S’étant assuré du titre de la division Atlantique, le Canadien peaufine désormais ses derniers préparatifs en vue des séries, profitant de cette occasion pour reposer le vétéran défenseur Shea Weber. Fort d’une récolte de 17 buts et 42 points, tout en affichant un différentiel de plus 20, Weber n’avait toujours pas raté une rencontre cette année, avant d’être rayé de la formation par Claude Julien à deux occasions en cette dernière semaine du calendrier régulier.

Une longue épopée attend les prétendants au Saint Graal et pour que le Tricolore fasse bonne route, ses meilleurs éléments devront prendre les rênes. À la défense, c’est assurément Weber qui mènera la marche, lui qui revendique d’ores et déjà un palmarès reluisant sur la scène internationale avec Équipe Canada, comme peuvent en témoigner ses deux médailles d’or olympiques et sa Coupe du monde.

En se séparant de P.K. Subban, le directeur général Marc Bergevin a misé fort et il a ébranlé la planète hockey. Quoique Weber a connu une excellente saison, si Bergevin veut véritablement remporter son pari, l’équipe devra performer en séries. C’est justement un besoin criant d’expérience et de leadership qui a ouvert les portes de l’organisation du Canadien de Montréal à Shea Weber. En ce mois d’avril, il sera maintenant temps de passer de la parole aux actes.

Graphique Weber 6 avril no 1

Weber n’est pas un joueur électrisant et spectaculaire, mis à part pour son lancer frappé foudroyant, mais il est extrêmement efficace et constant. À toutes les fois qu’il enfile le maillot, nous savons quel rendement il offrira, ce qui est inestimable pour tout entraîneur. Cela ne l’a pas pourtant soustrait aux critiques cette saison.

Après avoir conquis le cœur des amateurs de la Sainte-Flanelle en octobre et en novembre, il a été ensuite  vivement blâmé par certains partisans, puisque son rendement avait alors diminué. Entre novembre et décembre, Weber serait passé de récipiendaire au trophée Norris à joueur fantôme, idée en soi complètement absurde. C’est la réalité du marché montréalais : les médias et les amateurs s’emportent pour un tout et un rien, les nuances n’existant pas. L’instant d’une seconde, vous passez de héros à zéro. Il faut savoir composer avec cette réalité, surtout que cette frénésie sera décuplée avec la fièvre des séries qui s’emparera prochainement de la métropole.

Si une personne n’est pas à risque de crouler sous cette pression, c’est bien Shea Weber. Malgré les critiques, il n’a jamais changé son style de jeu ou semblé affecté. Tant à Montréal, qu’à Nashville et avec Équipe Canada, Weber n’a jamais changé son style de jeu et a été en mesure de s’imposer.

Son plan : contrer l’adversaire, remettre le plus rapidement possible la rondelle à un coéquipier pour que celui-ci déguerpisse rapidement en contre-attaque. Il serait contre nature pour Weber de transporter le disque d’un bout à l’autre de la patinoire. Cela fait justement en sorte qu’il s’avère être le défenseur du Canadien passant le moins de temps en possession du disque proportionnellement à son temps d’utilisation à égalité numérique. C’est aussi parce qu’il préfère demeurer en retrait du jeu qu’il est l’arrière chez le CH complétant le moins d’actions lors des poussées offensives et transportant le moins régulièrement le disque en sortie de zone. Est-ce que cela fait de Weber un défenseur moins efficace? Pas du tout.

Weber graphique 2 6 avril

Weber choisit toujours l’option la plus simple, complétant d’ailleurs avec plus de régularité ses passes en sortie de zone que n’importe quel autre arrière du Canadien et commettant moins de revirements en zone défensive pour chaque action qui y est tentée.

Sur la patinoire, rien ne se déplace plus vite que la rondelle et Weber l’a vraisemblablement bien compris, alors qu’il n’hésite pas à faire circuler la rondelle au lieu d’y aller d’une montée à l’emporte-pièce, bien que cela puisse nous donner l’impression qu’il n’a pas grand incidence sur une partie par moments. Cependant, en ne commettant pas un revirement et en orchestrant promptement une sortie de zone, Weber influence grandement le match, alors que l’adversaire ne peut pas profiter de ces actions infructueuses pour convertir une chance de marquer par un but.

De même, Weber nous électrise par moments avec son lancer frappé qui n’a pas d’égal dans le circuit Bettman. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il l’utilise aussi souvent que possible, étant le défenseur du Canadien décochant le plus de rondelles vers le filet adverse, ex aequo avec Jeff Petry, proportionnellement à son temps de glace à forces égales.

En envoyant la rondelle vers le but, de bonnes choses vont inévitablement survenir. Le tir peut déjouer le gardien, être dévié ou créer un retour de lancer pour un coéquipier. Ce qui est certain, c’est qu’il faut commencer par lancer pour espérer noircir la feuille de pointage.

Autrement dit, Shea Weber est des plus efficaces, tant en zone défensive qu’offensive, en possession de la rondelle, comme il prend constamment les bonnes décisions.

Au moment de contrer ses adversaires, les chiffres cumulés par Weber peuvent sembler peu flatteurs, récupérant moins de rondelles libres et réalisant moins de jeux défensifs que le défenseur moyen du Canadien. Il faut cependant relativiser ces données. Les adversaires du Tricolore sont au fait de sa réputation d’excellence et conséquemment, préfèrent attaquer le flanc opposé à Weber. Ainsi, comme Weber est moins souvent directement attaqué en entrée de zone, il est parfaitement normal qu’il y réalise moins de jeux défensifs et qu’il récupère moins de rondelles libres.

Malgré tout, Weber vient au deuxième rang chez les défenseurs réguliers du Canadien, après Alexei Emelin, pour le nombre de mises en échec distribuées permettant de soutirer le disque à l’adversaire proportionnellement à son temps de glace à forces égales, ce qui atteste de la dimension physique qu’apporte Weber au CH.

En séries éliminatoires, le jeu se resserre, se simplifie et s’intensifie. Plus que jamais, le hockey devient un sport d’erreurs. Le moindre faux pas peut être fatal, faire la différence entre la victoire et la défaite. En choisissant inlassablement l’option de la simplicité, Weber a tous les outils nécessaires dans son coffre pour atteindre la terre promise, mais comme le hockey est un sport d’équipe, il ne pourra parvenir seul au bout de sa quête. Le succès du Canadien en séries éliminatoires passera par ses meilleurs éléments. Contre vents et marées, Weber devra dicter la marche à suivre avec les autres meneurs du club, fait d’armes qu’il a précédemment accompli sur la scène internationale.