À moins de deux semaines de la date limite des transactions dans la LNH, la question qui brûle les lèvres à Montréal est : quel chemin empruntera le directeur général du Canadien, Marc Bergevin?

 

Sera-t-il tenté de donner de l’espoir à court terme à l’édition actuelle pour maintenir une certaine motivation dans cette lutte sans fin pour une place en séries éliminatoires? Ou procédera-t-il plutôt selon le « livre de gestion hockey 101 » et ainsi se défaire de certains joueurs qui bénéficieront de l’autonomie complète pour regarnir sa banque d’espoirs « potentiels » – et je dis bien « potentiels » – pour les années futures?

 

Combien faut-il de choix au repêchage pour une organisation professionnelle désirant rebâtir sur des bases solides? Est-ce le nombre ou la qualité? Chose certaine, il faut faire les bons choix le moment venu.

 

Le CH compte actuellement sur neuf sélections dans les cinq premières rondes de la prochaine séance de repêchage à Montréal, en juin prochain, et de sept autres dans les cinq premières rondes pour la séance de 2021.

 

Accaparer la tribune et vouloir prendre le plancher lors de la prochaine séance de sélection à Montréal est une chose, mais de ne pas trop s’éloigner du moment présent doit aussi faire partie des défis et de l’équation de l’organisation du Tricolore. Nourrir l’amateur, le client payeur, et le laisser vivre certaines émotions du moment comme samedi soir dernier, représentent les meilleurs vendeurs pour une franchise de sport professionnel.

 

Au moment de faire des choix, sortir des sentiers battus, aller là où certains autres ne vont pas nécessairement n’est pas un défaut, mais une qualité qui demande qu'on soit prêt à « oser » et faire preuve d’audace face à l’adversité. Il faut faire davantage confiance à son instinct, là où le mot « intangible » représente une partie du casse-tête à l’heure des décisions.

 

Bergevin répètera-t-il l’exercice de février 2018 en prônant la piste du rafistolage ou suivra-t-il son propre instinct au-delà des mathématiques qui exigent une récolte de 96-98 points pour accéder aux prochaines séries éliminatoires? Il ne faut pas oublier que l’an dernier, dans l’association de l’Ouest, 90 points ont suffi à l’Avalanche du Colorado et 93 points aux Stars de Dallas et aux Golden Knights de Vegas pour participer à cette danse du printemps!

 

Avec encore 25 parties à disputer au calendrier et 50 points disponibles sur la table, dont 14 parties sur la route, là où le CH présente une intéressante fiche de 14-9-3, tout est encore possible, non?

 

Or, dans une « business » où l’on doit apprendre à gérer ses propres émotions et non le contraire, savoir dire non ou oui, et se positionner par rapport aux différentes sollicitations de certains confrères de travail ailleurs dans la LNH dans la gestion de l’offre et la demande ne s’annonce pas nécessairement chose facile pour le DG du Canadien. Un message qui risque toutefois d’être porteur et/ou lourd de conséquences dans le vestiaire de son équipe pour la suite des choses.

 

Un vestiaire qui, par la présence de résultats positifs au cours des dernières semaines, semble vouloir forcer la main de Bergevin dans cette période de réflexion. On pense ici surtout à ceux qui ne demandent que de gagner ici et maintenant, comme Carey Price, qui représente un des meilleurs gardiens de but de sa profession, et qui affiche des statistiques très intéressantes depuis quelques semaines.

 

La fin de saison 2018 a vu s’installer une culture de défaitisme et de désintérêt entre les quatre murs du vestiaire de la Sainte-Flanelle. L’indifférence et le laisser-aller se sont installés à la vitesse de l’éclair, ce qui a forcé le DG à procéder à des changements majeurs lors de l’été 2018, question de donner un coup de barre dans le changement de culture de l’organisation.

 

Le calme avant la tempête?

 

Malheureusement, il est difficile d’adhérer à cette théorie du calme avant la tempête pour la période en cours. Que ce soit en raison du fait que plusieurs équipes du circuit Bettman demeurent toujours au plus fort de la course pour une place en séries éliminatoires ou du fait que le marché se veut moins attrayant que lors des dernières années.

 

Une question d’offre et de demande et un effet rareté pourraient peut-être avantager certaines équipes vendeuses d’ici la date limite du 24 février prochain.

 

Dans un milieu carburant aux différentes rumeurs fondées, ou non, il faudrait faire attention au piège du « selon mes sources ».

 

Les prochains jours devraient donner le ton et dicter la suite des choses sur les différents mouvements de personnel d’ici la date butoir. Dans ce marché en ébullition, la quête de renfort à la hauteur de la ligne bleue et de profondeur pour certaines formations aspirantes aux grands honneurs risque de faire partie des priorités.

 

On risque aussi de voir certaines formations tenter, dans un ultime recours, d’en venir à des ententes avec certains de leurs joueurs autonomes sans compensation au 1er juillet prochain. On risque aussi de voir certaines autres formations, dépendamment des résultats des 10 prochains, changer de position, dans un sens comme dans l’autre.

 

Il est clair que certaines équipes voudront s’inspirer des succès des Blues de St Louis de la saison précédente, eux qui ont remporté les grands honneurs après être partis de loin, très loin.

 

Chez les Sénateurs d’Ottawa, le mot « vendeur » accapare le plancher depuis belle lurette, ce qui est d’ailleurs le cas pour une 3e saison consécutive. On pense notamment aux dossiers de certains produits locaux, dont Jean-Gabriel Pageau et Mark Borowieki, mais aussi de certains autres joueurs qui pourraient répondre aux besoins de quelques formations du circuit, à court terme du moins.

 

Or, profitant de plusieurs choix au repêchage pour les saisons à venir, dont cinq dans les deux premières rondes en 2020 et quatre dans les deux premières rondes en 2021, où tracera-t-on la ligne chez les hauts dirigeants des Sénateurs?

 

C’est une tâche très complexe que celle de repêcher, développer et ensuite faire cheminer un athlète afin de le faire évoluer sur une base permanente dans la LNH.

 

C’est encore plus difficile lorsqu’on sait que le repêchage ne représente pas nécessairement une science exacte. Or, certains décideurs voudront certainement profiter du nombre de choix qu’ils ont afin de tenter de camoufler certaines mauvaises sélections du passé!