BROSSARD – Avec cette sélection de onze nouveaux espoirs à Dallas, le Canadien vient de confier un mandat de taille, qui comporte trois principaux défis, à son département du développement lequel est chapeauté par Rob Ramage et Francis Bouillon.

 

D’abord, le premier défi réside dans le fait que les  quatre premiers choix du Canadien au dernier repêchage vont poursuivre leur développement en Europe. Évidemment, dans sa situation actuelle, le Tricolore doit s’assurer de bien encadrer ces trois sélections récoltées en première et deuxième rondes. Il ne voudrait surtout pas manquer son coup avec Jesperi Kotkaniemi, Jesse Ylonen, Alexander Romanov et Jacob Olofsson.

 

Le cas de Kotkaniemi est particulièrement intrigant puisqu’il s’agit d’un choix de première ronde très hâtif, ce qui est une denrée rare pour Montréal. De plus, on parle d’un joueur dont le développement nécessite encore une ou deux saisons, au minimum.

 

« Une partie de ce plan est encore en construction. Mais il n’y a aucun doute, particulièrement cette année, que je vais accumuler plusieurs points de voyage. C’est bien, ils sont contents de nous voir arriver », a répondu Ramage au sujet du Finlandais.  

 

« Je ne l’ai pas vu jouer, mais il a un bon physique. Il vient d’une famille de hockey et j’ai été impressionné par sa façon de se comporter », a-t-il poursuivi.

 

Ensuite, le deuxième défi touche la réalité de la position. Puisque Ramage et Bouillon ont évolué à la ligne bleue, on a voulu savoir si le Canadien allait solliciter de l’aide pour encadrer la progression d’un tel joyau à la position de centre.

 

« Certainement que je le fais, j’utilise toutes les ressources autour de moi. Les gars qui ont joué à cette position, ils vont le regarder aussi et me donner des conseils que je peux lui refiler. Je ne suis pas si brillant, il faut utiliser les ressources autour de soi », a répondu Ramage.

 

Selon le plan évoqué jusqu’à présent, Kotkaniemi devrait disputer une première saison au centre dans la ligue élite finlandaise. Après avoir passé les deux dernières années en tant qu’ailier, son père et entraîneur croit qu’il est prêt à faire ce saut. On peut parier que le Canadien surveillera cette situation de près.

 

« Son père est l’entraîneur donc je pense que je devrai l’inviter à souper, a rétorqué Ramage en riant. On pense aux meilleurs intérêts du joueur. Ça va se placer par soi-même. »

 

Bien sûr, Kotkaniemi n’est pas le seul « projet » au centre que le Canadien a repêché à Dallas. Il a fait le plein avec sept joueurs de cette position. La relation avec les entraîneurs de ces athlètes devra donc être gérée avec tact.

 

« C’est vraiment plus un rôle de mentor, on respecte le travail des entraîneurs. Ils n’ont pas besoin d’entendre trop de voix différentes. Au final, on est tous des gars de hockey et les entraîneurs apprécient entendre certains de nos avis. J’aime aussi découvrir le message que les entraîneurs envoient à leur joueur. Comme ça, on peut renforcer ce message par la suite. Les entraîneurs sont ouverts, ils réalisent qu’on essaie de propulser ces jeunes au prochain niveau », a mentionné Ramage.

« Il faut montrer la culture du Canadien de Montréal »

 

« Quand j’arrive et que je vais voir un joueur, mon but c’est de parler à l’entraîneur et après au joueur. Je n’essaie pas de parler du système de jeu et de changer des choses enseignées par l’entraîneur sinon tu te mets à ton dos celui-ci. Ensuite, je parle à l’entraîneur pour lui dire ce que je vois, comment je vois ce joueur. L’idée n’est pas de challenger le coach, sinon l’équipe se fermerait et l’entraîneur ne voudrait plus échanger avec moi », a convenu Bouillon qui essaie de soutirer le plus d’informations sur ses protégés via les entraîneurs et tous ceux qui gravitent autour d’eux.

 

Comme le précise Bouillon, ces données sont précieuses puisque lui et Ramage ne peuvent pas être présents à toutes les rencontres des espoirs de l’organisation.  

 

« Je veux savoir comment l’entraîneur voit son joueur, est-ce un leader, comment se comporte-t-il en fin de match. Je vois environ une dizaine de parties de chaque gars. C’est d’avoir la vision de l’entraîneur et d’échanger avec le joueur sur comment il voit ça », a détaillé Bouillon.

 

Le troisième défi du Canadien sera de composer avec le développement d’un joueur dans la KHL. Le club montréalais n’a pas l’habitude de se retrouver dans cette position qui peut être délicate.

 

« Peut-être que pour moi, du côté des défenseurs, le suivi sera un peu plus difficile. À partir de là, est-ce Rob qui va aller le voir ou moi, ce sera à déterminer. Ça ne m’est pas arrivé dans ma première année d’aller en Europe, mais je ne sais pas les décisions qui seront prises dans ce sens », a répondu Bouillon avec franchise.

 

La suite démontrera peut-être le contraire, mais on peut présumer que ce ne sont pas tous les entraîneurs de la KHL qui seront aussi collaborateurs que ceux du hockey junior canadien ou universitaire américain.

 

Cela dit, le développement demeure une science inexacte comme le repêchage. Une grande partie de l’équation repose entre les mains des joueurs.

 

« C’est sûr que nous, en tant que mentor, on a un travail à faire et on va le faire le mieux possible. Ce n’est pas facile d’être un joueur de hockey dans la LNH, le chemin est long. Ça prend de la détermination et des sacrifices, mais tu dois mettre les chances de ton côté pour réussir », a précisé Bouillon.

 

L’ancien défenseur s’encourage toutefois en constatant les progrès effectués par la cuvée 2017. Outre le cas de Poehling, le camp de développement – qui réunit 41 joueurs – permettra d’observer de près les Josh Brook, Scott Walford, Cale Fleury et Cayden Primeau tandis que Joni Ikonen se remet d’une opération.

 

« J’avais quatre défenseurs (Brook, Walford, Fleury et Jarret Tyszka) dans l’Ouest dans ce groupe et j’ai aimé leur progression. Je vois que le contact est différent, les gars s’ouvrent plus et on aura des réunions cette semaine sur leur développement », a conclu Bouillon.