MONTRÉAL - Lorsque le Canadien a réclamé Samuel Montembeault au ballottage avant le début de la saison, Marc Bergevin et les membres de son état-major n’avaient pas la moindre idée s’il allait disputer ne serait-ce qu’un match devant la cage du Tricolore.

 

Offert à tous les clubs de la LNH par les Panthers qui avaient un trop-plein de gardiens, Montembeault représentait la police d’assurance que le DG de l’époque recherchait. Une police d’assurance dont le Canadien avait alors besoin en raison des performances ordinaires, et même presque inquiétantes, de Cayden Primeau lors du camp d’entraînement et des matchs préparatoires.

 

Rappelez-vous : les nouvelles associées au retour de Carey Price étaient alors positives. La convalescence du gardien qui avait mené le Canadien en finale de la coupe Stanley suivait le cours prévu.

 

Jake Allen allait amorcer le calendrier régulier, mais les médecins étaient convaincus que Price serait en mesure de reprendre le travail après avoir suivi les premiers dix matchs à la télé ou du haut de la galerie de presse. Le 2 novembre, dans le cadre de la deuxième visite des Red Wings de Detroit au Centre Bell, au retour de la tournée annuelle du Canadien dans l’Ouest américain, était encerclée sur le calendrier.

 

Si la tendance de l’époque se maintenait, Price allait amorcer le 11e match de la saison. Soumis au ballottage par les Panthers quelques semaines plus tôt, Samuel Montembeault allait s’y retrouver à nouveau et le Canadien était prêt à le perdre.

 

On sait tous que la tendance ne s’est pas maintenue. Au contraire! Elle a été totalement renversée.

 

Non seulement Price a demandé l’aide de la LNH et de l’Association des joueurs pour l’aider à composer avec des ennuis hors glace qui minaient sa santé physique et mentale, mais après les 30 jours passés en cure fermée, le gardien a composé à nouveau avec des contrecoups de l’opération subie l’été dernier.

 

Samedi, à Denver, le Canadien disputera le 40e match de la saison et rien ni personne n’est en mesure de spéculer sur la date du prochain match que disputera Carey Price dans l’uniforme du Canadien.

 

Ou dans celui d’une autre formation.

 

Voilà qu’en plus de l’absence de Price, le Canadien devra se débrouiller sans Jake Allen qui ratera les huit prochaines semaines. Blessé à une jambe, au genou ou à une cheville – le Canadien se limite encore à parler du bas du corps, malgré les promesses de changement associées à l’embauche de sa nouvelle vice-présidente aux communications Chantale Machabée – le 12 janvier dernier, à Boston, lors du premier d’une séquence de sept matchs consécutifs sur la route que le Tricolore complétera lundi au Minnesota, ratera donc les 15 prochains matchs de l’équipe.

 

En plus de priver le Canadien de celui qui remplissait, avec succès, le rôle de numéro un en relève à Carey Price, cette absence et les doutes associés aux contrecoups associés à la blessure pourraient écarter Jake Allen de la liste des gardiens qui seront courtisés par les équipes qui doivent s’améliorer d’ici la date limite des transactions : le 21 mars.

 

Acquis comme police d’assurance le 2 octobre dernier, voilà donc Samuel Montembeault campé dans le rôle de gardien numéro un du Canadien.

 

Un rôle bien ingrat considérant tous les ennuis qui minent cette équipe cette saison.

 

Un rôle que Montembeault a relevé de brillante façon lors des deux derniers matchs.

 

Avec ses 49 arrêts dans un revers (4-3) encaissé, en prolongation, jeudi, à Vegas, et les 48 arrêts effectués la veille, à Dallas, dans une victoire de 5-3, Montembeault est devenu le premier gardien de l’histoire du Canadien à connaître deux matchs consécutifs de 48 arrêts et plus. C’était d’ailleurs la première fois de l’histoire du Canadien qu’il accordait plus de 50 tirs (53 à Vegas et 51 à Dallas) dans deux matchs consécutifs.

 

Ce n’est pas rien.

 

Surtout qu’en plus d’avoir à multiplier ces arrêts, Montembeault a été étourdi par les poussées en séries des Golden Knights (90) et des Stars (112) qui ont décoché un total de 202 tirs en direction de son filet.

 

C’est énorme. C’est même démesuré.

 

Après 11 départs et 16 participations à des matchs du Tricolore, Samuel Montembeault présente un dossier de deux victoires et dix revers dont quatre encaissés en prolongation.

 

Malgré ses succès des derniers matchs, le gardien québécois affiche une moyenne généreuse de 3,73 buts accordés par partie et une efficacité ordinaire de 90,4 %.

 

Ces statistiques sont insuffisantes pour hisser Montembeault au sein de la liste des gardiens qui seront courtisés d’ici la date limite des transactions.

 

Du moins pour l’instant.

 

Car avec le retour en santé de quelques joueurs clefs – Tyler Toffoli et Josh Anderson – le retour prochain de Paul Byron et surtout le retour de l’équipe au Centre Bell où le Canadien joue mieux que sur la route – les trois prochains matchs seront sans doute disputés à huis clos – Samuel Montembeault aura l’occasion de prouver que les succès «historiques» de ses deux dernières sorties ne sont pas que le fruit du hasard.

 

Et qui sait : s’il maintient la cadence, s’il démontre aux formations en cruel manque d’un gardien capable d’effectuer des arrêts – allo les Oilers d’Edmonton ! – qu’il peut représenter une solution à court terme intéressante et surtout à bon prix – le gardien commande un salaire de 750 000 $ et il deviendra joueur autonome avec compensations l’été prochain – peut-être que Samuel Montembeault pourrait devenir une monnaie d’échange pour le nouveau directeur général Kent Hughes.

 

Pas le genre de monnaie d’échange qui permettrait au Canadien de toucher le gros lot. Ça non. Mais une monnaie d’échange quand même.

 

À moins que le nouveau patron soit tellement impressionné qu’il décide de faire de Montembeault qui, à 25 ans, affiche 40 matchs d’expérience seulement dans la LNH, le gardien auxiliaire dont son équipe aura besoin de toute façon encore l’an prochain. Peu importe l’identité du numéro.

 

Pas mal pour un gars acquis comme police d’assurance au ballottage.