MONTRÉAL - Comme l'a déclaré un ancien premier ministre du Québec en campagne électorale qui aspirait à obtenir un mandat majoritaire afin d'avoir le plein contrôle sur les destinés de la province il y a plus d'une décennie, l'entraîneur-chef Martin St-Louis a maintenant «les deux mains sur le volant» chez le Canadien de Montréal.

Le Canadien lui a consenti un contrat de trois saisons, retirant du même coup l'étiquette «intérimaire» accolée à son poste d'entraîneur-chef de l'équipe montréalaise, a confirmé le directeur général Kent Hughes mercredi. St-Louis a cependant refusé de dévoiler les détails financiers du pacte.

«Ça va nous permettre de bâtir quelque chose, et ça ne se fera pas du jour au lendemain, a expliqué St-Louis en visioconférence. Je crois tout de même qu'on a un petit peu le vent dans les voiles, à voir comment on a fait ça au cours des deux ou trois derniers mois de la dernière saison. On ne recommencera pas à zéro. Et puis il s'agira de faire un pas à la fois, et de continuer d'avancer.

Cette nouvelle n'est pas surprenante, étant donné que Hughes avait indiqué lors du bilan de fin de saison du Tricolore, en avril, que les deux parties ont exprimé un intérêt mutuel pour prolonger leur partenariat. St-Louis en a profité pour indiquer qu'il n'avait pas été approché par une autre équipe pour le poste d'entraîneur-chef, «sauf l'équipe bantam de mon gars (Mason)».

Kent Hughes avait également affirmé qu'il aimerait offrir un contrat de trois saisons à St-Louis, tandis que ce dernier n'avait pas voulu négocier devant les caméras. St-Louis avait cependant confirmé qu'il avait l'intention de compter sur le même groupe d'adjoints l'automne prochain, et mercredi il a gardé la porte ouverte pour l'ajout d'un entraîneur, peut-être.

«On va voir, mais ce n'est pas mon but de changer mon 'staff'. On va voir ce qui va arriver d'ici les deux prochains mois. Va-t-on ajouter quelqu'un? Je ne le sais pas encore», a-t-il mentionné, sans se compromettre sur le profil d'adjoint qu'il pourrait rechercher.

St-Louis avait été nommé entraîneur-chef par intérim le 9 février, en remplacement de Dominique Ducharme. Sous sa gouverne, l'équipe a présenté un dossier de 14 victoires, 19 revers et quatre défaites en prolongation.

St-Louis veut prouver sa valeur

Cette fois-ci, le contexte sera bien différent pour St-Louis, puisqu'il aura le temps pendant l'été d'élaborer son plan en vue du prochain camp d'entraînement à l'automne.

Il compte notamment miser sur l'expérience acquise pendant ces 37 matchs en 2022 - «je dois éviter de tenter de régler trois ou quatre choses en même temps», a-t-il notamment dit à propos des leçons apprises la saison dernière - afin de prouver sa valeur en tant qu'entraîneur-chef dans la LNH.

«Je n'ai toujours pas prouvé que je suis un bon entraîneur. Quand je suis arrivé dans cette ligue, en tant que joueur, il m'a fallu un certain temps pour démontrer que j'étais en mesure d'exécuter les jeux. Et c'est la même chose en tant qu'entraîneur. Je crois avoir l'expérience, en tant que joueur, et les qualités requises pour devenir un bon entraîneur, mais il faudra que mes décisions et les résultats parlent d'eux-mêmes.»

« C'est flatteur de pouvoir diriger mon équipe favorite »

Il reste que les partisans espéreront de toute évidence voir l'équipe progresser dès l'an prochain. Après tout, le Canadien a terminé au 32e et dernier rang du circuit Bettman en vertu d'une piètre fiche de 22-49-11, sa pire depuis 1939-40. Alors, quelles seront les attentes de St-Louis pour son club?

«Je ne sais pas encore. Je ne sais pas encore quelle équipe j'aurai en septembre», a-t-il simplement dit, en faisant référence au prochain repêchage qui se déroulera les 7 et 8 juillet au Centre Bell -  le CH dispose du premier rang, faut-il le rappeler? - et l'ouverture du marché des joueurs autonomes de la LNH, le 13 à midi.

L'ex-joueur étoile de la LNH est néanmoins bien conscient de la situation du Canadien, et comprend qu'une bonne partie de son mandat au cours des prochaines saisons consistera à enseigner à de jeunes joueurs qui tenteront de s'établir dans le circuit Bettman, tout en demeurant patient avec eux.

«Il va falloir continuer de bâtir la culture, notre style de jeu, et offrir aux jeunes joueurs une plateforme, ou une opportunité, pour qu'ils continuent à se développer. Si on se concentre sur le processus, alors le succès deviendra une espèce d'effet secondaire. Il faut faire attention, avec une équipe jeune, car le succès est très important, mais il faut prendre le temps de bâtir une équipe qui connaîtra du succès à long terme. Et parfois, ça prend du temps avant d'y arriver», a-t-il souligné.

En espérant maintenant que le mandat de St-Louis à la barre de l'équipe ne se terminera pas comme celui de l'ancien premier ministre du Québec, cité plus haut. Sinon, ça pourrait vite tourner au vinaigre.

Les intentions de Martin St-Louis