Quelle carrière professionnelle il a connue! Choix de troisième ronde du CH en 2001, Tomas Plekanec a joué 1001 matchs dans la Ligue nationale, dont 984 avec les Canadiens. C’est quelque chose! C’est même tout un exploit!

J’ai eu la chance de le côtoyer et de le connaître plus personnellement il y a quelques années. Comme les autres membres de l’organisation, j’ai constaté qu’il était toujours l’un des premiers arrivés à l’aréna et que sa préparation, autant physique que mentale, était constamment au maximum avant chaque partie. Il était impensable pour lui de ne pas être prêt. Plekanec a toujours été un passionné, avec un talent certain, mais conscient que le travail est toujours nécessaire pour arriver à ses fins.

Vous me permettrez d’ailleurs ici une petite parenthèse, car j’ai du mal à parler de Tomas au passé. Il y a si longtemps qu’il occupe une place avec le CH que je trouve difficile de parler de lui à l’imparfait. Cela prouve toutefois que les choses évoluent et qu’il faut vivre pleinement le moment présent pendant qu’il passe. Mais je m’éloigne de mon sujet...

Bref, j’ai rencontré alors un homme équilibré, qui parlait assez peu, mais qui donnait l’exemple par son travail et son acharnement. Quand il enfilait son célèbre col roulé, il partait à la guerre et ne souhaitait que la victoire.

Plekanec est et était surtout un gars d’équipe pour qui le club devenait partie intégrante de sa famille. Il restait soucieux de ses équipiers tant dans le vestiaire que sur la glace. Je crois que plusieurs étaient davantage que des amis, ils étaient des frères.

Bien sûr, il y a eu bien des changements en 15 ans. Ses partenaires ont changé régulièrement, peut-être même trop souvent diront certains. En réalité, il ne reste personne de sa première saison avec les Canadiens. Pour vous donner une idée, il jouait alors avec des gars comme Stéphane Quintal, Mike Ribeiro, José Théodore, Alex Kovalev, Steve Bégin, Saku Koivu ou Donald Audette, pour n’en mentionner que quelques-uns. Ses plus vieux camarades de l’édition actuelle du club sont Carey Price et Gallagher.

En 15 ans, il n’y a pas eu que des changements de coéquipiers; il y a aussi eu un changement dans le jeu lui-même. Les plus vieux se souviendront que le jeu était passablement plus... comment dire... « viril » à l’époque. Combien de carrières de bons joueurs se sont arrêtées rapidement parce que les blessures s’accumulaient? La Ligue a changé au cours des ans pour s’orienter vers la vitesse et non la robustesse. De ce côté aussi, le fait d’avoir évolué plus de 1000 matchs avec les Canadiens relève de l’exploit que l’on doit saluer.

Plekanec était aussi remarquable par son sens de l’équipe. Il a toujours accepté non seulement les rôles qu’on lui déléguait et aussi les partenaires qu’on lui donnait. Les plus vieux se souviendront qu’on lui a souvent confié le mandat de tenter de relancer des joueurs qui avaient un peu perdu leurs repères.

C’est d’ailleurs ce sens de l’équipe qui lui a fait accepter avec autant de sérénité qu’il est possible d’en avoir, la difficile décision de la retraite. Tomas connaît trop bien le hockey pour ne pas avoir compris que dans l’état actuel de la ligue et dans la situation de rajeunissement de l’équipe, sa place devenait plus précaire.

À 36 ans, avec la rapidité que l’on voit maintenant, suivre le rythme devenait un peu plus laborieux. Je ne dis pas qu’il était heureux de la décision, je dis simplement qu’il a suffisamment de force de caractère pour l’avoir comprise et acceptée, comme il a accepté tant d’autres missions durant sa carrière. Sa capacité d’adaptation a toujours été remarquable.

Un nouvel avenir s’ouvre désormais devant lui. Il m’a déjà dit un jour qu’après sa carrière de joueur actif, il aimerait peut-être se trouver de l’autre côté du banc. Je crois en effet, sachant son souci de la préparation, sa connaissance de tous les aspects du hockey et son éthique de travail irréprochable, qu’il pourrait devenir un excellent entraîneur. En tout cas, si jamais il se lance dans cette nouvelle aventure, je lui souhaite de diriger des joueurs de sa trempe.

Merci et chapeau Tomas!