Marc Bergevin refuse de parler de reconstruction. C’est son droit.

 

Peut-être que ce mot est trop fort. Peut-être que ce mot fait peur. Peut-être que ce mot est incompatible avec les prix démesurés que les partisans paient depuis des années pour assister aux matchs du Canadien. Des prix qui deviendraient plus démesurés encore dans l’éventualité d’une admission claire et nette de reconstruction.

 

Mais peu importe qu’on parle de reconstruction, de rénovation, de développement des jeunes joueurs en place et de ceux qui viendront les rejoindre dans un, deux ou trois ans, la réalité demeure la même : les partisans, les médias, l’état-major et les joueurs vedettes comme Carey Price, Shea Weber et Max Pacioretty – s’il est encore avec le Canadien en début de saison prochaine – devront afficher de la patience au cours de la prochaine saison.

 

Beaucoup de patience même.

 

Car il est bien probable, même prévisible, que la saison qui s’annonce soit plus difficile que celle qui s’est terminée dans la déprime la plus complète le printemps dernier.

 

Vrai qu’un Carey Price en meilleure forme physique et mentale sera meilleur l’an prochain qu’il l’a été l’hiver dernier. Ce serait difficile d’être pire.

 

Vrai qu’un Shea Weber en santé au lieu d’être blessé dès la première partie de la saison et mis en retrait préventif après les Fêtes améliorera la brigade défensive et fera du Canadien une meilleure équipe.

 

Vrai que Jonathan Drouin et une majorité de joueurs du Tricolore devraient être meilleurs l’an prochain qu’ils ne l’ont été l’an dernier alors que Brendan Gallagher, Paul Byron et Jeff Petry sont peut-être les seuls joueurs du Tricolore qui ont joué à la hauteur de leur potentiel et des attentes fondées en eux.

 

Malgré un retour en forme et en force de tout ce beau monde, malgré le changement d’attitude qui sera imposé par l’état-major en vue de la prochaine saison, le Canadien sera encore un parent pauvre de la division Atlantique l’an prochain. Loin derrière, les Maple Leafs qui viennent de gagner la loterie Tavares, loin derrière le Lightning de Tampa Bay, loin derrière les Bruins de Boston et les Panthers de la Floride. Il sera sans l’ombre d’un doute exclu des séries dans l’Est et sera au plus fort de la course aux derniers rangs du classement général et de la loterie visant à obtenir le prochain premier choix au repêchage.

 

C’est pour cette raison que je comprends la décision de l’état-major du Canadien d’être demeuré loin du contrat de Ryan O’Reilly – encore cinq ans à 7,5 millions $ – que les Sabres tentent d’échanger à très gros prix, ou de ne pas être entré dans la danse de Paul Stastny, même si à 6,5 millions $ pour trois ans, il a signé un contrat moins faramineux ou farfelu que j’anticipais.

 

La grande question maintenant : les partisans seront-ils capables d’être patients?

 

J’en doute. Même ceux qui donnent raison au Canadien d’avoir joué de prudence le 1er juillet pourraient changer leur fusil d’épaule lorsqu’il sera évident que leur club ne fera pas les séries. Surtout si cette évidence saute aux yeux avant les Fêtes.

 

Il faudra alors retourner dans nos classiques et aller relire la conclusion de la fable du Lion et du Rat alors que de la Fontaine insiste sur le fait que patience et longueur de temps valent mieux que force et rage.

 

Je sais que la patience des fans du Canadien est dangereusement étirée. Mais les Maple Leafs de Toronto qui sortent grands gagnants de la journée du 1er juillet n’ont pas gagné depuis 1967. Ça veut dire qu’on peut encore vivre d’espoir à Montréal pour quelques années…

 

Retour de Plekanec

 

Dès le moment ou le Canadien a obtenu la confirmation que John Tavares ne jetterait pas même un œil sur une offre de contrat venant de Montréal – personne n’y croyait depuis longtemps déjà cela dit –, l’état-major a pris la décision la plus sensée à mes yeux : demeurer loin des excès et gaspillages associés à la folie du marché des joueurs autonomes et miser sur le développement des jeunes.

 

Est-ce que Jesperi Kotkaniemi ou Ryan Poehling aideront le Canadien l’an prochain?

 

Non! Du moins je ne crois pas non.

 

Dans deux ans? C’est possible.

 

D’ici là, ça donnera une ligne de centre dominée par Jonathan Drouin et Phillip Danault avec Jacob De La Rose, Tomas Plekanec et peut-être Matthew Peca en soutien pour la saison prochaine.

 

Impossible de rivaliser avec une telle ligne de centre.

 

Mais si le Canadien est convaincu d’avoir eu l’œil vif dans la sélection de ses jeunes espoirs, s’il est convaincu que ces jeunes deviendront de vrais joueurs de la LNH d’ici deux, trois ou quatre ans, il se devait d’adopter la stratégie affichée le premier juillet et refuser de gaspiller ou d’hypothéquer l’avenir en laissant partir un de ces espoirs de premier plan.

 

Le Canadien l’a fait l’an dernier en sacrifiant Mikhail Sergachev au profit de Jonathan Drouin. Un attaquant dont il avait grand besoin.

 

Il ne pouvait se permettre de répéter le même scénario cette année au risque de perdre un Kotkaniemi, un Poehling ou un autre espoir de premier plan.

 

Voilà pourquoi on a ramené un Tomas Plekanec qui n’est plus le joueur qu’il a déjà été, mais qui est toujours un ardent partisan et ambassadeur du Tricolore. Il voulait revenir avec l’équipe qu’il n’aurait jamais voulu quitter. Dans un rôle de soutien, il sera utile. Il agira à titre de bon vétéran. Il encadrera des jeunes qu’il rendra meilleurs en leur faisant comprendre ce qui est nécessaire de faire pour atteindre, plus vite que plus tard, leur plein potentiel.

 

Plekanec – s’il n’est pas blessé – atteindra le plateau des 1000 matchs dans la LNH le 6 octobre lors de la visite du Canadien à Pittsburgh. S’il dispute les 19 premiers matchs de la saison, il atteindra le plateau des 1000 matchs dans l’uniforme tricolore le 15 novembre à Calgary.

 

Malgré les doléances des partisans face au retour de Plekanec à Montréal, cette décision est loin de représenter l’erreur décriée par plusieurs. Ce n’est peut-être pas une décision populaire. J’en conviens. Et ça peut sembler une marche arrière en matière de développement des jeunes joueurs de centre, mais Plekanec ne vient pas « voler » des places potentielles à Kotkaniemi ou Poehling. Il vient aider De La Rose qui a beaucoup besoin d’aide et peut-être aider Michael McCarron si vous croyez encore aux chances de ce gros attaquant de s’installer dans la LNH au centre un jour.

 

Price, Weber, Pacioretty?

 

Tomas Plekanec jouera une autre année avec le Canadien. Peut-être deux si les jeunes Kotkaniemi ou Poehling tardent à s’installer à Montréal. Ce qui serait une bien mauvaise nouvelle on en conviendra tous.

 

Mais Carey Price et Shea Weber sont eux à Montréal pour longtemps. Il sera donc bien plus difficile pour eux que pour Plekanec d’accepter la patience nécessaire pour composer avec la reconstruction ou la rénovation si vous préférez adoptée par le Canadien.

 

À moins d’un renversement complet de situation, ou d’une exigence de sa part, je crois que Carey Price est à Montréal pour y rester.

 

Weber? Après l’avoir acquis en retour de P.K. Subban, le Canadien peut difficilement s’en débarrasser. Mais attention : maintenant que les Leafs ont gagné la loterie Tavares, maintenant que les Leafs deviennent un prétendant logique à la coupe Stanley, ce club aurait grandement besoin d’un défenseur comme Shea Weber pour ancrer une brigade qui a justement besoin d’un leader comme lui.

 

Weber coûte cher en $$$ sous le plafond. C’est clair. Mais Mike Babcock est sans l’ombre d’un doute son fan numéro un dans la LNH. Et si Babcock faisait des pressions sur ses patrons pour l’obtenir, les Leafs devraient offrir du talent et des joueurs intéressants pour un attiser une possible transaction et offrir une marge financière pour insérer son salaire sans fracasser le plafond.

 

Mettons que les Leafs acceptaient d’offrir un Nylander, un premier choix et/ou quelques joueurs pour obtenir un Weber, le Canadien devrait écouter. Même si cela donnait plus de munitions encore à l’armée de partisans de P.K. Subban de lapider Marc Bergevin de critiques pour avoir chassé leur défenseur chéri de Montréal il y a deux ans.

 

Mais bon! Marc Bergevin pourrait difficilement être plus lapidé de critiques qu’il ne l’est déjà.

 

Bergevin a encore beaucoup de travail à faire. Je vois d’un bon œil l’acquisition de Xavier Ouellet qui pourrait relancer sa carrière à Montréal dans des circonstances plus favorables qu’elles ne l’étaient pour lui à Detroit.

 

Mais en dépit cette embauche intéressante, Bergevin doit continuer à chercher des défenseurs susceptibles de renflouer une défense qui en a grand besoin. Surtout sur le flanc gauche. Pendant que les partisans profiteront de leurs vacances, Bergevin devra travailler fort pour bien dépenser l’argent à sa disposition afin de trouver de bons vétérans pour entourer les jeunes en qui il affiche beaucoup de confiance et à qui il demandera d’être compétitifs et de même tenter de se battre pour une place en séries l’an prochain.

 

Beaucoup plus facile à dire qu’à faire.

 

Marc Bergevin joue gros cet été. Il jouera même son avenir à Montréal la saison prochaine selon moi. De fait, plusieurs partisans de l’équipe se demandent depuis longtemps pourquoi il est toujours directeur général du Canadien.

 

S’il est encore là, s’il a obtenu le mandat de reconstruire, rénover ou relancer le Canadien, c’est parce qu’il a la confiance de son propriétaire Geoff Molson.

 

C’est aussi simple que ça.

 

Mérite-t-il cette confiance?

 

Comme je l’ai écrit en rentrant du repêchage à Dallas il y a une semaine, la réponse tombera dans trois, quatre ou cinq ans. Et peut-être qu’alors il ne sera plus en poste pour nous rappeler qu’il méritait bel et bien cette confiance.

 

Bon été.

 

On se retrouve à l’ouverture du camp d’entraînement.

 

 

Résumé de la journée du Tricolore
« On veut être jeune et rapide »
« J'ai eu des discussions avec Calvin de Haan »
« On a de l'intérêt pour Duclair, oui! »
« On amène des joueurs d'ici »
« On était au bas de la liste de Paul Stastny »