Charles-Félix Paquin, Sportlogiq

Le Canadien est présentement à huit points d’une place en séries éliminatoires et à la lumière des plus récentes performances du club, rien ne laisse présager que la Sainte-Flanelle saura gravir cette montagne.

Le Tricolore sera certes content de retrouver son domicile, le Centre Bell, après avoir disputé sept parties consécutives sur les patinoires adverses depuis le 16 décembre. Les longs voyages sont toujours pénibles et constituent des moments charnières du calendrier. Ne revenant au bercail qu’avec deux maigres victoires au compteur, ce périple s’est révélé être un cuisant échec. Le rendement du Canadien fut inacceptable, tant offensivement que défensivement.Le rendement du Canadien depuis le 16 décembre 2017

Sans vouloir tourner le fer dans la plaie, décortiquons les performances du CH lors de cette séquence.

À chaque partie, les adversaires du Tricolore ont eu le contrôle de la rondelle en zone offensive en moyenne une minute et vingt-cinq secondes (1:25) de plus que le Canadien. Pour ce qui est du temps de possession global, les adversaires du CH ont eu le contrôle du disque pendant deux minutes et dix secondes (2:10) supplémentaires.

Il en résulte que pendant ce voyage, le Canadien a passé la majorité de son temps à s’épuiser en courant après la rondelle au lieu de se faire menaçant.

Comme le Tricolore n’a pratiquement jamais eu la possession du disque, cela a fortement miné son rendement offensif. Depuis le 16 décembre, le Canadien vient au 31e rang pour le temps de possession en zone offensive, au 31e rang pour les tirs cadrés de l’enclave et au 30e rang pour les passes complétées en zone adverse.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Canadien a été exécrable offensivement. Il n’a pas été en mesure de contrôler le disque en territoire adverse, d’y faire circuler la rondelle avec efficacité, ni de cadrer des tirs depuis la zone payante. C’est donc sans surprise que le Canadien n’a jamais inscrit plus de deux buts dans un match, à l’exception de la partie disputée à Vancouver.

Quand une équipe ne parvient pas à noircir la feuille de pointage, elle peut toujours espérer s’en sortir grâce au brio de son jeu défensif. Seul hic, le Canadien a également été atroce dans cette facette du jeu lors de son plus récent voyage.Le rendement du Canadien depuis le 16 décembre 2017

Pour ce qui est de la provenance des lancers, les adversaires du Tricolore ont en moyenne cadré 5,9 tirs supplémentaires de l’enclave et 2,3 tirs supplémentaires du bas de l’enclave. Une partie importante de ces chances de marquer fut la résultante de revirements commis en zone défensive, alors que le Canadien s’est classé 30e dans cette facette du jeu depuis le 16 décembre.

Autrement dit, non seulement le Canadien n’a presque rien généré offensivement, mais il n’a pas été en mesure de contrer les attaques adverses, multipliant les erreurs dans son propre territoire. Tous les éléments étaient réunis pour que la Sainte-Flanelle fonce droit dans le mur.

Comment expliquer ces moyennes désastreuses?

À la ligne bleue, l’absence de Shea Weber a fait cruellement mal à la brigade défensive. Weber est fréquemment critiqué par les amateurs pour son manque de mobilité et son style de jeu peu flamboyant, mais il demeure le pilier à la défense chez le Canadien. Weber excelle au moment de contrer les entrées de zone adverses, à un tel point que les opposants attaquent volontairement l’autre flanc de la défensive, et son lancer frappé peut changer à lui seul le cours d’un match.

À l’attaque, les meilleurs joueurs n’ont pas été les meilleurs. C’est peut-être cliché, mais c’est aussi simple que cela. Jonathan Drouin n’a amassé qu’une passe à ses neuf dernières parties, alors que le capitaine Max Pacioretty n’a pas fait vibrer les cordages en décembre, ne serait-ce qu’une seule fois. Si le Tricolore veut sortir de sa torpeur, les moteurs offensifs du club devront sonner la charge.

Le véritable débat serait plutôt à savoir si c’est la défense qui a coulé l’attaque du Canadien ou l’inverse. Le Canadien fut-il si mauvais défensivement, car l’attaque ne générait rien de bon, faisant ainsi en sorte qu’il était toujours coincé dans son propre territoire? Le Tricolore fut-il plutôt muselé à l’attaque, car il n’arrivait pas à enrayer les montées adverses et à orchestrer convenablement des sorties de territoire? Ces questions demeurent purement théoriques. C’est le débat de l’œuf ou la poule.

Au bout de la ligne, le Canadien ne gagne pas et c’est la seule statistique qui importe réellement.