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RÉSULTATS

De son salon au banc du Canadien

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MONTRÉAL – Patrick Chèvrefils est policier au SPVM dans sa vraie vie.

Mais dans une de ses vies parallèles – il a aussi déjà été lutteur – Patrick Chèvrefils est le gardien d'urgence embauché par la LNH pour venir à la rescousse du Canadien, ou d'un club visiteur, dans l'éventualité où l'un de leurs gardiens serait contraint de déclarer forfait en raison d'une blessure.

Comme l'exige la LNH, Chèvrefils suit de la galerie de presse – il est toujours assis derrière le filet défendu par le Canadien en première et troisième périodes – les 41 matchs à domicile du Tricolore pendant la saison régulière.

En séries, parce que les équipes comptent souvent sur des réservistes puisqu'il n'y a plus de limite de joueurs (23) ou de plafond salarial à respecter, le gardien d'urgence n'a pas à être présent au Centre Bell.

C'est donc dans le salon de sa résidence de Mercier, sur la Rive-Sud, que Patrick Chèvrefils suivait le match de vendredi. Le troisième de la série opposant le Canadien aux Capitals de Washington.

Lorsque Samuel Montembeault, blessé en début de deuxième période, s'est amené au banc à mi-chemin de l'engagement pour dire qu'il ne pouvait plus continuer et que Jakub Dobes s'est préparé à lui venir en relève, un SOS a été lancé à Chèvrefils. Sauf qu'au lieu d'avoir à prendre un ascenseur et descendre huit étages pour aller récupérer son sac d'équipements et enfiler celui-ci en quatrième vitesse, Chèvrefils a dû sauter dans sa voiture.

« J'ai dû ramasser mon équipement et le mettre dans ma poche avant de partir. Je ne m'attendais pas du tout à recevoir cet appel », que le gardien a raconté au RDS.ca en sortant tranquillement d'un Centre Bell où il était arrivé en coup de vent à peine deux heures plus tôt.

Il faut dire qu'il est un peu surprenant de voir que le Canadien n'avait pas sa propre police d'assurance en matière de gardien d'urgence au Centre Bell.

Comme les Capitals qui comptaient sur l'un de leurs gardiens du club-école, Clay Stevenson qui a d'ailleurs enfilé l'équipement lorsque Logan Thompson – renversé par son coéquipier Dylan Strome sur le cinquième but du Canadien – a été remplacé par son adjoint Charlie Lindgren, le Tricolore aurait pu compter sur Cayden Primeau. Plusieurs joueurs du Rocket de Laval assistaient d'ailleurs au match de vendredi.

Jacob Fowler n'aurait pas pu remplir ce rôle, car il a signé un contrat qui le confine à la Ligue américaine. Mais Primeau n'était pas disponible. D'où l'appel d'urgence logé à Patrick Chèvrefils.

Le 19 janvier 2023, Chèvrefils avait endossé l'uniforme des Panthers de la Floride qui faisaient escale au Centre Bell. Sergeï Bobrovsky avait été blessé, et le policier venu à la rescousse, avait secondé Alex Lyon. Resté loin de la patinoire, il avait passé un entracte avec ses coéquipiers d'un soir dans le vestiaire des Panthers.

Vendredi, Patrick Chèvrefils a non seulement enfilé l'uniforme du Canadien avec le numéro 96, mais il s'est retrouvé au banc du Tricolore.

À sa grande surprise.

« Je me suis habillé dans le petit vestiaire qui est à ma disposition près du grand vestiaire occupé par le club visiteur. Une fois prêt, j'ai fait le tour de la patinoire par les corridors sous les gradins. Quand je suis arrivé à la hauteur du tunnel menant au banc, on m'a fait signe d'y aller. Je ne savais pas trop quoi faire, parce qu'on m'a toujours dit que les règles m'obligeaient à rester au vestiaire. Mais comme on m'a indiqué d'y aller, je m'y suis rendu. Ça m'a donné la chance de m'asseoir au banc, d'être près de la patinoire. Près de l'action », que le gardien d'urgence a défilé avec une satisfaction évidente.

Après quelques minutes passées au banc, Chevrefils a toutefois dû retraiter au vestiaire, comme le stipule le règlement.

Mais il a eu son moment de gloire alors qu'il s'est retrouvé en gros plan dans les téléviseurs de tous les amateurs qui suivaient le match au Québec, au Canada et aux États-Unis, particulièrement dans la région de la capitale américaine.

« Ça va me faire une deuxième expérience à raconter... en attendant la fois où je me rendrai sur la patinoire pour être un "vrai" gardien », a-t-il terminé en quittant le Centre Bell avec son sac sur une épaule, ses jambières sur l'autre et ses bâtons entrecroisés dans ses bras.