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MONTRÉAL - Dans un match au cours duquel les gardiens Carey Price et Tuukka Rask jouaient à la roulette devant les filets, c’est un pari risqué pris par Claude Julien qui a propulsé le Canadien vers la victoire.

Parce que les Bruins venaient de non seulement niveler les chances, mais aussi de prendre les devants 5-4 lors des cinq premières minutes du dernier tiers, Claude Julien a décidé de prendre une chance et de contester le but qui donnait les devants à l’ennemi venu de Boston pour un hors-jeu non signalé par les juges de lignes.

 

C’était risqué. Vraiment risqué!

 

Car de tous les angles offerts, il était vraiment difficile de déterminer avec certitude si Charlie Coyle avait vraiment les patins au-delà la ligne bleue avant la rondelle. L’image n’était pas nette. Vraiment pas. Le blanc de la glace que le Canadien espérait voir apparaître derrière la rondelle après que les lames des patins soient passées était bien gris. Du moins à mes yeux. En plus, les responsables des reprises bien installés dans la salle de contrôle de Toronto auraient aussi pu déterminer que Coyle, qui venait d’accepter une passe en l’amortissant avec la lame de son patin gauche, avait le contrôle de la rondelle. Ce qui lui aurait permis de devancer le disque en zone du Tricolore légalement.

 

De mon siège sur la galerie de presse, je trouvais que les reprises étaient tellement non concluantes que je me disais que la décision initiale serait tout simplement maintenue faute d’une indication permettant de la renverser.

 

Mais après cinq bonnes minutes d’incertitude, l’arbitre Marc Joanette a annoncé le verdict qui a tout changé. Le but était refusé. Les deux équipes demeuraient à égalité. L’élan des Bruins qui semblaient partis pour jouer au Canadien le même vilain tour qu’ils avaient joué, lundi soir, aux Penguins pour s’envoler vers la victoire en troisième période était soudainement freiné.

 

Eh oui! Le Canadien a finalement gagné.

 

Il a gagné 5-4. Il a battu le club de l’heure dans la LNH, le meilleur trio de la planète hockey et le gardien le plus efficace du circuit depuis le début de la saison.

 

Tout ça à cause du pari de Claude Julien.

 

Normalement, les adjoints campés devant les écrans dans le vestiaire y vont d’une directive claire lorsque vient le temps de suggérer de contester ou non un but marqué après un hors-jeu ou une obstruction sur le gardien non signalé.

 

Mardi soir, la directive était floue.

 

« C’était pas mal silencieux sur le radio ce soir. Le jeu était tellement serré qu’il était difficile de déterminer si on avait des chances de gagner ou non. Mais peu importe, j’étais prêt à prendre une chance simplement pour casser le momentum des Bruins en début de troisième », a expliqué le coach du Canadien.

 

Si le verdict était tombé en faveur des Bruins, le but aurait été bon. Bien sûr. Mais le Tricolore aurait en plus écopé une pénalité mineure pour avoir retardé la partie.

 

« Heureusement, la décision est venue de notre côté », a indiqué Julien qui aurait mérité une étoile pour cette décision qui a permis d’auréoler sa 1200e partie dirigée dans la LNH.

 

« Je vais me contenter de la victoire en guise de récompense », a-t-il conclu après sa 635e victoire en carrière. Un gain qui le propulse au 14e rang dans l’histoire de la LNH devant Darryl Sutter.

 

C’était la 169e victoire en 362 matchs de Claude Julien derrière le banc du Canadien. Il a aussi signé 47 gains en 79 rencontres avec les Devils du New Jersey et 419 en 759 rencontres à titre d’entraîneur-chef des Bruins.

 

Duel de gardiens?

 

Parce que Bruce Cassidy avait fait appel à Jaroslav Halak lundi, contre Pittsburgh, les fans du Canadien et des Bruins salivaient à l’idée d’avoir, en plus d’un duel toujours intéressant opposant les deux grands rivaux, un duel entre deux des meilleurs gardiens de la Ligue.

 

Le duel entre rivaux a tenu la route. Pas que le match ait été bon sur tous les aspects techniques et stratégiques. Mais le duel a été enlevant. Divertissant.

 

Pour le duel entre gardiens, il faudra repasser.

 

Carey Price a été victime de trois buts sur les huit premiers tirs des Bruins. Les buts de Pastrnak et de Clifton ont été marqués à l’aide de tirs puissants et précis. Bon! Ils ont été encore marqués dans les lucarnes. Des lucarnes que Price offre à ses rivaux en s’agenouillant rapidement. Mais en couvrant ainsi ses angles, il oblige ses rivaux à y aller de tirs parfaits pour le battre.

 

Ce qui est arrivé mardi. Ce qui arrive peut-être un peu trop souvent c’est vrai.

 

Surtout que dans le cadre d’un défi aussi imposant que celui qui se dressait devant le Canadien, il fallait un Price presque parfait pour guider son équipe vers la victoire.

 

Du moins c’est ce qu’on pensait.

 

Car son vis-à-vis Tuukka Rask a été tellement mauvais mardi que Price n’a pas eu à être bon pour gagner.

 

Je vais laisser le soin au gardien des Bruins d’analyser sa soirée de travail. « Les gars ont fait du très bon travail pour revenir dans le match. J’étais simplement incapable de faire un arrêt pour les aider. J’avais l’impression que la rondelle était une balle de golf ce soir tellement elle rebondissait partout. »

 

Parlez-moi d’un gardien qui dit les choses comme elles doivent être dites.

 

Carey lui?

 

Il n’est jamais venu répondre aux questions.

 

Danault-Bergeron : face-à-face

 

Si le duel Price-Rask a fait patate, il en va bien autrement du duel tout québécois qui opposait le grand maître Patrice Bergeron à son plus grand admirateur Phillip Danault.

 

Les deux centres se sont retrouvés nez à nez toute la soirée.

ContentId(3.1346326):LNH : Bruins 4 - Canadiens 5 (Hockey)
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Le simple fait que Bergeron ait été limité à une passe et que le gros trio des Bruins se soit inscrit au pointage lors d’une attaque massive est une grande victoire pour Danault et ses ailiers Tomas Tatar et Brendan Gallagher.

 

Mais il y a plus. Il y a que l’élève a poussé le maître à la faute alors que Bergeron a écopé une pénalité mineure en début de deuxième pour avoir accroché Danault derrière le filet des Bruins.

 

Quand j’ai demandé à Danault si ce jeu représentait l’apothéose de sa soirée de travail devant son idole de jeunesse, le centre du Canadien a répondu que non : « Je suis plus fier de la victoire aux dépens de Patrice sur la dernière mise en jeu du match, dans notre zone, alors qu’ils avaient retiré le gardien. Les mises en jeu contre Patrice sont toujours de gros défis. Des défis que j’aime. Que nous aimons tous les deux et celui-là m’a fait bien plaisir », a souligné Danault.

 

Parce que c’est lui qui a ouvert la porte, j’ai fait remarquer à Danault qu’une mise en jeu perdue en zone défensive, au tout début de la première attaque massive des Bruins, a conduit au but de Pastrnak. But marqué à l’aide d’un puissant tir frappé sur réception d’une passe de Torey Krug.

 

« Ouais! Je me souviens de celle-là aussi. Patrice l’a gagnée complètement. Mais c’était la première qu’il gagnait dans le match. J’avais gagné les quatre premières », a plaidé Danault comme s’il voulait se racheter.

 

Au total, Danault et Bergeron se sont croisés 15 fois mardi. Danault a gagné trois mises en jeu de plus que son mentor.

 

Ah oui!

 

Vous vous demandez peut-être si l’option offerte aux coachs de favoriser un côté plus qu’un autre pour disputer les mises en jeu en territoire offensif a un impact sur le jeu.

 

La réponse est assez éloquente dans le cadre du match de mardi. Phillip Danault a gagné une mise en jeu sur les deux qu’il a disputées à Bergeron en zone des Bruins. Il a toutefois perdu trois des sept qu’il a disputées près de Carey Price alors que Bergeron avait le loisir de choisir son côté fort.

 

Tendance lourde ou concours de circonstances? On suivra ça de plus près au cours des prochains matchs.

 

En bref

 

  • Un autre pari pris par Claude Julien et ses adjoints a souri au Canadien mardi. Celui de séparer Victor Mete et Shea Weber. Employé avec Jeff Petry, Mete y est allé de deux buts aux dépens des Bruins. Vous avez bien lu : deux buts!

 

  • « Dans un match contre Boston et contre le meilleur trio de la LNH, je voulais soustraire Victor à ce genre de duel qui ne le place pas dans les meilleures circonstances pour réussir. On avait pensé dès l’été dernier à un scénario réunissant Chiarot et Weber pour affronter de gros trio. On avait pris notre décision d’y aller avec ce duo dès ce matin. On avait deux gars plus hermétiques et solides physiquement pour appuyer le travail du trio de Danault. Et ça nous donnait aussi un autre bon duo avec Victor et Jeff Petry », a commenté Claude Julien en guise d’explication aux changements apportés...

 

  • Derrière Chiarot-Weber et Mete-Petry, le duo Reilly-Fleury a connu sa part de difficultés mardi. Fleury ne joue pas du mauvais hockey. Mais à quelques reprises hier, on a vu que ses premières passes en transitions offensives manquaient nettement de vigueur. Ce qui a facilité le travail des Bruins pour court-circuiter des sorties de zone du Tricolore...

 

  • Paul Byron a joué son meilleur match de la saison. Il était temps diront plusieurs. C’est vrai. Mais au-delà du but qu’il a marqué, il a patiné comme on était habitué de le voir patiner et il s’est démené comme il doit se démener pour obtenir du succès...

 

  • Est-ce la présence de Ryan Poehling qui a servi la cause de Byron. Je ne sais pas. Je sais toutefois que Poehling, malgré toutes ses qualités, aura besoin d’adaptation avant qu’on puisse établir s’il est vraiment en mesure de demeurer avec le grand club dès sa première année...

 

  • Un qui continue de m’impressionner c’est Nick Suzuki. Encore hier, il s’est signalé avec de très bons jeux. Autant en attaque qu’en zone défensive...

 

  • Sur cet aspect du jeu, le centre du 4e trio Nate Thompson a été impérial en fin de rencontre dans sa manière de contrer les assauts des Bruins qui ont été incapables de s’installer pour profiter des dernières minutes de la troisième période afin de mousser leurs chances de niveler le pointage. Seul un vilain dégagement refusé imputable à Max Domi a ouvert la porte aux Bruins qui ont obtenu une mise en jeu en territoire du Canadien. Mais Phillip Danault a minimisé les risques en gagnant ce duel face à Patrice Bergeron...

 

  • Capitaine des Bruins, ennemi juré des fans du Canadien depuis qu’il a blessé Max Pacioretty avec une mise en échec retentissante en 2011 au Centre Bell, Zdeno Chara a été touché par le geste de la direction du Tricolore qui a salué son 1500e match en carrière dans la LNH. Il a été encore plus touché par les applaudissements de la foule lors de la présentation faite à l’écran géant. «Ça démontre qu’au-delà la grande rivalité qui oppose les deux organisations, les amateurs ont aussi le hockey à cœur. Ils l’ont démontré ce soir en affichant autant de respect. Ce geste m’a beaucoup touché», a témoigné Chara qui s’est d’ailleurs levé au banc des Bruins avant d’applaudir les fans du Tricolore en guise de remerciement...

 

  • Après avoir battu la meilleure équipe de la Ligue mardi au Centre Bell, ce serait bête que le Canadien se rende à Philadelphie pour s’y faire battre par les Flyers. Non?
    ContentId(3.1346315):LNH : Le Canadien sauvé par un petit cheveu! (hockey)
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