Cette fois, il faudra éviter le piège!
Le Canadien vient de signer cinq victoires de suite pour la première fois depuis plus de trois ans.
Ce n'est pas rien!
Avec un but et trois passes, Nick Suzuki a gonflé à 13 (4 buts, 9 passes) sa récolte de points au fil de ces cinq gains consécutifs, ce qui le place au 1er rang des patineurs de la LNH au cours de cette période. Le capitaine ne fait que donner le ton, il joue le meilleur hockey de sa carrière. Et pas seulement en matière de buts marqués et de points amassés.
Cole Caufield a atteint le plateau des 30 buts. De la façon dont il joue, il pourrait bien devenir le premier joueur du Canadien à atteindre le plateau des 40 buts en plus de 30 ans. Soit depuis que Vincent Damphousse a réalisé l'exploit en 1993-1994.
Lane Hutson, fort des deux passes ajoutées dans la victoire de 4-3 arrachée en prolongation aux dépens des Sabres venus de Buffalo, est rendu à 46 mentions d'aide cette saison. Il s'approche des records (55 passes et 64 points) que détient Chris Chelios pour les défenseurs dans l'histoire du Canadien.
Mieux encore que toutes ces statistiques individuelles, voilà le Canadien revenu à la porte des séries au grand plaisir des joueurs et de leurs partisans.
Ce concert de bonnes notes ravive espoir et passion. Et comme prévu, tout un chacun implore à nouveau Kent Hughes d'aller chercher du renfort pour mousser les chances de son équipe de se rendre en séries.
La balloune a pété
Loin de moi l'intention de casser le « party », mais je vais le faire pareil en vous rappelant ce qui s'est passé à partir du 23 janvier dernier.
Vous avez oublié?
J'espère que les joueurs du Canadien n'ont pas oublié eux. Et s'ils souffrent d'amnésie, il faudra que Martin St-Louis leur ravive la mémoire d'ici jeudi.
Car voici le Canadien devant le même piège à l'intérieur duquel il s'est engouffré il y a un peu plus d'un mois.
Rappelez-vous : fort d'une séquence inespérée de 13 victoires en 17 matchs (13-3-0-1), le Canadien qui inventait de nouvelles manières de perdre en début de saison, trouvait maintenant différentes façons de gagner. Un vol de ses gardiens ici, un adversaire trop confiant là, de bonnes et très bonnes performances là-bas, le Tricolore gagnaient avec la même régularité que les meilleurs clubs de la ligue.
Mirage en octobre, en novembre et jusqu'aux réveillons de Noël et du Nouvel An, les séries étaient soudainement juste-là.
Eh puis pouf! La balloune a pété! Le Canadien a perdu huit fois en neuf matchs (1-7-1). Les joueurs sont partis pour la pause de la Confrontation des 4 nations, la tête entre les jambes, le moral dans les talons.
Voilà que les séries étaient redevenues une utopie.
Glissade pourtant prévisible
La glissade amorcée le 23 janvier lorsque le Canadien a perdu 4-2, à Detroit, aux mains des Red Wings était pourtant prévisible.
Pourquoi?
Parce que vers la fin de la séquence victorieuse, le Canadien s'est mis à gagner des matchs qu'il aurait dû perdre.
Quand ça arrive une fois de temps en temps, les coachs l'acceptent. Ils sont même contents puisque ces victoires pas vraiment méritées font contrepoids aux revers encaissés alors que leur équipe méritait un bien meilleur sort.
« On n'a pas joué un grand match encore ce soir, mais pas question d'être trop pointilleux. On a perdu des matchs avant la pause alors qu'on avait bien mieux joué que ce soir », a d'ailleurs fait remarquer St-Louis après le match.
Mais quand ces victoires récompensent trop souvent des sorties couci-couça de leurs joueurs, les coachs s'inquiètent. Ils s'inquiètent parce qu'ils sentent qu'une forme de complaisance s'installe dans le vestiaire. Parce qu'ils remarquent que la confiance nouvellement acquise par leurs joueurs tend un brin vers l'arrogance. Parce qu'ils remarquent aussi une diminution de l'ardeur au travail attribuable au fait que leurs joueurs se croient rendus à la terre promise... ou simplement meilleurs, individuellement ou collectivement, qu'ils ne le sont en réalité.
Lundi soir, au Centre Bell, le Canadien a gagné un match qu'il aurait facilement pu perdre. On pourrait même dire qu'il aurait dû perdre compte tenu du fait qu'il a levé le pied après s'être offert une avance de 3-0.
Les Sabres ont outrageusement dominé les deuxième et troisième périodes. Ils ont largement dominé à cinq contre cinq et dans plusieurs autres facettes du jeu : 36-20 au chapitre des tirs cadrés, 87-43 au chapitre des tirs décochés, 37-20 au chapitre des mises en échec assénées.
N'eût été quelques arrêts solides de Samuel Montembeault au dernier tiers, le match ne se serait pas décidé en prolongation. Les Sabres l'auraient gagné en temps réglementaire.
Samedi, contre les mêmes Sabres, mais cette fois à Buffalo, le Canadien a été loin d'être convaincant dans la victoire. Il en a beaucoup arraché contre le pire club de la division atlantique. La pire équipe de l'Association Est.
Jeudi dernier? C'est contre le pire club de la LNH au grand complet, les Sharks venus de San Jose, que le Canadien a signé un gain qu'il était loin de vraiment mériter.
S'il joue aussi mal, jeudi, à Edmonton, contre les Oilers, qu'ils ne l'ont fait collectivement lundi contre les Sabres, le Canadien pourrait bien replonger dans le même piège où ils se sont engouffrés le 23 janvier dernier.
Ce serait bête de tomber dans le même piège deux fois en un peu plus d'un mois.
Ce serait très bête même.
Car le Canadien vient de se redonner, avec les cinq gains qu'il vient de signer, la chance de disputer des matchs significatifs au mois de mars. S'il dispute encore des matchs significatifs en avril, les objectifs de la saison 2024-2025 seront alors atteints. Même si le Tricolore se rive le nez sur la porte donnant accès aux séries.
Mais encore faut-il éviter de ressauter à pieds joints dans un piège dont il vient tout juste de se libérer.
C'est là qu'on pourra mesurer les améliorations du Canadien sur le plan du leadership, sur le plan du jeu collectif, sur le plan du coaching également.