Sommaire Oilers-Canadiens

MONTRÉAL - Si on cherche depuis des décennies la réponse qui nous permettra enfin de connaître le secret de la Caramilk, le Canadien n’a eu besoin que de 18 secondes pour répondre à la grande question existentielle associée à son retour au jeu après sa pause COVID forcée de huit jours.

 

En marquant sur le tout premier tir du match après une poussée au cours de laquelle lui et ses compagnons de trio – Paul Byron et Artturi Lehkonen – ont fait bien mal paraître leurs cinq adversaires des Oilers, Jesperi Kotkaniemi a démontré qu’il vaut mieux être reposé quitte à être un brin rouillé que fatigué.

 

Une réponse que le Canadien a confirmée quatre fois plutôt qu’une en signant une victoire de 4-0 au cours de laquelle il a brillé dans à peu près tous les aspects du jeu.

 

De fait, malgré sa pause de huit jours et le manque d’entraînement, le Canadien ne donnait pas le moindre signe d’être rouillé. Même qu’on n’a pas vu le Canadien aussi efficace bien souvent cette saison. Même en début de campagne alors que tout lui souriait.

 

« Quand un club dispute un premier match après une longue pause, tu ne sais jamais vraiment à quoi t’attendre. Parfois, il y a un manque de synchronisme. Mais disons que ce soir, ils semblaient se sentir très bien de l’autre côté », que Connor McDavid a d’ailleurs candidement admis après la dégelée que lui et ses coéquipiers venaient d’encaisser.

 

Inversement, les Oilers d’Edmonton qui disputait un deuxième match en deux soirs et un troisième en quatre ont été lamentables dans toutes les facettes du jeu. De McDavid au gardien Mikko Koskinen en passant par Leon Draisaitl, les Oilers ont été franchement mauvais.

 

Mais est-ce qu’on peut vraiment attribuer cet effondrement collectif des Oilers à la fatigue? Je veux bien qu’ils en étaient à un troisième match en quatre soirs, mais ils ont été en pause forcée eux aussi la semaine dernière. Ce n’est pas comme s’ils avaient passé la semaine à trimer dur.

 

« Nous n’avons joué que trois fois en 10 jours passés sur la route. L’attente était interminable. Ce n’est pas comme si nous avions été en mesure de profiter de ces journées pour organiser des activités visant à souder davantage nos joueurs. À les aider à composer avec tout ce temps à tuer. Une fois les entraînements terminés, nous étions tous confinés à nos chambres d’hôtel en raison des contraintes sanitaires », que l’entraîneur-chef Dave Tippett a plaidé après le match.

 

Je vous laisse décider d’accepter ou de rejeter cette plaidoirie du coach des Oilers.

 

Efficace dans les trois zones

 

Bien qu’il soit indéniable que les Oilers et particulièrement leur gardien ont facilité la tâche du Canadien, il serait bête et surtout malhonnête de ne pas donner au Tricolore tout le crédit qui lui revient dans la victoire. Sa première par jeu blanc cette saison. Le 49e blanchissage en carrière de Carey Price et sans l’ombre d’un doute son plus facile.

 

Facile pas seulement parce que ses coéquipiers ont limité les Oilers à 17 tirs – première fois que McDavid et sa bande ont moins de 21 tirs dans un match cette saison –, mais surtout parce que des 17 tirs cadrés et des 17 autres bloqués en défensive ou qui ont raté la cible, on ne peut relever plus de trois ou quatre bonnes occasions de marquer.

 

Et encore...

 

Tout était tellement croche dans le camp des Oilers qu’ils ont même perdu la bataille des contestations d’entraîneurs : après une longue analyse, les juges de lignes ont renversé la contestation pour hors-jeu lancée par Dave Tippett sur le premier jeu du match. Les mêmes juges de lignes n’ont toutefois eu besoin que de quelques secondes pour donner raison à Dominique Ducharme et refuser le but que McDavid ait marqué après un hors-jeu qui leur avait échappé.

 

McDavid : muselé et frustré

 

Parlant de McDavid, on l’a vu deux fois seulement lors du match de mardi : une sur le but qui lui a été refusé et l’autre alors qu’il a asséné un coup de coude directement au visage de Jesperi Kotkaniemi.

 

Le genre de coup de coude qui aurait poussé tout le monde – moi le premier – à réclamer une intervention de la LNH pour étudier la possibilité d’imposer une sanction supplémentaire si McDavid avait été victime d’un coup pareil. Mais comme c’est lui qui l’a donné, j’ai bien hâte de voir quelle sera la réaction de la Ligue.

 

McDavid a écopé une pénalité mineure pour son geste. C’est déjà ça! Il aurait pu écoper une pénalité majeure et peut-être même être chassé de la rencontre si les arbitres avaient décidé d’être aussi sévères à son endroit qu’ils le sont dans des cas semblables à l’endroit de joueurs de soutien.

 

Il me semble que ce serait aussi au tour de George Paros et de son groupe de s’impliquer pour démontrer que les vedettes ne peuvent se permettre ce genre de largesse. Suspension d’un match? Simple amende? Avertissement publicisé? Choisissez la sanction qui vous satisfait le plus. Ce qui compte le plus à mes yeux, c’est que la LNH ne lance pas un vilain message en laissant passer un tel geste sans intervenir simplement parce que le responsable est le meilleur marqueur de la Ligue et sans l’ombre d’un doute le meilleur joueur de hockey au monde.

 

Si McDavid a semblé laisser la frustration le sortir de ses gonds et de ses patins tout en sortant le coude sur le geste aux dépens de Kotkaniemi, c’est sans doute parce que le Canadien venait de prendre les devants 3-0 et que la première période n’était pas encore terminée.

 

C’est peut-être aussi parce qu’il réalisait déjà que l’issue du match était non seulement décidée, mais qu’il n’arriverait pas à échapper à la couverture serrée et efficace dont il était encore l’objet.

 

Connor McDavid a marqué 21 buts et récolté 63 points en 37 matchs cette saison. C’est presque deux points par match. Mais voilà : après quatre matchs face au Canadien, il n’a récolté que deux petits points ; deux petites passes.

 

Leon Draisaitl, qui affiche 19 buts et 54 points cette année, n’a obtenu qu’une passe en quatre matchs contre Montréal.

 

Peut-être que la fatigue des Oilers explique une partie des déboires de mardi. Mais si le monstre à deux têtes des Oilers a été contré avec autant d’efficacité depuis le début de la saison, c’est peut-être aussi parce que les joueurs du Canadien qui l’ont affronté ont joué du gros hockey pour le museler.

 

Du très gros hockey.

 

Le trio de Tatar-Danault-Gallagher a été impressionnant encore hier contre les deux meilleurs joueurs des Oilers et peut-être de la LNH au grand complet. Shea Weber et Joel Edmundson se sont dressés avec aplomb devant eux.

 

Paul Byron et Artturi Lehkonen, dont les noms sont associés à des rumeurs de transactions et qui devront se battre et de débattre pour garder leur place au sein de la formation lorsque Tyler Toffoli sera remis de sa blessure et Eric Staal sera en mesure – lundi prochain – d’endosser l’uniforme après sa quarantaine de sept jours complétée, ont aussi très bien encadré Jesperi Kotkaniemi mardi.

 

Collectivement, les joueurs du Canadien ont fait ce que leur coach tenait à ce qu’ils fassent pour maximiser les chances de les contrer.

 

« Il faut les empêcher de prendre leur vitesse. Il faut s’interposer dès qu’ils amorcent leur relance. Tu ne peux pas laisser des gars comme ça prendre leur élan. Il faut leur enlever le temps et l’espace et nous avons réussi à le faire ce soir », que Dominique Ducharme a expliqué.

 

Ce n’est qu’un match...

 

Quand les collègues d’Edmonton ont demandé à Connor McDavid s’il était démoli par l’affreuse performance que lui et ses coéquipiers venaient d’offrir, le capitaine semblait loin d’être abattu.

 

« C’est certainement frustrant de connaître un match comme celui de ce soir, mais en même temps, nous étions sur une bonne séquence. On retourne à la maison pour deux matchs – contre Calgary et Vancouver – et nous revenons tout de suite après ici et à Ottawa. On pourra se reprendre », que McDavid a répondu en guise d’esquive.

 

Vrai que les choses allaient bien pour les Oilers. Avant la débandade de mardi soir, ils n’avaient pas perdu en temps réglementaire à leurs cinq derniers matchs (4-0-1-0). Ils affichaient huit victoires à leurs 13 dernières parties (8-2-1-0). De fait, après un début de saison timide – trois victoires en neuf matchs – les Oilers se sont repris avec 19 gains en 27 rencontres (19-7-1-0). Séquence qui les a hissés en séries.

 

Mais à voir la réaction de Dave Tippett après la rencontre, il semblait évident que les victoires n’étaient pas toutes le fruit de performances sans faille. Même que l’entraîneur-chef semblait un brin content de voir son club s’être fait culbuter.

 

« On a mal commencé le match, on a mal joué en cours de match et on a mal terminé la partie. Il y a des soirs où ton club n’a pas ce qu’il faut pour gagner. C’était le cas ce soir. C’est un bon rappel à l’ordre pour tout le monde. Nos victoires permettaient de cacher des lacunes qui minaient notre jeu. Perdre comme on l’a fait ce soir, va réveiller tout le monde. On va rentrer à la maison et donner une journée de congé avant de reprendre l’entraînement pour corriger ce qui doit être corrigé. »

 

Dans le camp du Canadien, il faudra éviter de croire que cette troisième victoire en quatre duels face à McDavid et ses Oilers est le signe que les 24 prochains matchs seront aussi faciles.

 

Car si le Canadien ne s’assure pas de jouer, jeudi, à Ottawa, avec la même efficacité qu’il a affichée mardi, au Centre Bell, il pourrait se faire jouer un autre vilain tour par les Sénateurs...

 

Et jeudi, le Canadien n’aura pas la moindre excuse. Après un match quasi parfait comme celui qu’il vient de disputer face aux Oilers, il serait bien malvenu de prétendre être rouillé jeudi. Et comme il n’en sera qu’à son deuxième match après sa pause de huit jours, il sera bien trop tôt pour plaider qu’il est fatigué.

 

Entre les lignes

 

  • Le Canadien s’est prévalu des règles COVID en vigueur cette année pour contourner le fait qu’il n’avait que 291 143 $ d’espace de manœuvre sous le plafond salarial mardi. Parce que Joel Armia – conséquence des résultats positifs – et Eric Staal – quarantaine – sont sur la liste des joueurs exclus en raison de la COVID, le Canadien a pu insérer Jake Evans et Michael Frolik sans avoir à comptabiliser leurs salaires de 750 000 $ chacun...

 

  • Cette nouvelle règle a évité au Canadien d’avoir à disputer le match avec seulement 16 patineurs comme il aurait été contraint à le faire en raison du manque d’espace sous le plafond salarial...

 

  • Michael Frolik qui disputait un premier match dans la LNH en plus d’un an a disputé un match honnête. Il a surtout retenu l’attention parce qu’il est le premier à endosser l’uniforme 67 associé à Max Pacioretty...

 

  • C’était la deuxième fois cette saison que le Canadien limitait un adversaire à seulement 17 tirs. Il avait joué le même tour au Canucks, le 21 janvier dernier, à Vancouver dans une victoire de 7-3...

 

  • Le Canadien a stoppé à 11 la séquence de matchs consécutifs avec au moins un point de Connor McDavid. Le capitaine des Oilers avait marqué sept buts et récolté 23 points lors de ces 11 parties...

 

  • Connor McDavid a été blanchi pour la septième fois en 37 matchs cette saison mardi et une deuxième en quatre rencontres par le Canadien. Lors de ces sept matchs, les Oilers n’ont gagné qu’une fois – contre Ottawa – encaissant six revers en temps réglementaire lors des autres occasions : trois fois contre Toronto ; deux contre Montréal ; une contre Vancouver...

 

  • Le Canadien s’entraînera en fin d’avantmidi mercredi avant de prendre la direction d’Ottawa en vue du match de jeudi face aux Sénateurs qui seront au Centre Bell samedi. Après cinq matchs entre les deux équipes cette année, le Canadien affiche deux victoires, un revers en temps réglementaire en plus de deux défaites, l’une en prolongation et l’autre en tirs de barrage...