment compter des buts.

Comme docteur en psychologie sportive, j’ai eu à en aider des joueurs professionnels à trouver des solutions pour sortir d’une léthargie. Mais j’ai surtout réalisé que si tu ne possèdes pas ce talent de marqueur, il est presque impossible de l’apprendre. Les Guy Lafleur,  Mario Lemieux, Pierre Larouche et Mike Bossy sont exceptionnellement rares.

Un jour, un peu avant son retour au jeu après ses maux de dos, j’ai été patiner avec Mario Lemieux sur une glace pour l’aider à reprendre ses repères et faire certains exercices. Pendant un moment, nous patinions et je lui faisais des passes pour qu’il décoche ses tirs vers les buts le plus rapidement et le plus précisément possible. Arrivé dans l’enclave, il lançait dans l’un des quatre coins du filet en faisant une rotation et il ne manquait que très rarement la cible. Or, quand il recevait la passe et lançait, jamais il ne regardait le but.

Après la séance d’entraînement, je me suis approché et je lui ai dit en souriant :

-       T’as quand même été un peu chanceux de réussir aussi souvent.

-       Pourquoi tu me dis ça?

-       Ben, tu regardes jamais où tu lances…

-       Pas besoin. Le filet ne change jamais de place. Je sais où il est. C’est tout… Et ça, ce n’est pas de la chance!

Voilà ce qu’est l’instinct du marqueur. Et Caufield le possède.

Non, ce n’est pas un géant… si ce n’est dans sa tête!