Le fait que Michel Therrien soit tenté de muter Daniel Brière sur le quatrième trio n'est pas une punition en soi, car je pense que le nouveau joueur du Canadien est blessé à l'aine.

Personne n'en parle, mais on m'a dit que depuis l'ouverture du camp, Brière était blessé. Il se serait infligé une blessure à l'aine lors des tests physiques. J'ai tendance à croire mon informateur parce que Brière n'a pas le jump qui le caractérisait par le passé. Quand il est en possession de la rondelle, ça ne paraît pas trop parce qu'il a une bonne vision du jeu, mais pour le reste, c'est nettement plus difficile.

Il a dû avoir eu une conversation avec son entraîneur pour lui avouer qu'il était blessé. Ce n'est pas dans l'intérêt de personne de jouer en dépit d'une blessure. En plus de s'exposer à la critique, Brière n'aide pas son équipe.

Brière aurait intérêt à se reposer s'il est blessé, car plus il joue, plus il risque d'aggraver sa blessure en plus de risquer de voir son temps d'utilisation diminuer. Il doit sortir de la formation s'il est blessé, mais s'il n'est pas blessé, là ça devient une autre paire de manches.

Ce n'est pas rare que des joueurs cachent des blessures à l'aine. L'athlète demande au physiothérapeute de ne pas en parler en prétendant que ce n'est pas si pire. Ça fait partie des petites choses qui se passent et qui restent à l'interne.

Les jeunes font le travail

On pourrait avoir l'impression que des vétérans tardent à se mettre en marche, surtout lorsque l'on regarde la colonne des pointeurs où trônent de jeunes joueurs, mais je pense que les choses se replacent tranquillement. Je comprends l'entraîneur d'avoir démantelé le trio des jeunes et il faut que Max Pacioretty soit le meilleur pointeur de cette formation. C'est un ailier de puissance et je pense que c'était le bon temps pour changer les trios.

Il est évident que le Canadien a besoin de la production de Tomas Plekanec. Brian Gionta peut connaître certains ennuis, mais s'il est utilisé sur le premier trio avec Max Pacioretty et Lars Eller, il se doit de produire. D'ailleurs tous ceux qui vont évoluer avec Eller et Plekanec n'auront pas le choix de produire.

Le fait d'avoir démembré le trio des jeunes n'a pas empêché Alex Galchenyuk et Eller de continuer à produire. Je ne pense pas que Therrien ait remanié ses trios pour relancer certains joueurs, je pense plutôt qu'il l'a fait simplement pour avoir ce qu'il considère être la meilleure formation possible.

J'espère que les ennuis à l'attaque de David Desharnais ne deviendront pas un problème mental, mais il est évident qu'il a moins confiance en lui qu'il y a un an. Je ne connais pas la raison, mais on voit qu'il fonce moins sur la rondelle et qu'il est moins bien positionné qu'avant. Pourtant, il se déplace toujours avec aisance.

Je ne crois pas qu'une partie d'un ou deux buts soit suffisante pour lui redonner confiance. En le jumelant avec Brière en début de saison, il s'est peut-être imposé une pression supplémentaire en se disant qu'il devait faire produire son nouveau coéquipier. Et comme ça ne fonctionne pas, la confiance s'est effritée et c'est la raison pour laquelle il se débarrasse de la rondelle plus rapidement.

Le succès des jeunes joueurs se fait aussi au détriment du temps de glace des plus âgés et c'est normal. Therrien va utiliser davantage ses jeunes qui répondent bien depuis le début de la campagne. En se fiant au schéma de trios à l'entraînement lundi, Desharnais sera utilisé sur la troisième ligne et si les choses ne s'améliorent pas, il pourrait se retrouver sur la quatrième parce que les joueurs étiquetés offensifs comme lui se doivent de produire.

Analyse par séquence

En début de saison, un entraîneur fonctionne par séquence de cinq parties pour analyser son équipe. Plus tard dans l'année, ça peut monter à dix matchs. Les entraîneurs mettent l'emphase sur les premiers matchs de la saison qui sont tellement importants, car toutes les équipes essaient d'éviter les périodes creuses pour commencer parce qu'il est tellement difficile de remonter la pente par la suite.

Therrien n'a pas attendu cinq parties. Dès la troisième rencontre, il a remodelé ses trios et on a senti un regain d'énergie contre Edmonton et Vancouver.

J'ai beaucoup aimé que Therrien jumelle P.K. Subban à Andrei Markov, deux joueurs qui vont très bien ensemble. Quand Subban était jumelé à Josh Gorges, on mettrait trop de pression sur le gagnant du trophée Norris. Comme Gorges n'a pas les habiletés offensives nécessaires pour jouer avec Subban, il avait du mal à suivre le rythme.

C'est la même chose chez les Sénateurs d'Ottawa où on a jumelé Erik Karlsson à Chris Phillips. Ce dernier est trop lent pour jouer avec Karlsson. Comme Phillips n'est pas capable de relancer l'attaque, la pression revient à son coéquipier à la ligne bleue. Comme à Montréal, ça ne fonctionne pas.

Maintenant que Subban joue avec Markov, ce n'est plus la même chose parce que le Russe peut suivre son comparse, relancer l'attaque et créer des choses.

*propos recueillis par Robert Latendresse