« Les bonnes équipes de hockey trouvent les moyens pour gagner les matchs serrés. » C’est de cette façon que Nate Schmidt a salué le gain de 3-2 arraché en prolongation par ses Canucks, vendredi soir, au Centre Bell.

Je ne sais pas si le défenseur a raison de prétendre que les Canucks forment une bonne équipe. Mais après s’être contentés de 8 victoires lors des 24 premiers matchs (8-14-1-1) de la saison, les Canucks viennent de gagner 8 fois à leurs 10 dernières parties. Et 4 de leurs 5 derniers gains sont venus en prolongation – contre le Canadien et les Sénateurs – et en tirs de barrage aux dépens des 2 mêmes équipes.

Les Canucks ont gagné six (6-1-0-2) de leurs neuf matchs qui se sont décidés par un but.

Inversement, le Canadien s’est contenté de 2 timides victoires (2-1-5-4) dans le cadre des 12 parties qu’il a gagnées ou perdues par un petit but. Et bien sûr, il a perdu chacune des 6 prolongations qu’il a disputées en plus de s’incliner lors des 3 séances de tirs de barrage qui ont suivi les prolongations qui n’avaient pas fait de maître.

Est-ce qu’on doit conclure que le Canadien forme un mauvais club de hockey pour autant?

La réponse est non. Mais en gaspillant autant de points une fois les 60 minutes réglementaires complétées, le Canadien creuse lui-même le fossé qui le sépare des meilleures formations de la division canadienne. Un fossé qu’il a élargi un peu plus vendredi soir alors que J.T. Miller a déjoué Jake Allen dix secondes seulement après que Josh Anderson, en échappée, eut raté la cible. Un scénario identique à celui qui a mené à la défaite – encore en prolongation – de mercredi, à Winnipeg, alors que les Jets ont marqué dans la contre-attaque qui a suivi un arrêt spectaculaire de Connor Hellebuyck devant Jeff Petry.

Rendu là, mieux vaut en rire! Sauf qu’il n’y a rien de drôle dans cette situation.

Il ne manquait qu’un but!

Le pire dans tout ça, c’est que le Canadien a disputé une bonne prolongation encore vendredi.

Bon! On pourra encore et toujours contester la décision de Dominique Ducharme de l’amorcer avec Phillip Danault, Paul Byron et Petry. Mais ce « trio » a fait ce qu’il avait à faire en gagnant la mise en jeu initiale et en conservant la rondelle qu’il a ensuite remise au deuxième trio (Anderson, Jonathan Drouin, Tyler Toffoli) envoyé dans la mêlée. Mais après l’échappée ratée par Anderson, Tomas Tatar, Nick Suzuki et Brendan Gallagher qui venaient de sauter sur la glace ont été incapables de défendre leur territoire.

Pauvre Tatar! Il a bien mal paru alors que Miller s’est moqué de lui en se faufilant sans le moindre ennui entre Tatar et la bande une fois en zone du Canadien.

Pauvre Suzuki! Il a bien mal paru lui aussi alors que Miller s’est moqué de lui en contournant que le jeune centre qui tentait de venir en aide à Tatar et à son gardien... sans succès!

Bien qu’ils ne soient pas des défenseurs, Tatar et Suzuki, en combinant leurs efforts, auraient normalement dû être en mesure de neutraliser Miller. Ou à tout le moins de tellement compliquer son travail qu’il aurait été facile pour Allen de composer avec la situation. Mais non! Tatar n’avait pas la vitesse pour réagir. Suzuki n’avait pas la hargne ou l’expérience – peut-être bien un mélange des deux – pour composer avec Miller qui a pu mettre à profit 100 % de son talent pour déjouer habilement le gardien du Canadien.

Aussi mauvais aient été Tatar et Suzuki dans leur couverture défensive – et ils n’ont vraiment pas été bons – et aussi malchanceux ait été Anderson sur son échappée, c’est la manière prudente du Canadien de jouer en prolongation qui a permis à Miller de marquer. Ou d’avoir l’énergie d’y arriver. C’est Miller lui-même qui l’a confirmé en expliquant le jeu qui a mené au but de la victoire.

« Je suis chanceux d’avoir pu marquer ce but. D’abord, c’est rare d’avoir la chance de partir du coin comme ça et de pouvoir revenir devant le but comme j’ai pu y arriver. Mais en plus, ça faisait très longtemps que j’étais sur la glace. Heureusement, j’avais encore du souffle et des jambes parce que je n’avais pas eu à bouger beaucoup en début de présence. »

Si Miller et ses coéquipiers n’ont pas eu à beaucoup bouger, c’est qu’à l’exception de l’échappée obtenue par Anderson, le Canadien n’a rien généré en attaque. Il a bien contrôlé la rondelle. C’est un fait. Comme il est un fait que le contrôle de la rondelle prime sur tout le reste. Mais si tu joues d’une manière tellement prudente que l’adversaire n’a qu’à t’attendre pour ensuite te faire payer la moindre erreur, tu n’es pas plus avancé.

« Si Josh marque sur l’échappée, personne ne conteste la sélection des joueurs et la manière dont nous avons disputé la prolongation. Au contraire, on aurait vanté le caractère de l’équipe qui a poussé le match en prolongation avec un but en fin de troisième. On aurait aussi parlé de notre caractère, mercredi, si nous avions marqué en prolongation après notre remontée de deux buts en troisième période », que Ducharme a plaidé après la défaite.

Mais c’est justement ça le problème : son équipe a encore perdu. Vrai qu’elle a trouvé une façon d’ajouter un point avec le but égalisateur – un très beau but marqué par Suzuki qui a déjoué Thatcher Demko avec un tir de poignets vif et précis dans la lucarne au-dessus de la mitaine – alors que le Canadien était en supériorité numérique avec en plus Allen rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant. Mais elle a perdu. Offrant gracieusement un point prime à un adversaire qui n’était pas menaçant du tout il y a quelques semaines et qui l’est maintenant pas mal... Et qui le deviendra plus encore samedi soir si les Canucks sortent gagnants du neuvième et dernier affrontement entre les deux équipes cette saison. Du moins en saison régulière!

Gagner en 60 minutes...

Parce que le Canadien a encore perdu en prolongation, toute l’attention est consacrée aux 121 secondes qui ont mené au but de la victoire.

Je sais bien que c’est en prolongation que le Canadien a perdu vendredi. Du moins officiellement. Mais officieusement, c’est tout autant au cours des 40 premières minutes que le Tricolore a perdu.

Je m’explique :

Le Canadien a bien amorcé le match. Vraiment. Il a su profiter de la pénalité décernée à Antoine Roussel alors que le cousin français n’était en rien responsable de la chute effectuée par Suzuki pour prendre les devants 1-0.

Fort de ce but, la troupe de Ducharme a continué à bien jouer. Mais une fois encore, elle a été incapable d’ajouter à son avance. Le Canadien a multiplié les beaux jeux. Il s’est offert de belles occasions de marquer. Mais il en a encore trop bousillé. Oui le gardien Demko a fait de bons arrêts. Mais le Canadien lui a facilité le travail a ratant la cible trop souvent. En étant incapable d’éviter une jambe ici, un patin là, un bâton étendu là-bas, pour rendre la rondelle au filet. Des 65 tirs que le Canadien a décochés vendredi soir, 34 n’ont pas atteint la cible. Vingt ont été bloqués, 14 ont raté la cage défendue par Demko.

Inversement, les Canucks ont tiré 46 fois seulement, mais 28 rondelles ont atteint le filet défendu par Allen.

Après cette bonne première période au cours de laquelle il n’a pas su s’offrir une avance confortable, le Canadien s’est remis à jouer du mauvais hockey.

De meneur il est alors passé à mené.

Une meilleure troisième lui a permis de sauver un point en poussant le match en prolongation. Mais avec tous les ennuis qu’il connaît quand il doit faire le moindrement des minutes supplémentaires, le Canadien devrait comprendre qu’il pourrait éviter les damnées prolongations – ou les réduire au minimum – s’il se donnait la peine de jouer du bon hockey pendant 60 minutes. Pas du hockey parfait. Pas du hockey exceptionnel. Mais juste du bon hockey ne serait que pour cesser d’inviter ses adversaires à revenir dans le match.

Me semble qu’avec 2 victoires seulement dans les 12 matchs qui se sont décidés par un but, le Canadien devrait connaître l’importance de ne pas se contenter d’une aussi mince avance.

Mais bon!

L’absence de Ben Chiarot s’est encore fait sentir vendredi. Le duo Joel Edmundson-Shea Weber a encore eu les mains pleines très souvent. Trop même.

Mais sur le premier but des Canucks, tôt en période médiane, Weber s’est attiré les foudres des amateurs en se lançant en zone neutre pour un intercepter un adversaire au lieu de se replier en défensive. Une décision qui a ouvert la porte à la descente en surnombre qui a permis à Adam Gaudette et au quatrième trio des Canucks de niveler les chances 1-1.

Weber a fait ce qui lui était demandé sur le jeu. C’est Ducharme qui l’a confirmé après le match. « Notre échec avant implique une intervention des défenseurs en zone neutre comme ce qu’on a vu sur le jeu. C’est aux attaquants à revenir en relève dans ces situations », que le coach a expliqué.

Avec ces explications, on doit se tourner vers Joel Armia pour déterminer le coupable puisque c’est lui qui est demeuré les pieds dans le sable en zone neutre au lieu de venir aider l’autre Joel – Edmundson celui-là – avec les résultats qu’on connaît.

D’ailleurs, Armia a terminé le match au sein du quatrième trio avec Paul Byron et Jake Evans. Le Finlandais a essuyé les foudres de son coach pour un deuxième match de suite alors que Ducharme a envoyé Corey Perry à la droite de Toffoli et Suzuki en fin de période médiane et pour la durée de la troisième.

Entre les lignes

– Petry a récolté ses 15e et 16e passes de la saison vendredi. Il revendique maintenant 11 buts et 27 points. Petry domine les défenseurs de la LNH avec ses 11 buts. Ses 27 points l’assurent du troisième rang derrière Tyson Barrie (30 en 33 matchs) des Oilers et Victor Hedman (29 en 29 matchs) du Lightning...

– Perry a marqué son sixième but de l’année en sautant sur une rondelle qui venait de frapper la barre transversale à la suite d’un tir de la pointe de Petry. C’était le premier but et quatrième point de Perry en avantage numérique. Le vétéran affiche 6 buts et 12 points en 23 matchs jusqu’ici cette saison...

– Allen a encaissé sa 6e défaite consécutive vendredi; une 4e en prolongation. Allen ne peut en rien être blâmé dans cet autre revers. Non seulement, l’adjoint à Carey Price a réalisé autant, sinon plus, d’arrêts importants que son vis-à-vis Demko, mais une fois encore, il n’a pas reçu d’appui offensif pour l’aider. Au cours de cette séquence de 6 défaites, le Canadien n’a marqué que 9 buts pour une moyenne de 1,5 par rencontre...

– Malgré cette autre défaite en prolongation, le Canadien a prolongé à 17 sa série de matchs consécutifs sans revers en temps réglementaire (13-0-2-2) face aux Canucks. Une séquence amorcée le 16 novembre 2015 avec une victoire de 2-1... arrachée en prolongation! On se console comme on peut...

– Seuls les Penguins de Pittsburgh, avec 19 matchs de suite sans revers en temps réglementaire (15-0-2-2) face aux Oilers d’Edmonton, connaissent une séquence active plus fructueuse que celle du Tricolore...