SAN JOSE - Le Canadien a frappé un mur lundi soir à San Jose. Non seulement s’est-il incliné 6-2, mais le score final n’indique pas assez à quel point le duel opposant le Tricolore aux Sharks était inégal : inégal en fait de talent brut; inégal en fait d’expérience; inégal en fait de taille; inégal un point c’est tout.

Il faudra s’y faire. Car maintenant que le couperet est tombé sur les transactions dans la LNH, le temps est venu pour le Canadien d’effectuer des expériences avec ses jeunes.

Il est aussi grand temps d’effectuer des évaluations plus serrées de la réelle valeur des vétérans autour desquels on entend bâtir une équipe solide. Et ce n’est pas quand les choses sont au beau fixe qu’on obtient la vraie valeur d’un joueur. C’est quand les choses vont mal et que le joueur doit puiser plus profondément dans sa réserve de fierté pour garder la tête hors de l’eau.

Mais lundi soir, les Sharks ont noyé le Canadien. Ils ont dominé les batailles le long des rampes, ils sont entrés, sortis et entrés de nouveau dans l’enclave sans que personne chez le Canadien ne leur complique la tâche. Ils ont morcelé la défensive du Canadien avant de tirer les restes vers le fond pour signer une neuvième victoire lors des neuf dernières escales du Tricolore à San Jose.

Blanchi 4-0 lors de ses deux dernières visites, le Canadien aura au moins réussi à marquer cette fois. Brendan Gallagher et Torrey Mitchell ont enfilé ces buts. De buts un peu chanceux de Gallagher sur un tir anodin du coin de la patinoire et aussi de Mitchell qui a redirigé au vol un tir sans grande vigueur de Paul Byron. Mais des buts quand même…

Des jeunes débordés

Comme il fallait un brin ou deux s’y attendre face à un adversaire aussi redoutable, les jeunes du Tricolore en ont eu plein les patins. Solides contre des joueurs de leur niveau, samedi soir dernier face aux Maple Leafs, Phillip Danault, Jacob De La Rose et Paul Byron en ont beaucoup arraché.

Michael McCarron a été à même de voir à quel point, en dépit de sa taille, il a encore des croûtes à manger pour rivaliser avec de vrais joueurs de la grande ligue. Même chose pour Victor Bartley qui a connu une soirée difficile à la ligne bleue. Le genre de soirée qui explique pourquoi il était dans la Ligue américaine lorsque le Canadien l’a obtenu.

Le rouleau compresseur des Sharks

« Toute notre défensive a connu une soirée difficile », a reconnu bien calmement Michel Therrien après la rencontre.

Un Michel Therrien qui semblait résigné. Surtout qu’il est le premier à savoir que le duel qui l’attend à Anaheim mercredi et celui du lendemain à Los Angeles face aux Kings seront aussi difficiles que celui de lundi face aux Sharks. Peut-être davantage.

« Ça va arriver des matchs comme ce soir d’ici la fin de l’année. On est une très jeune équipe et ce sera parfois difficile défensivement. On en a eu la preuve ce soir. Collectivement, on a eu de la difficulté à s’impliquer pour rivaliser avec un club qui était meilleur. Les Sharks forment un très gros club de hockey », philosophait Therrien.

Parce que l’état-major tient à mettre au défi ses jeunes joueurs, Michael McCarron a obtenu du temps en avantage numérique en fin de match. Pas une éternité, mais une bonne présence. Comme si on voulait lui passer le message qu’il pouvait se donner à fond, même si cela devait le pousser à l’erreur, sans pour autant qu’il voit son temps d’utilisation fondre sous le soleil… de la Californie ou d’ailleurs.

Espérons que cela durera. Même chose pour Phillip Danault. Quant à Jacob De La Rose qui doit composer avec la perte de son poste de centre en raison des entrées en scène de Danault et McCarron, il devra trouver une façon de s’imposer à l’aile, car son différentiel de moins-4 lui a fait perdre sa place au sein du troisième trio en cours de partie. Rien d’alarmant toutefois considérant la grande disparité entre les deux clubs lundi soir.

Brown : c’est l’heure de dire au revoir

« Les Sharks ont été supérieurs, aussi simple que ça »

Après une première période au cours de laquelle il a montré courage, énergie, caractère face à son ancien club, Mike Brown est devenu plus discret au cours des deux dernières périodes. Son meilleur moment de la soirée s’est déroulé lors d’un arrêt de jeu alors que les Sharks ont salué son séjour avec eux dès son premier match dans l’uniforme d’une équipe adverse.

Un beau geste qui a valu au vétéran de 30 ans que le Canadien a « ramassé » au ballottage lundi midi une ovation polie et une occasion de saluer la foule du SAP Center. Une foule qu’il ne reverra pas cette saison. Une foule qu’il ne reverra peut-être pas avant longtemps.

En passant, lorsque Marc Bergevin a été questionné sur les motifs qui l’avaient incité à réclamer Mike Brown au ballottage au lieu de lancer un appel à l’aide au géant John Scott qui évolue au sein même de son club-école, le DG du Tricolore a simplement répondu que Brown avait plus d’aptitudes que Scott pour évoluer dans la LNH, dont un meilleur coup de patin.

Le Jumbo Joe des beaux jours

Quant aux gros joueurs du Canadien, ils ont bien tenté de rivaliser. Mais ils n’ont pas été en mesure de maintenir le rythme de leurs adversaires. Et ce, même si les Sharks disputaient un deuxième match en deux soirs, et que c’est à Vancouver et non à San Jose qu’ils jouaient dimanche.

Ça vous donne une idée de la grande inégalité entre les deux équipes. Au-delà les deux buts chanceux de son équipe, Alex Galchenyuk s’est fait voler un but par Martin Jones qui a signé sa 31e victoire de l’année. Le gardien des Sharks a étendu la jambière gauche pour voler un 18e but à Galchenyuk qui a été frustré sur la meilleure occasion de marquer de la soirée pour le Tricolore.

ContentId(3.1174956):LNH: Le Canadien s'écroule à San Jose
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Malgré la fatigue d’un deuxième match en deux jours, Joe Thornton s’est payé une soirée de trois points. Jumbo Joe a amorcé le match avec un but marqué en fonçant droit sur Mike Condon.

Jumbo Joe a ensuite offert des buts à Petit Joe Pavelski qui a reçu une passe parfaite dans l’enclave et à Brent Burns. Melker Karlsson, Nick Spaling et encore Joe Pavelski (son 29e de la saison) ont complété. Thornton et Burns (1 but, 2 passes) et Pavelski (2 buts, 1 passe) ont tous connu une soirée de trois points.

En passant, Thornton a maintenant quatre soirées de trois points ou plus – il a connu un match de deux buts et deux passes – cette saison. Mieux encore, lors des 33 derniers matchs des Sharks, le vieux Thornton a récolté au moins un point dans 29 parties. Ses 11 buts et 44 points amassés lors des cette séquence en font le meilleur marqueur de la LNH depuis le 15 décembre dernier.

Tout ça malgré ses 36 ans et une longue barbe qui donne l’impression qu’il en a le double.

Pendant que le Canadien périclite après son excellent début de saison, les Sharks, comme leur leader Thornton, suivent un parcours inverse. Confinés au 6e rang de la division Pacifique et 13es dans l’Association Ouest en date du 9 janvier dernier alors qu’ils présentaient un dossier de 18-18-2, ils affichent depuis cette date un dossier 16-4-4. Un dossier qui a propulsé San Jose au 2e rang de la LNH pour leur récolte de points (36) au cours de cette période et au tout 1er avec un total de 84 buts marqués.

30 Min. Chrono : Bergevin a encore du pain sur la planche