BROSSARD – Ils sont peu nombreux à pouvoir regarder Michael McCarron droit dans les yeux. Le choix de première ronde en 2013 avait une tête de plus que plusieurs de ses confrères cette semaine au camp de perfectionnement du Canadien.

Mais pas très loin derrière lui, il y avait Brett Lernout.

Du haut de ses 6 pieds 4 pouces, Lernout est le plus imposant des 13 défenseurs qui ont passé les derniers jours à Brossard. Il est grand, il est gros et pour dire vrai, il fait un peu peur. Et c’est parce qu’il sait soutirer le maximum de ces atouts que le Tricolore en a fait le 73e choix du repêchage l’été dernier.

Lernout vient de traverser une année charnière pour la suite de sa carrière. En l’espace de douze mois, il a été repêché, a vu sa charge de travail doubler avec son club junior, a signé son premier contrat, a vécu son baptême chez les pros et s’est même trempé le bout des orteils dans les eaux de la Ligue nationale. Pas si mal pour un gars en qui certains doutaient de la pertinence d’investir un choix de troisième ronde.

L’avenir de Lernout serait probablement déjà assuré s’il avait été payé à la minute cet hiver. « L’un de nos défenseurs, Dillon Heatherington, est parti au Championnat mondial junior et quand il est revenu, il s’est fracturé un doigt. On s’est pratiquement retrouvés à cinq arrières, alors je me suis retrouvé à faire la rotation au sein des différentes paires. J’ai bien dû jouer 35 minutes par soir », raconte le colosse de Winnipeg, qui vient de finir sa deuxième saison complète avec les Broncos de Swift Current dans la Ligue junior de l’Ouest.

Les effets de cette promotion improvisée sont visibles dans les statistiques du bonhomme. Sa fiche personnelle lui donnait 22 points et 103 minutes de pénalité à 18 ans. L’année suivante, il a récolté 42 points et passé seulement 68 minutes au cachot.

« On avait besoin de moi sur la glace, alors j’ai essayé de rester loin du banc de punition et de mettre la pédale douce sur la bataille », confirme le robuste Manitobain, qui n’a livré que quatre combats en 2014-15 comparativement à onze l’année précédente.

Lernout, bien sûr, ne s’est jamais plaint de son utilisation accrue et promet qu’il avait encore de l’essence dans le réservoir quand sa saison a pris fin. Mais le directeur du développement des joueurs du Canadien, Martin Lapointe, ne voit pas que du positif dans l’énorme mandat qui a été confié à son jeune protégé.

« Brett connaît son rôle, mais je ne pense pas qu’il a eu l’occasion de le remplir à Swift Current. C’est un gars qui va devoir utiliser son gabarit et être plus physique. Mais tu ne peux pas demander à un jeune qui passe 40 minutes par match sur la patinoire de répondre à tous les critères qu’un entraîneur recherche », excuse Lapointe.

« C’est vrai que je me suis éloigné de mon pain et mon beurre, concède Lernout. Même si je me considère en bonne condition physique, c’est exigeant de jouer autant. Ça n’empêche pas d’être physique, mais ça demande beaucoup plus d’effort. Mais je ne regrette rien. Je devais jouer et je l’ai fait. »

« Je crois qu’il comprend, qu’il sait ce que sera son rôle avec nous, ajoute Lapointe. Il ne jouera pas autant dans la Ligue américaine, donc ça va être plus facile pour lui de s’en tenir à son style de jeu. »

Déjà habitué à Montréal

Le Canadien a dû aimer ce qu’il a vu de Lernout parce qu’après lui avoir consenti un premier contrat d’une durée de trois ans en décembre, il l’a invité à rejoindre son club-école dès que les Broncos ont été balayés par les Pats de Regina au premier tour des séries. Le grand défenseur a joué six matchs avec les Bulldogs, puis comme s’il n’avait pas assez de hockey dans le corps, il a été l’un des six Black Aces invités à Montréal pour s’entraîner en marge du grand club pendant que celui-ci poursuivant son propre parcours éliminatoire.

« J’ai été surpris quand on me l’a annoncé. Jamais je n’aurais pensé ça possible, mais j’étais très content. J’ai l’impression que je me suis amélioré dans le peu de temps que j’ai passé ici », estime-t-il.

L’occasion était belle de passer un peu de temps avec Darren Dietz, un vétéran de deux saisons avec les Bulldogs. À Brossard cette semaine, la paire a été réunie avec Mac Bennett, l’autre défenseur présent au camp qui possède du millage au compteur dans la LAH.

« Ils m’ont vraiment pris sous leur aile quand je suis arrivé à Hamilton, apprécie Lernout. Ils étaient toujours calmes avec moi et ce n’était jamais un drame quand je faisais une gaffe. Ils ont été bons avec moi et avec le temps, on est devenus de bons amis. »

Swift Current accueillerait Lernout à bras ouverts comme joueur de 20 ans la saison prochaine, mais celui-ci a d’autres projets en tête. À l’automne, il se rendra au camp d’entraînement des IceCaps de St. John’s, la nouvelle filiale du Canadien, avec la ferme intention d’y rester.