SOMMAIRE
Faites votre bulletin des joueurs

 

BROOKLYN - Phillip Danault a atteint samedi le plateau des 200 matchs en carrière dans la LNH. À l’aube de sa 201e partie, le Québécois accordait bien peu d’importance à cette statistique : « C’est un bien petit chiffre 200. Quand j’approcherai de 1000, là on parlera d’un vrai gros chiffre », que Danault a lancé après l’entraînement matinal lundi.

 

Il faut dire que les statistiques, surtout celles qui retiennent le plus l’attention, sont loin de rendre justice au travail et à la qualité du jeu de Danault depuis le début de l’année.

 

Un petit but, sept points alors que son ailier droit Brendan Gallagher revendique neuf buts (10 points) et que son ailier gauche Tomas Tatar affiche 11 points (trois buts), les statistiques de Danault laissent croire qu’il traîne de la patte. Qu’il ralentit son trio!

 

Pourtant!

 

Danault joue du très gros hockey. Le meilleur et de loin depuis qu’il a été acquis par le Canadien – le 26 février 2016 avec un choix de 2e ronde en retour de Dale Weise et Tomas Fleischmann – alors qu’il pilote le trio le plus efficace du Tricolore.

 

Si vous n’avez pas vu le match et que vous jetez furtivement un coup d’œil au sommaire, vous ne pourrez évaluer la contribution du joueur de centre qui a été une fois encore effacé, mais ô combien efficace dans le cadre de cette victoire de 4-3 du Canadien.

 

Une victoire qui a couronné une remontée de deux buts consécutifs pour niveler les chances en troisième période.

 

Une victoire qui a permis au Tricolore de repousser encore un peu le spectre négatif de deux revers consécutifs qu’ils soient en temps réglementaire ou non.

 

Sur la feuille de match de la LNH, à la droite du nom de Phillip Danault, il n’y a pas de but. Pas de passe non plus en dépit des 15 tirs décochés par ses compagnons de trio (huit ont atteint la cible). Un différentiel de moins-1 laisse même croire à une soirée bien ordinaire.

 

Dans l’ombre de Max Domi, de Jonathan Drouin et Artturi Lehkonen qui ont marqué, dans l’ombre de Jesperi Kotkaniemi qui a encore connu un très gros match, de Joel Armia qui a marqué le but décisif en tirs de barrage ou d’Antti Niemi qui s’est dressé devant son filet après avoir été victime de trois buts rapides au premier tiers, Danault a remporté tout plein de petites batailles qui ont aidé son équipe à gagner la guerre.

 

Mises en jeu et désavantage numérique

 

Danault a effectué 31 présences. Le plus haut total de son équipe. Des deux clubs en fait. Il a passé plus de 20 minutes sur la patinoire – son total de 20 :43 représente un sommet personnel cette saison et c’est la première fois qu’il joue plus de 20 minutes – effectuant de bonnes présences avec ses compagnons de trio. Mais c’est en désavantage numérique que Danault s’est vraiment signalé.

 

En fin de première, alors que les Islanders menaient déjà 3-1 à la suite de buts un brin chanceux des Islanders qui avaient su profiter d’un rare très mauvais début de rencontre du Tricolore, Brendan Gallagher a écopé une vilaine pénalité avec 63 secondes à écouler à la période.

 

Un quatrième but aurait fait très mal au Canadien.

 

Bien qu’il était sur la patinoire avec son trio régulier lorsque Gallagher a été pris en défaut, Danault est demeuré sur la patinoire. Il a gagné la mise en jeu en zone défensive qu’il a disputée à Cal Clutterbuck, il a orchestré une sortie de rondelle qui lui a alors permis de retraiter au banc et d’être remplacé par Joel Armia qui a ensuite combiné ses efforts à ceux d’Artturi Lehkonen pour permettre au Canadien de retraiter au vestiaire avec un recul de seulement deux buts.

 

Au début de la prolongation, alors que Kotkaniemi était au cachot parce que le Canadien s’était fait prendre avec trop de joueurs sur la patinoire en fin de troisième, c’est encore Danault qui a disputé la mise en jeu initiale.

 

Certains diront qu’une mise en jeu au centre de la patinoire n’est pas périlleuse. C’est un peu vrai. Mais quand ton équipe doit évoluer à quatre contre trois pendant 94 secondes si elle veut éviter la défaite, il est primordial de remporter la mise en jeu et d’écouler la vingtaine de secondes qui l’a suivie.

 

Ce que Danault a fait.

 

Malgré huit minutes d’avantage numérique, les Islanders n’ont pas marqué. Ils ont aussi été limités à cinq tirs. Pendant ces huit minutes d’attaque massive, les Islanders ont eu Danault dans le visage pendant 5:23. Eh oui! C’est le plus haut total d’utilisation chez le Canadien en infériorité numérique lundi soir à Brooklyn.

 

Autres statistiques qui passent souvent sous silence même si ces petits détails donnent de gros résultats, Phillip Danault a disputé 24 mises en jeu. Il en a remporté 14 pour une efficacité de 58 %. Max Domi a remporté lui aussi 58 % de ses mises en jeu. Mais il en a disputé 12.

 

Mais attention, non seulement Danault a-t-il disputé le double de mises en jeu que son coéquipier le plus occupé après lui, mais le Québécois en a disputé 10 en zone défensive alors que tous les autres centres en ont disputé quatre seulement. Jesperi Kotkaniemi a gagné une des deux qu’il a disputées alors que Matthew Peca et Andrew ont perdu une fois chacun.

 

Une question de confiance

 

Après la victoire, Phillip Danault a souri lorsque je lui ai parlé des mises en eu importantes qu’il avait gagnées et de la qualité de son jeu défensif tout en alimentant autant que faire se peut ses compagnons de trio.

 

« Je suis très fier de ces batailles gagnées en cours de partie et ça ne me dérange pas du tout que cet aspect du travail passe inaperçu », a lancé le Québécois de 25 ans.

 

À quoi Phillip Danault attribue-t-il la grande efficacité de son jeu que ce soit avec ou sans la rondelle?

 

« La confiance est primordiale. Je joue avec plus de confiance, mais je sens aussi que j’ai gagné la confiance de mon coach. Quand tu te fais donner des mandats importants dans des situations difficiles, tu veux les relever. Ça devient une question de fierté. Et quand tu sais que ton coach croit assez en toi pour te donner ces missions, c’est plus facile de les relever », analysait le Québécois après l’entraînement matinal.

 

Le contrat signé de trois ans d’une valeur de 9,3 millions $ a également moussé la confiance du Québécois.

 

Un autre facteur aide grandement Danault : l’arrivée de Max Domi qui pilote un trio capable de produire offensivement lui enlève un poids supplémentaire qu’il devait porter l’an dernier.

 

Avec Max Pacioretty sur sa gauche, Danault devait trouver une façon de faire produire le meilleur franc-tireur de l’équipe tout en relevant les mandats défensifs que lui lançait Claude Julien.

 

Plus facile à dire qu’à faire.

 

Surtout que l’ancien capitaine n’était pas commode. Il se mettait beaucoup de pression sur les épaules, mais en mettait énormément aussi sur celles des joueurs qui évoluaient en sa compagnie.

 

Malgré toutes les qualités qui le caractérisent, Phillip Danault n’est pas doté d’une carapace étanche aux critiques et doléances. Peu importe d’où elles viennent et de qui elles viennent.

 

Avec Brendan Gallagher et Tomas Tatar, Danault est entouré de joueurs à son image qui baissent la tête et travaillent plus fort lorsque les choses vont moins bien, ou pas bien du tout, au lieu de critiquer, de se plaindre et de hausser le ton.

 

« Je l’ai dit au camp d’entraînement : l’attitude qui règne dans cette équipe est vraiment différente de celle de l’an dernier. Tout est plus positif. Tout est en fonction de l’équipe. Ça ne veut pas dire qu’on ne se parle pas dans le visage de temps en temps. C’est nécessaire. Je me rappelle à mes premières années à Chicago, j’ai déjà vu des leaders remettre d’autres gars, et même des vedettes, à leur place quand ça n’allait pas. Les résultats suivaient sur la patinoire. Max n’était pas le seul qui se plaignait l’an dernier. Nous étions tous à fleur de peau en raison des défaites qui s’accumulaient. On ne jouait pas assez ensemble pour nous sortir du trouble. Cette année c’est complètement différent. Regarde ce soir. On ne jouait pas bien en première. On s’est parlé à l’entracte et on est revenu de la bonne façon pour remonter et gagner cette partie », expliquait Danault.

 

Un émule de Patrice Bergeron

 

Bien qu’il soit fier des défis qu’il relève aux cercles des mises en jeu et en désavantage numérique, Phillip Danault tient à préciser qu’il entend aussi assumer son rôle offensif au sein du top-6 du Canadien.

 

« Peut-être que j’en avais trop sur les épaules l’an dernier. Mais je veux contribuer aussi à l’attaque. Je veux bien alimenter mes ailiers et les aider à marquer des buts. Avec l’expérience, je tenterai de remplir avec succès les mandats offensifs autant que les mandats défensifs et ceux sur les mises en jeu », a conclu Phillip Danault.

 

Le mot de la fin va toutefois à l’entraîneur-chef Claude Julien qui profite d’une aide extérieure de premier plan pour l’aider à faire progresser Phillip Danault et maximiser ses chances de réussite.

 

« J’ai une grande confiance en Phillip parce qu’il est intelligent, parce qu’il travaille, parce qu’il apporte beaucoup d’importance à tous les petits détails qui font la différence. Mais tu sais, tant qu’il prendra tous les moyens nécessaires pour se rapprocher le plus possible de la qualité de jeu de son idole Patrice Bergeron, il sera facile de faire confiance à Phil. Car pour un joueur de centre comme lui, imiter Patrice Bergeron est certainement une bonne façon de faire pour réussir. »